mercredi 5 juillet 2023

Meurtre Parfait (Make Me a Perfect Murder) de James Frawley (1978) 🚬 🚬 🚬 🚬

 


 

L'humiliation... ce sentiment qui pousse à la vengeance après une période plus ou moins longue durant laquelle notre état d'esprit est proche du néant, déchiré par la honte puis la rancœur. Elle est l'un des ciments du troisième épisode de la septième saison de Columbo. Réalisé par James Frawley qui rien que pour cette dernière sera l'auteur de trois épisodes, Meurtre parfait (Make Me a Perfect Murder) est en partie basé sur le concept d'offense, comme le sera partiellement mais sans doute encore davantage l'épisode intitulé Fantasmes de la huitième saison où la meurtrière devait subir les railleries de son amant découvert au lit avec une autre femme. Ou bien plus tard encore, lors du premier des deux seuls épisodes de la treizième saison Le meurtre aux deux visages dans lequel une femme découvrait là aussi que son amant couchait avec une autre. Qui de plus, se révélait être sa propre fille ! Double humiliation avec, pour résultat, toujours la même méthode consistant à se débarrasser du mécréant en l'assassinant ! Mais pour revenir à Meurtre parfait, celui-ci s'intéresse à Kay Freestone, la maîtresse du directeur de la chaîne de télévision CNC. Lequel obtient une promotion lui permettant en outre d'aller s'installer à New York. Kay, son assistante de post-production, pense voir s'ouvrir devant elle l'opportunité de prendre la place de son amant Mark McAndrews. Mais contre toute attente, celui-ci refuse, arguant qu'elle est la meilleure dans sa catégorie et que le poste de directrice de la chaîne n'est donc pas envisageable. Un affront que l'homme paiera de sa vie lors de la projection d'un téléfilm servant d'alibi à Kay Freestone. En effet, alors que le projectionniste quitte la salle de projection, laissant la jeune femme se charger du changement à venir de bobine, celle-ci quitte aussi discrètement que précipitamment la salle à son tour afin de se rendre dans le bureau de Mark pour le tuer. Le meurtre accompli, Kay remonte à l'étage et reprend sa place dans la salle de projection avant que le projectionniste ne réapparaisse. Si comme le titre l'indique, le meurtre semble en effet parfait, il suffira d'un gant pour que le lieutenant Columbo suspecte Kay Freestone. Ce même gant qui trahit quelques années en arrière l’assassin de l'excellent épisode Eaux troubles. Un tueur incarné par le génial Robert Vaughn qui déjà, employait une méthode similaire en se faisant passer pour malade et ainsi accueillir à l'infirmerie d'un luxueux bateau de croisière. Allongé dans l'un des lits, il se débrouilla pour disparaître de la chambre le temps de descendre jusqu'à la loge de celle qui le faisait chanter afin de l'assassiner avant de reprendre sa place dans le lit de l'infirmerie !


Mais alors que Hayden Danzinger cherchait surtout à cacher sa liaison avec celle qui allait devenir sa victime (l'homme ne pouvant pas se passer de la fortune de son épouse Sylvia incarnée par l'actrice Jane Greer), les raisons qu'invoque Meurtre parfait sont déjà nettement plus troubles. Voire même discutables si tant est que certains meurtres se justifient plus que d'autres. L'on retrouve parmi les seconds rôle, l'acteur récurrent Bruce Kirby qui incarna à six reprises le sergent George Kramer mais qui dans le cas présent interprète le personnage du réparateur de télévisions. Outre la présence de l'inusable Peter Falk, cet épisode est surtout porté par l'excellente Trish Van Devere qui comme son nom ne l'indique pas forcément est une actrice américaine née le 9 mars 1941 à Englewood Cliffs, dans le New Jersey. Elle fut l'épouse durant de longues années de l'acteur George C. Scott avec lequel elle partagera la vedette de l'un des plus terrifiants longs-métrages sur le thème des maisons hantées, L'enfant du Diable (ou The Changeling) de Peter Medak en 1979, lequel renvoyait la plupart des films traitant de ce sujet au rang de contes pour enfants. Dans cet épisode débutant par un accident de voiture mettant en scène le lieutenant qui du coup sera contraint de porter une minerve durant une partie de l'intrigue, le personnage de Kay Freestone est assez particulier puisque parmi les soixante-neuf épisodes et quatre-vingt douze meurtres qui en découlèrent, celui-ci demeure l'un des plus difficiles à concevoir moralement dans le sens où rien ou presque ne le justifie sinon l'humiliation évoquée au début de cet article. L'un des attraits principaux de Meurtre parfait réside également dans le suspens quasi insoutenable que James Frawley (qui est également l'auteur du scénario aux côtés de Robert Blees) maintient lors de la commission du meurtre. Entre les secondes qui s'égrènent au rythme d'un compteur diffusé par les écouteurs directement enfoncées dans les oreilles de la meurtrière et la présence inopinée d'un gardien lors du retour dans la salle de projection, la séquences est millimétrée afin de tenir le spectateur en haleine. Tout comme le sera celle de la récupération de l'arme dans le plafond de la cage d'ascenseur et que l'on devine très rapidement être un piège tendu par notre lieutenant de police préféré. James Frawlay réalisait là, l'un des meilleurs épisodes de cette septième saison...

