jeudi 10 février 2022

Jeu d'identité de Patrick McGoohan (1975) 🚬 🚬 🚬 🚬

 


 

Nelson Brenner travaille pour la CIA. Mais il est également un agent double et ça, son collègue A.J.Anderson l'a découvert et décide de le faire chanter. Et comme le premier veut garder secret sa double identité, plutôt que de payer Anderson, il décide de l'éliminer. Pour cela, il charge un certain Lawrence Melville de se rendre sur une plage de nuit afin de récupérer un microfilm auprès de A.J.Anderson. Une fois que les deux hommes ont fait affaire, Melville s'évanouit dans la nature tandis qu'apparaît subrepticement Brenner qui assassine alors son ami. Afin de se constituer un alibi irréprochable, Brenner se rend ensuite à son bureau, change l'heure d'une pendule afin qu'elle sonne lors de l'enregistrement d'un document audio qui lui permettra de prouver qu'il ne pouvait être sur les lieux du crime au moment où est mort Anderson. Mais déjà, le lieutenant Columbo est sur l'affaire... Le concept de la pendule (ou de l'horloge) et de l'enregistrement de l'excellent troisième épisode de la seconde saison Le grain de sable (réalisé et scénarisé par Jeremy Kagan) est repris par Patrick McGoohan, auteur de l'histoire originale et réalisateur de ce nouvel épisode intitulé Jeu d'identité (Identity Crisis) et dont l'usage sera inversé et ne servira non plus à faire le jour sur la responsabilité de l'assassin mais au contraire à persuader la police (et en l'occurrence, le lieutenant Columbo) de son innocence...


Vedette incontestée de ce troisième épisode de la cinquième saison, l'acteur et réalisateur irlando-américain Patrick McGoohan (connu à l'origine pour avoir été le héros de la mythique série britannique Le prisonnier) n'en est pas à sa première apparition dans la série. Un an auparavant, il apparaîtra dans l'épisode Entre le crépuscule et l'aube de Harvey Hart, avant de se mettre en scène lui-même dans Jeu d'identité en 1975, Votez pour moi en 1990 et En grandes pompes huit ans plus tard. Trois épisodes de la série qu'il réalisera, au même titre que La Montre témoin en 1976 et Meurtre en musique en 1999, dont il laissera cependant la vedette à Robert Vaughn puis à Billy Connolly. De nombreux détails font référence à la série qui rendit célèbre Patrick McGoohan. Les fans s'amuseront d'ailleurs à noter les dites références, hommages évident au personnage d'espion qu'il incarnait alors. La rigueur presque clinique de Patrick McGoohan qui au fil de ses mises en scène à toujours choisi d'interpréter des criminels relativement froids est ici contrebalancée par une mise en scène qui n'oublie pas certains traits d'humour. Comme lors de cette séquence lors de laquelle le lieutenant Columbo se laisse séduire par une danseuse orientale avant de constater qu'elle louche. Parmi les seconds rôles, nous retrouvons notamment Leslie Nielsen, grande vedette du cinéma (la série de Y a-t-il un flic...) qui quatre ans en arrière interprétait le rôle de Peter Hamilton, compagnon de la criminelle incarnée par l'actrice Susan Clarck dans l'épisode Atente de la première saison...


Otis Young, qui dans le cas présent interprète le rôle malheureux de Melville, est surtout connu pour avoir joué dans la série Les Bannis à la toute fin des années soixante. Il mettra un terme à sa carrière d'acteur au beau milieu des années quatre-vingt. David White (qui joue ici le rôle du grand patron de la CIA Phil Corrigan) est surtout connu pour avoir interprété le rôle d'Alfred Tate dans la série Ma sorcière bien-aimée entre 1964 et 1972. La liste est longue mais l'on retiendra aussi et surtout la courte apparition de l'acteur Val Avery qui apparaîtra dans quatre épisodes de la série dont En toute amitié de Ben Gazzara en 1974 dans lequel il campera le personnage de Artie Jessup, cambrioleur auquel le véritable assassin (Richard Kiley dans le rôle de Mark Halperin) tentera de faire porter le chapeau. Non content d'être interprété par une belle brochette d'acteurs (et dans lequel les femmes y sont malheureux sous-représentées) Jeu d'identité est un excellent épisode dans lequel on retrouve un Peter Falk toujours aussi savoureux. Policier mais aussi... espionnage, une approche si rare dans la série qu'il est bon de le rappeler. Notre lieutenant est confronté non seulement à un tueur/agent double mais également à ses supérieurs. On découvre notamment notre Columbo en mode ''mélomane''. À noter que dans la version française, la conclusion semble moins porter d'intérêt sur l'évocation de la Chine aux futurs Jeux Olympiques que sur le détail sonore qui remettra en question l'alibi du meurtrier. Si en général le dénouement fait partie intégrante de tout bon épisode de la série, on ne tiendra ici rigueur de sa banalité qu'au doublage français. Jeu d'identité n'en demeure pas moins un très bon cru...