dimanche 31 mai 2020

Match Dangereux d'Edward M. Abroms (1973) 🚬 🚬 🚬 🚬



Si durant toute sa carrière, du moins celle qui couvre les soixante-neuf épisodes de la série (qui doute qu'hors-champ de la caméra notre Lieutenant préféré continuait d’œuvrer dans la résolution de meurtres ???), Columbo a souvent croisé des tueurs provenant du monde des arts (télévision, cinéma, peinture, chanson, littérature), il lui est ponctuellement arrivé d'en fréquenter certains d'un tout autre genre. Ceux qui l'on désigne communément sous le nom de ''génies''. C'est ainsi qu'il en croisera dans le sixième épisode de la troisième saison Au-Delà de la Folie (Mind over Mayhem) de Alf Kjellin (croisant à l'occasion, le célébrissime Robby le Robot du long-métrage de science-fiction réalisé par Fred McLeod Wilcox en 1956, Forbidden Planet), ou dans le troisième de la sixième saison, Les Surdoués (The Bye-Bye Sky High I.Q. Murder Case) réalisé par Sam Wanamaker. Dans Match dangereux (The Most Dangerous Match) d'Edward M. Abroms (également réalisateur de l'épisode Accident), le lieutenant Columbo est confronté à un individu qu'il considérera lui-même comme un génie du fait de sa profession : en effet, l'acteur britannique Laurence Harvey (Terreur dans la Nuit de Brian G. Hutton en 1973) incarne un joueur d'échecs. 

 Et même, le plus grand d'entre tous. Mais si Emmett Clayton bénéficie de ce titre, c'est sans doute parce que son plus grand rival, le soviétique Tomlin Dudek (l'acteur Jack Kruschen, notamment présent au générique de Les Nerfs à Vif de J. Lee Thompson en 1962), fut malade au point d'abandonner toute tentative d'emporter le championnat... Mais à présent qu'il est guéri, il est temps pour lui de se confronter à Emmett Clayton. Depuis qu'il sait que le soviétique s'apprête à jouer contre lui, le champion américain fait de terribles cauchemars. Terrifié à l'idée de perdre face à cet ancien champion que certains considèrent toujours comme le meilleur aux échecs (à ce titre, Linda Robinson (l'actrice Heidi Brühi) est sa plus fervente supportrice), Emmett Clayton met au point l'assassinat de son futur adversaire. Après avoir partagé un dîner et une partie d'échecs avec Dudek, le joueur américain le pousse dans une broyeuse à déchets. Mais malheureusement pour lui, l'homme survit à la tentative de meurtre. C'est là qu'intervient le lieutenant Columbo, confronté à un tueur qui au fond, n'est peut-être pas plus intelligent que tous ceux qui l'ont précédé puisqu'il omet de s'être assuré que sa victime est décédée. 

On a déjà vu par le passé ce genre de cas puisque dès le téléfilm Inculpé de Meurtre de 1967, l'épouse de l'assassin survit quelques temps avant de mourir des suites de ses blessures. Concernant la victime du joueur d'échecs, les choses sont un plus compliquées. Car il ne lui suffira pas de patienter jusqu'à ce que son adversaire meure lui-même de ses blessures, mais devra au contraire, lui ''donner un petit coup de pouce''. C'est là qu'intervient tout le.. ''génie'' de ce tueur qui, outre le fait qu'il soit l'un des plus grands joueurs d'échecs de tous les temps, possède également une incroyable mémoire visuelle qui lui servira à mettre définitivement un terme à l'existence de son adversaire... Comme le montre le septième épisode de la seconde saison Match dangereux, sorti de son contexte, Emmett Clayton va trouver un adversaire véritablement à sa hauteur en la personne du lieutenant Columbo, ce dernier parvenant même à le déstabiliser vers la fin alors que le champion exécute un véritable tour de force en s'opposant à une dizaine d'adversaires simultanément. 

Nous pouvons noter la présence au début de l'épisode du chien de Columbo, lequel subit une opération. Une coutume que de le voir allongé sur la table d'opération de son vétérinaire dans la série. Cela n'est peut-être pas détectable à l'image, mais il faut savoir que lors du tournage au début de l'année 1973, l'acteur Laurence Harvey était déjà atteint d'un cancer de l'estomac qui le faisait atrocement souffrir et qui mit fin à ses jours le 25 novembre de la même année. Le scénario de Jackson Gillis basé sur une histoire écrite à six mains en compagnie de Richard Levinson et William Link a l'intelligence de confronter deux modes de fonctionnement faisant appel à la logique et à une grande analyse de la situation. Le joueur d'échecs face au policier. Des deux, lequel sortira vainqueur ? Le lieutenant Columbo, bien entendu...

jeudi 28 mai 2020

Le Spécialiste de Hy Averback (1973) 🚬🚬🚬🚬🚬



Alors que dans l'épisode précédent Requiem pour une Star (Requiem for a Falling Star) de Richard Quine, le lieutenant Columbo était confronté à une star de cinéma meurtrière relativement attachante, c'est avec le suivant qu'il sera confronté à l'un des assassins les plus malveillants et détestables de toute la série. Est-ce par ironie que le rôle de l'ambitieux Docteur Barry Mayfield fut confié à l'acteur Leonard Nimoy rendu mondialement célèbre grâce à son interprétation du mythique vulcain Spock de la série originale Star Trek ? Car dans Le Spécialiste (A Stitch in Crime), on retrouve l'homme aux oreilles pointues et à l'implacable logique dans la peau d'un individu au caractère sensiblement proche du vulcain. Dans ce sixième épisode de la seconde saison réalisé par Hy Averback (qui réalisa le quatrième de la première, Plein Cadre (Suitable for Framing), Leonard Nimoy campe un chirurgien cardiologue dont les émotions semblent totalement absentes. Confronté à l'un de ses collègues, le Docteur Edmund Hideman (l'acteur Will Geer), qui refuse de publier les résultats de recherches qu'ils mènent ensemble depuis longtemps, le Docteur Barry Mayfield met au point une tentative de meurtre particulièrement osée dont sera le témoin l'infirmière Sharon Martin (interprétée par l'actrice Anne Francis, déjà présente dans le sixième épisode de la saison précédente, Accident (Short Fuse) d'Edward M. Abroms), première à périr des ambitions démesurées de l'arriviste chirurgien...