mardi 27 juin 2023

Meurtre à la carte (Murder Under Glass) de Jonathan Demme (1978) 🚬 🚬 🚬

 


 

Dans ce second épisode de la septième saison, le lieutenant Columbo va se frotter au critique gastronomique Paul Gerard qu'interprète l'acteur français Louis Jourdan. Un épisode qui pour notre spécialiste des scènes de crimes sera l'occasion de faire d'excellents repas puisque les nombreux amis de l'homme qui sera assassiné par Paul Gerard étant de grands cuisiniers, ceux-ci prépareront des mets raffinés à l'attention du flic le plus célèbre de la police criminelle de Los Angeles. Des champignons farcis au crabe de Paris jusqu'au caviar, en passant par du foie gras et autre saumon fumé, le lieutenant va s'en mettre plein la panse et même se laisser aller à consommer de l'alcool lors d'un dîner pantagruélique contrairement à ses habitudes. Ce qui ne l'empêchera pas d'enquêter avec la minutie qui le caractérise habituellement. L'intérêt de Meurtre à la carte (Murder Under Glass) réside moins dans la résolution du meurtre que dans la technique employée par le meurtrier afin de tuer sa victime, un certain Vittorio Rossi (l'acteur Michael V. Gazzo) qui fit l'erreur de vouloir dénoncer le comportement de Paul Gerard auquel de grands restaurateurs acceptent de verser des pots de vin contre de bonnes notes accordées à leur établissement. Toute la difficulté pour le lieutenant Columbo va être de découvrir par quel moyen le critique gastronomique a mis le poison dans le vin qu'a absorbé la victime tout juste après que Paul Gerard l'ait quitté lors d'un dîner à la suite d'une dispute. En effet, c'est la victime qui demanda à son neveu Mario Delucca (l'acteur Antony Alda) de lui apporter la bouteille incriminée de sa cave personnelle. Bouteille qu'il ouvrit d'ailleurs lui-même et donc sans la présence du suspect ! Meurtre à la carte évoque l'utilisation d'un procédé relativement original auquel sera adjoint un poison. Une arme dont feront usage d'autres criminels auxquels se frottera durant sa carrière le lieutenant Columbo. On pense notamment au dentiste Wesley Corman (l'acteur James Read) de l'épisode Couronne mortuaire (saison neuf, épisode cinq) qui dissimulera de la digitaline dans le plâtre dentaire de l'amant de son épouse ou encore à Wade Anders du second épisode de la dixième saison Attention, le meurtre peut nuire à votre santé dans lequel le meurtrier, un animateur d'émission télévisée à succès, assassinera sa victime, un gros fumeur, en introduisant dans un paquet de cigarettes du sulfate de nicotine qui tuera ce dernier dès les premières bouffées !


En attendant, Paul Gerard étant l'un des rares cuisiniers occidentaux détenteurs du certificat d'état japonais lui permettant de cuisiner le Fugu ou, Poisson-globe, le critique gastronome usera du poison foudroyant appelé tétrodotoxine issu d'un spécimen afin de se débarrasser de Vittorio Rossi. Une mort quasi instantanée à laquelle seul son neveu assistera. Contrairement à Adrien Carsini, le tueur de Quand le vin est tiré avec lequel il entretiendra d'excellents rapports, le lieutenant Columbo et l'assassin maintiennent une entente cordiale cachant mal le peu d'intérêt que se portent en réalité les deux hommes. Une relation à l'image des plats raffinés sortant des grandes cuisines. Lors de l'enterrement de la victime, et contrairement à ce qu'affirme la page Wikipedia (dont on connaît le peu de rigueur qui accompagne parfois certains articles) concernant cet épisode, parmi les anciens amis et collaborateurs de la victime ne se trouve absolument pas l'acteur Joe Pesci. Un détail que confirme d'ailleurs la page IMDB qui lui est consacrée et qui ne mentionne aucunement sa présence dans aucun des épisode de la série. En de rares occasions, l'on peut entendre Columbo/Peter Falk s'exprimer dans la langue italienne dont sont originaires ses deux parents. Comme il le fera d'ailleurs à plusieurs reprises dans d'autres épisodes. Notons la présence de l'actrice Shera Danese dans le rôle de la secrétaire du meurtrier. C'est la seconde fois qu'elle apparaît dans la série qui la verra réapparaître à quatre nouvelles occasions. Notons également que dans le futur épisode Jeux d'ombres, elle incarnera également la secrétaire de l'assassin à la différence de quoi, elle sera au courant de la responsabilité de son patron (Dabney Coleman dans le rôle de l'avocat Hugh Creighton) dans le meurtre de l'amant de sa compagne adultère, Marcy Edwards (Cheryl Paris). Shera Danese ne fut rien moins que l'épouse de Peter Falk qu'elle accepta d'épouser le 7 décembre 1977 et qu'elle accompagna jusqu'au décès de l'acteur survenu le 23 juin 2011. Enfin, et c'est sans doute l'information la plus importante, Meurtre à la carte est réalisé par Jonathan Demme. Oui, l'auteur de Dangereuse sous tous rapports, de Veuve mais pas trop, de Philadelphia mais aussi et surtout du Silence des agneaux...

 

lundi 26 juin 2023

Le mystère de la chambre forte de James Frawley (1977) 🚬 🚬 🚬 🚬

 


 

Le mystère de la chambre forte (épisode n'ayant aucun rapport avec le film éponyme de John Newland sorti en 1965 et pas davantage avec le roman lui-même éponyme et écrit par le journaliste et écrivain français Jean-Marie Stoerkel bien des années plus tard en 2006) pose un certain nombre de questions quant à la psychologie de la meurtrière et de sa victime. En effet, en dehors de l'intrigue elle-même et de l'enquête menant à la confrontation entre le lieutenant Columbo et la meurtrière Abigail Mitchell, le spectateur est amené à se poser des questions quant à la responsabilité de la victime prénommée Edmund (l'acteur Charles Frank) dans la mort de Phyllis, la nièce de la vieille dame. L'enquête bâclée de la police sur le décès tragique de la jeune femme lors d'une ballade en voilier a-t-elle permis à son époux d'échapper à la justice ? Et par conséquent, fut-il réellement coupable de meurtre ? Ou bien Abigail s'est-elle débarrassée d'un innocent dont le ménage prenait l'eau et qu'elle considérait d'un point de vue financier, des plus opportuniste ? Le doute plane autour de la question de culpabilité ou d'innocence. D'autant plus que le réalisateur James Frawley façonne le personnage d'Edmund Galvin de telle manière qu'il apparaisse inoffensif. Presque gêné face à la proposition d'Abigail qui lui indique vouloir faire de lui son légataire universel. Sincère ou manipulateur ? Une double question qui s'impose également face à cette vieille dame qui du haut de ses un mètre cinquante agit elle aussi de manière relativement troublante. Car le mobile est-il réellement synonyme de vengeance ou n'a-t-elle pas tout simplement que l'intention de récupérer les droits d'auteur qu'elle avait concédé à sa nièce et qui désormais sont la propriété de son neveu par alliance ?


Pour revenir à l'affaire qui préoccupe Columbo, quelques indices laissent d'emblée entrevoir la supercherie. Comment, en effet, et cela, le lieutenant l'a immédiatement noté, Edmund a-t-il pu pénétrer dans ce coffre qui s'est transformé à ses dépends en tombeau sans que l'alarme ne se déclenche ? Un détail dont l'importance est considérable puisqu'il permettra à Columbo d’émettre l'hypothèse du meurtre et non plus de l'accident. Interprétée par Ruth Gordon alors âgée de quatre-vingt un ans, Abigail étant une écrivaine spécialisée dans le roman policier, on se dit que l'enquête sera une véritable épreuve pour le lieutenant. Pourtant, malgré la préparation de la meurtrière afin de se constituer un alibi, les erreurs vont se succéder. Comme ces clés enfoncées dans une vasque remplie de sable que la gouvernante va trouver en faisant le ménage (Columbo y a lui-même écrasé l'un de ses cigares malodorants) avant de les remettre à la secrétaire de la vieille dame, Véronica Bryce qu'interprète l'actrice Mariette Hartley. Laquelle va de ce pas faire chanter la vieille dame afin d'obtenir ''certaines facilités''. Une fois encore, Columbo semble être touché par l'histoire personnelle de l'écrivaine dont la nièce est décédée lors d'un tragique ''accident'' de navigation. Ruth Gordon incarne une Abigail touchante et d'apparence fragile mais le lieutenant ne s'en laissera pas compter et mènera l'enquête jusqu'à l'arrestation de la meurtrière. Malgré une carrière débutée en 1915 et ayant atteint son crépuscule en 1987, l'actrice n'aura finalement interprété que quarante-cinq rôles au cinéma et à la télévision. Les fans de Clint Eastwood l'auront notamment reconnue pour avoir interprété par deux fois le personnage de Ma dans le diptyque formé de Doux, dur et dingue de James Fargo en 1978 et de Ça va cogner de Buddy Van Horn deux ans plus tard...


Lors d'une conférence, Columbo tombe dans le ''piège'' tendu par Abigail consistant à monter sur l'estrade afin d'y évoquer son métier et notamment la relation qu'il entretient avec les suspects. Lorsque la culpabilité de la vieille dame est avérée, celle-ci tentera de faire flancher le lieutenant quant à la décision de la faire arrêter. Lorsque l'on connaît le sérieux de Columbo ou lorsque l'on remonte le fil des précédentes saisons et notamment la troisième et son septième épisode Quand le vin est tiré dans lequel Columbo ne pliait absolument pas face au plus touchant des meurtriers (Donald Pleasance dans le rôle d'Adrien Carsini), on sait par avance que les suppliques d'Abigael n'auront aucun effet sur lui. L'occasion se présentera pourtant bien plus tard mais nous reviendrons dessus lorsqu'il sera temps d'évoquer l'épisode en question. Le mystère de la chambre forte se conclu par une résolution des plus astucieuses où, originalité, c'est la victime elle-même qui apportera la preuve de la culpabilité d'Abigail Mitchell...

 

lundi 12 juin 2023

Les surdoués (The Bye-Bye Sky High I.Q. Murder Case) de Sam Wanamaker (1977) 🚬 🚬 🚬

 


 

Curieux épisode que Les surdoués. Le troisième et dernier de cette sixième et très courte saison. Car au delà du duel que se livrent Peter Falk et l'acteur Theodore Bikel qui dans le cas présent incarne l'assassin Oliver Brandt, on pouvait s'attendre à un affrontement de haute volée entre un meurtrier au quotient intellectuel très élevé et l'un des meilleurs officiers de police de Los Angeles. Malheureusement, le rendez-vous n'aura pas vraiment lieu. Car si le scénariste Robert Malcolm Young s'en sort malgré tout avec les honneurs, tirant son script sur la base d'une histoire écrite par Sam Wanamaker, une fois découverts les détournements de fonds qui sont les raisons pour lesquelles Oliver Brandt assassinera son ami Bertie Hastings (l'acteur Sorrell Booke), le spectateur n'aura pas grand chose d'autre à se mettre sous la dent. L'intérêt principal de cet épisode reposera donc sur d'autres attributs que sur l'enquête elle-même. Acteur, scénariste mais également réalisateur, Sam Wanamaker s'est lui-chargé de mettre en scène le lieutenant Columbo dans un club privé réservé à des individus dont le quotient intellectuel doit atteindre au minimum les cent-cinquante. Parmi les personnages secondaires l'on retrouve l'actrice Carol Jones, alors âgée de vingt et un ans mais qui dans le rôle de Caroline Treynor se fait passer pour une surdouée n'étant âgée que de quatorze. Si physiquement la jeune femme fait illusion, le doublage en français s'avère par contre parfaitement bancal. En effet, doublée par l'actrice française Claude Chantal, le timbre de celle qui était chargée de doubler le personnage de Daphné Blake dans le mythique dessin animé Scooby-Doo ne fonctionne absolument pas dans le cas présent. La jeune actrice, et par conséquent le personnage qu'elle interprète, n'est d'ailleurs pas la seule à souffrir de cet état de fait puisqu'une seconde interprète va elle aussi subir les affres d'un doublage assez peu convainquant. L'occasion de revenir d'ailleurs sur la présence de deux autres seconds rôles qui l'un comme l'autre, ou plutôt, l'une comme l'autre, incarneront bientôt des personnages iconiques du cinéma fantastique et d'épouvante...


En effet, au détour d'une séquence l'on verra s'afficher à l'écran l'actrice Jamie Lee Curtis qui l'année suivante en 1978 deviendra l'héroïne pourchassée par un serial killer du nom de Michael Myers dans le film culte de John Carpenter, Halloween. Dans cet épisode, elle incarne une serveuse se montrant assez peu aimable vis à vis de notre lieutenant. Détenant un rôle nettement plus important puisque interprétant l'épouse du meurtrier, Vivian Brandt, l'actrice Samantha Eggar devra quant à elle patienter une année supplémentaire avant de pouvoir incarner en 1979 le personnage de Nola Carveth qui à la suite d'une thérapie expérimentale donnera spontanément naissance à des bébés monstrueux et meurtriers dans le film culte de David Cronenberg, Chromosome 3 ! Bien que l'enquête ne soit pas folichonne, le spectateur notera toute une série d'échanges au ton ironique entre Columbo et Oliver Brandt. Et à ce jeu, c'est bien notre lieutenant qui remporte la victoire. Surtout lorsqu'il assène avec cette fausse modestie qu'on lui connaît, cette phrase : ''Dire qu'me suis entretenu avec les personnes les plus intelligentes du monde sans m'en apercevoir...'' Que faut-il comprendre derrière cette phrase ? Je laisse les néophytes deviner. Quant aux fans, il auront compris très précisément son sens... Après, si Les surdoués n'est très clairement pas l'un des meilleurs épisodes de la série, il faut avouer que Sam Wanamaker sait s'y prendre pour ménager quelques courtes séquences de tension. Comme celle lors de laquelle le tueur s'aperçoit dans le miroir que son front est taché de suie. Cette même suie provenant de la cheminée où il vient de dissimuler l'arme du crime. Tout cela sur fond de pas résonnants au loin mais s'apprêtant faire entrer en scène Columbo. Ou plut tard, lorsque Oilver Brandt tente cette fois-ci de se débarrasser de la dite arme dans un parc alors que Columbo l'interroge de très près... Tout n'est donc pas ici à jeter aux ordures. Le final ? Désolant ! En effet, durant une dizaine de minutes, Columbo ne fait qu'énumérer tous les éléments mis en place par le meurtrier afin de se débarrasser du gênant Bertie Hastings et de se constituer un alibi. En fait, tout ce que l'on découvrait lors du meurtre au début de l'épisode. Il s'agit donc d'une redite qui ne nous en apprendra pas davantage et qui ne nous réservera donc aucune surprise. Une semi-déception pour cette fin de saison réduite à seulement trois épisodes...

 

dimanche 11 juin 2023

Meurtre à l'ancienne (Old Fashioned Murder) de Robert Douglas (1976) 🚬 🚬 🚬 🚬 🚬

 


 

Alors que le premier épisode de cette sixième saison se révélait être un authentique divertissement mêlant la fiction d'un personnage de série policière à l'enquête menée par notre célèbre lieutenant Columbo, le second, Meurtre à l'ancienne (Old Fashioned Murder) devait quant à lui prendre une tournure bien différente. D'une certaine manière, cet épisode réalisé par Robert Douglas dont il s'agira du seul qu'il réalisera parmi les soixante-neuf que compte la série peut être considéré comme la juxtaposition de deux autres épisodes, eux-mêmes antérieurs de quelques années. En effet, dans cette histoire où la famille est l'un des éléments centraux et fondamentaux du récit, l'on retrouve un peu de cet intolérable ascendant que possédait en son temps Bryce Chadwick sur sa sœur Beth et qui poussa cette dernière à se débarrasser de son frère dans Attente, le cinquième épisode de la première saison. Tout comme l'on découvrait à travers le portrait d'Enrico Carsini, dans Quand le vin est tiré (second épisode de la troisième saison), le frère d'un futur criminel qui comme l'Edwards Lytton de Meurtre à l'ancienne pensait prendre des dispositions quant à l'avenir de l'entreprise familiale. C'est donc avec une certaine émotion que l'on découvre le personnage de Ruth Lytton qu'interprète avec une très grande justesse de ton l'actrice américaine Joyce Van Patten. Une ''vieille fille'' froide, voire rigide, mais qui pourtant dégage un fort potentiel d'empathie accentué par la relation que le lieutenant et elle vont entretenir durant les soixante-treize minutes que dure cet épisode diffusé pour la première fois sur le réseau NBC le 28 novembre 1976 et en France trois ans plus tard, le 17 novembre 1979 sur TF1. Ruth et son frère sont les propriétaires d'un musée dont les visites ne rapportent plus suffisamment d'argent. Du moins pas assez pour subvenir à leurs besoins. C'est ainsi qu'Edward décide de mettre un terme à leurs activités contre l'assentiment de sa sœur. La seule solution envisagée par Ruth est alors de se débarrasser de son frère et par la même occasion du gardien Milton Shaeffer (l'acteur Peter S. Feibleman) dont elle avait de toute manière décidé de se séparer...


C'est donc à travers un intelligent stratagème qu'elle met en place un faux cambriolage lors duquel les deux hommes apparaîtront comme s'être entre-tués, assurant ainsi à Ruth les pleins pouvoirs concernant la gérance du musée familial. Peter Falk débarque à l'image bien avant que les corps ne soient tout d'abord découverts par la nièce de Ruth, la jeune Janie Brandt (l'actrice Jeannie Berlin) qui n'est autre que la fille de Phyllis (Celeste Holm), la sœur psychologiquement fragile de la meurtrière. Tourné principalement au sein de la demeure familiale où rode une ambiance particulièrement froide, Meurtre à l'ancienne fait sans doute partie des meilleurs épisodes de la série. Du moins l'un de ceux qui marquent profondément les esprits à travers la psychologie du tueur, les rapports qu'il entretient avec Columbo, mais aussi et surtout ici, le déploiement d'un récit tournant autour de la famille Lytton et des tragédies qui l'ont émaillées. Sur un scénario de Peter S. Feibleman basé sur un récit de Lauwrence Vail, le réalisateur Robert Douglas et ses interprètes déploient tout un panel de sentiments. Rarement l'on aura vu un criminel faire preuve d'aussi peu de connivence vis à vis du double meurtre qu'il a commis. Sans rien cacher de ses émotions... ou de son absence d'émotions, justement, Ruth est l'un des rares cas de tueurs à conserver par essence sa véritable nature. Difficile donc de montrer le Columbo que l'on aime parfois, manipulant à sa guide l'assassin en question. Il reporte donc cette manière d'envisager son enquête vers la nièce Janie, lors d'une visite dans une prison où elle est enfermée, soupçonnée d'avoir commis le double meurtre. Séquence lors de laquelle Columbo lui tend un objet qui devrait logiquement démontrer son innocence. Notons que malgré l'ambiance généralement sombre de cet épisode, quelques passages contrebalancent avec cette atmosphère. Comme la visite dans le salon de coiffure ou lorsque Columbo manque de s'étouffer en buvant une tasse de camomille. Notons également le superbe thème musical ouvrant et clôturant ce formidable épisode et que l'on doit au compositeur Dino De Benedictis...

 

samedi 10 juin 2023

Deux en un (Fade in to Murder) de Bernard L. Kowalski (1976) 🚬 🚬 🚬 🚬

 


 

Alors qu'à l'origine le dernier épisode de la saison cinq de la série Columbo avait été prévu comme le tout dernier puisque Peter Falk avait prévu de rendre son tabli... imperméable, cinq mois après la diffusion de La montre témoin sur le réseau NBC aux États-Unis, voilà qu'un nouvel épisode allait être diffusé le 10 octobre 1976 sous le titre Fade in to Murder (chez nous, l’épisode sera visible deux mois plus tard le 08 décembre sous celui de Deux en un). Pour ce retour finalement précipité de Peter Falk dans le rôle du plus célèbre flic de la police criminelle de Los Angeles, Columbo enquête sur le meurtre de l'agent artistique Claire Daley (l'actrice Lola Albright), laquelle fait chanter l'acteur et star d'une série policière Ward Fowler (William Shatner). Afin de se débarrasser de cette gênante maître-chanteuse, l'homme se cache sous une épaisse doudoune et sous un passe-montagne et la tue alors qu'elle se rend dans une épicerie, faisant passer le meurtre pour un fait consécutif à un braquage visant la recette journalière du propriétaire du commerce. Afin de parfaire son crime, Ward Fowler a de fait, et bien avant de commettre son meurtre, convié son ami Mark Davis (l'acteur Bert Remsen) à assister à un match de base-ball chez lui et durant lequel il lui a servi un verre d'alcool auquel il a ajouté un somnifère. Méthode permettant au futur assassin de se construire un alibi en modifiant l'heure affichée sur la montre de Mark. Le meurtre accompli, Columbo débarqué, dépêché sur les lieux du crime remarque rapidement qu'un détail ne colle pas avec la version officielle. Ce petit détail qui comme cela est l'habitude dans la série, va permettre au lieutenant de découvrir qu'il s'agit là encore d'un subterfuge pour mener les enquêteurs sur une fausse piste. Incarné par l'un des mythiques acteurs de la série originale Star Trek qui entre 1966 et 1969 interpréta le rôle du célèbre James ''T'' Kirk au commandes du vaisseau Enterprise, William Shatner campe un double-rôle. Tout d'abord celui de l'acteur/assassin, mais également de son antinomique personnage de fiction, le lieutenant Lucerne. Un flic de série policière télévisée auquel le lieutenant va régulièrement se reporter, demandant ainsi à son interprète de bien vouloir lui donner des conseils et ainsi l'aider à résoudre le meurtre de Claire Daley. Comme cela fut régulièrement le cas, notre lieutenant de police va une fois encore côtoyer le monde de l'art. Après ceux du cinéma, de la peinture ou de la littérature, voilà qu'il s'attaque à l'univers de la télévision. Willian Shatner qui bien des années plus tard réapparaîtra dans la série dans la peau de l'assez peu sympathique Fielding Chase dans l'épisode Face à face (Butterfly in Shades of Grey) incarne ici un acteur enjoué, égocentrique (un comportement régulier chez nos acteurs!) mais dont la détermination failli au travers d'erreurs grossières que n'auraient peut-être pas commises certains des assassins que son personnage de fiction avait jusque là l'habitude d'interroger...


Après avoir été confronté à l'interprète de l'une des pires incarnations de l'univers de Star Trek l'année précédente dans l'épisode Question d'honneur (le tueur était en effet interprété par l'acteur Ricardo Montalban qui avait interprété en 1967 à la télévision dans l'épisode Space Seed et quinze ans plus tard sur grand écran dans Star Trek 2 : La colère de Kahn l'antagoniste Khan Noonien Singh), voici que Columbo se frotte à un tueur qui théoriquement connait toutes les ficelles lui permettant de commettre le meurtre parfait. Mais comme toute série est le fruit d'un esprit imaginatif et son histoire celui d'une fiction, l'illusion ne dure qu'un instant dès lors que Columbo met la main sur des faits indiscutables renvoyant à la culpabilité de Ward Fowler. Ça n'est certes pas la première fois mais il est saisissant dans le cas de Deux en un de voir combien le lieutenant Columbo est capable de sympathiser, voire de s'attacher à l'homme (ou en d'autres occasions, la femme) autour duquel il est en train d'insidieusement refermer ses griffes tout en étant capable de le tromper à travers sa fausse gaucherie. À ce titre, cet épisode est exemplaire. S'y confondent la fiction et la réalité pour mieux happer et éclairer cette frontière qui sépare le vrai du faux. Alors que le dernier épisode de la précédente saison était marqué par une conclusion plus que discutable, les éléments qui confondent le meurtriers ne le sont désormais plus du tout. Le duo Peter Falk/William Shatner fonctionne à merveille et s'avère fort réjouissant. Comme le sont également ces quelques trouvailles permettant d'atayer l'alibi (prochainement deconstruit) de l'assassin. S'il est de coutume que le tueur soit découvert à travers quelques imperfections qu'il a dénié vérifier avant de les corriger, dans cet épisode, au fond, terriblement ironique, leur accumulation tente à prouver que l'on peut être l'excellent interprète d'un flic de fiction tout en étant un pitoyable assassin...

 

dimanche 29 janvier 2023

Columbo - L'anatomie du crime de Didier Liardet

 


 

Quatre mois sans nouvel article consacré à notre fameux Lieutenant Columbo... Pour ce retour que j'espère en force, je voudrais évoquer l'ouvrage Columbo - L'anatomie du crime de Didier Liardet...

 

Le plus célèbre des lieutenants de police de la ville de Los Angeles, au cigare, à l'imperméable élimé, au basset hound et à la Peugeot 403 cabriolet de 1959 fut l'objet d'un certain nombre d'ouvrages qui pour quelques-uns d'entre eux furent écrits et édités en langue française. Parmi eux, Columbo - L'anatomie du crime de Didier Liardet. Historien spécialiste des séries télévisées, il dirige la collection Télévision en séries disponible chez l'éditeur Yris. Auteur entre autres d'ouvrages consacrés aux séries Chapeau melon et bottes de cuir, Amicalement votre et Les envahisseurs, il est donc à l'origine d'un pavé de 336 pages (une nouvelle édition est disponible depuis 2021) entièrement consacré au Lieutenant Columbo, héros de l'une des plus mythiques séries policières américaines. Dans cet ouvrage riche d'informations inédites, de filmographies consacrant celles et ceux qui partagèrent la vedette avec l'acteur Peter Falk, d'images d'archives, de tournages ou de promotions, Didier Liardet remonte aux origines de la série. De ceux qui furent impliqués dans sa création, jusqu'aux acteurs, célèbres ou non, qui enrichirent la plupart des soixante-neuf épisodes que constitue la série. Non seulement l'auteur revient sur la série mais également sur celle qui mit en scène l'actrice Kate Mulgrew, Madame Columbo. Un spin-off qui chronologiquement fut produit entre les deux séries d'épisodes qui furent, elles, séparées d'une dizaine d'années. Accompagné de plus de huit-cent photos majoritairement en noir et blanc, sur papier glacé, Columbo - L'anatomie du crime est un ouvrage indispensable pour tout fan de la série et de son célébrissime lieutenant de police...


Outre de très nombreuses informations que ne connaissent sans doute que les fans purs et durs, l'attrait principal de cette anthologie fourmillant d'anecdotes, provient du fait que Didier Liardet revienne sur le concept même de ce projet de série policière qui à l'époque fut tout à fait atypique. L'auteur consacre une dizaine de pages à Peter Falk lui-même et regroupe enfin sous forme de glossaire tout ce que la littérature a produit en terme d'ouvrages consacrés à la série, de romans ou de novélisations. Pour en revenir au plus gros du projet, soit la revue complète des soixante-neuf épisodes de Columbo et les treize de Madame Columbo, il est important de noter que l'on réservera tout d'abord cet aspect de l'ouvrage aux seuls fans de la série principale et de son Spin-off. En effet, si le résumé de chaque épisode est une évidence dans ce type d'entreprise, il est à noter que Didier Liardet donne très souvent les clés de chaque énigme et refuse donc aux novices la possibilité de découvrir par eux-mêmes la méthode employée par Columbo pour confondre les assassins. On conseillera donc tout d'abord Columbo - L'anatomie du crime à celles et ceux qui connaissent sinon par cœur, du moins relativement bien chaque épisode et l'on conseillera l'ouvrage aux autre une fois chacun de ceux-ci découvert avant tout chose. Précédant la filmographie de chaque interprète, Didier Liardet nous offre son analyse personnelle de chaque épisode. Un moyen de confronter l'avis du fan et du lecteur avec le sien. S'il manque quelques amusantes anecdotes (puisque l'auteur aime comparer les versions françaises et américaines, il aurait pu notamment faire référence à la grossière erreur de chronologie lors du dialogue entre le lieutenant et la bonne-sœur dans le second épisode de la saison quatre intitulé Réaction négative), Columbo - L'anatomie du crime est un ouvrage complet et demeure donc une référence !!!