L'une des particularités de cet épisode se déroulant dans le milieux hospitalier est la tentative d'assassinat à retardement dont doit faire les frais à courte échéance le Docteur Edmund Hideman. En effet, opéré du cœur par son collaborateur à l'aide de fils de suture résorbables, il est condamné à mourir. À moins que l'infirmière ne parvienne à prouver la mystification du Docteur Mayfield à temps. Mais conscient du danger que représente Sharon Martin, celui-ci la tue et met tout en œuvre pour faire passer son assassinat pour un meurtre commis par un drogué en manque. Ici, en l'occurrence, un certain Harry Alexander (Jared Martin, connu pour avoir interprété le rôle de Dusty Fallow dans la célèbre série Dallas entre 1979 et 1991). L'autre particularité de l'épisode Le Spécialiste demeure dans l'acharnement du tueur à vouloir se débarrasser du moindre élément pouvant gêner ses projets de meurtre sur le Docteur Hideman. Outre la tentative d'assassinat qui plane au dessus de la tête de ce dernier, le Docteur Mayfield commet donc deux autres meurtres. Ce qui constitue au total, un hypothétique triple homicide...

Le Lieutenant Columbo fait face à un assassin froid et calculateur, ne montrant que très rarement de quelconques émotions (on le verra malgré tout sourire, mais toujours avec une certaine ironie). Jamais avare lorsqu'il s'agit de se servir des autres, le Docteur Mayfield se charge également de manipuler l'amie et collègue de Sharon Martin en la personne de Marsha Dalton, sa co-locataire. Leonard Nimoy campe un Docteur Mayfield tout autant remarquable que détestable. Absolument dédaigneux face à la valeur de la vie malgré sa profession, il ira jusqu'à épuiser toutes les ressources d'un lieutenant Columbo qui finira par perdre patience et surtout, toute maîtrise lors d'une scène légendaire puisque demeurée exceptionnelle durant les soixante-neuf épisode que constitue la série : le plus célèbre flic de la police criminelle de Los Angeles y perdra en effet son sang-froid, dégainant une cafetière (à défaut d'une arme, qu'il ne porte d'ailleurs jamais sur lui) devant l'arrogant Docteur Mayfield. Sur la base d'un scénario écrit par Shril Hendryx, Hy Haverback réalisait là, l'un des meilleurs épisodes de toute la série...

lundi 25 mai 2020

Requiem pour une Star de Richard Quine (1973) 🚬🚬🚬🚬🚬



De la première époque de la série, Requiem pour une Star (Requiem for a Falling Star) fait partie de ces quelques épisodes qui marquent durablement pour son hommage affiché à un cinéma qui n'existe aujourd'hui malheureusement plus. Et qui mieux que l'actrice américaine Anne Baxter pour refléter la splendeur de ces interprètes élevées au rang de stars à une époque où le terme avait encore un sens ? Elle qui côtoya les plus grands réalisateurs, de Jean Renoir, Billy Wilder, en passant par Joseph L. Mankiewicz, Fritz Lang, et jusqu'à Orson Welles, Otto Preminger ou Alfred Hitchcock... Inoubliable et magnifique dans le rôle de Néfertari dans Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille en 1965, la voici meurtrière huit ans plus tard dans Columbo. Elle y incarne le rôle de Nora Chandler, héritière d'un riche homme d'affaire disparu douze ans en arrière et utilisant sa fortune pour produire des films dont elle sera la principale interprète mais qui ne connaîtront pas le succès. Alors qu'elle tourne un nouveau long-métrage, elle est victime d'un chantage de la part du journaliste Jerry Parks qui détient sur elle des informations qui pourraient lui nuire si elles étaient révélées aux médias.

De plus, sa secrétaire Jean Davis entretient une relation avec l'homme en question. Alors que Nora met en scène le meurtre du journaliste, elle se trouve désemparée lorsqu'elle apprend qu'à bord de la voiture de Jerry Parks qu'elle a incendiée plus tôt se trouvait en réalité Jean. Chargé de l'enquête, le lieutenant Columbo comprend très rapidement qu'il s'agissait d'un meurtre et que le ou la coupable s'est trompé de cible...Contrairement à une grande partie des épisodes, Requiem pour une Star met en scène une situation inédite. En effet, c'est la première fois que le lieutenant Columbo fait face à un meurtre dont la victime n'est apparemment pas celle qu'avait prévu d'assassiner la meurtrière. Réalisé par Richard Quine, lequel avait déjà mis en scène l'épisode précédent se déroulant à Londres, S.O.S. Scotland Yard (Dagger of the Mind), et sera également l'auteur du quatrième épisode de la saison suivante Subconscient (Double Exposure), Requiem pour une Star propose une intrigue à tiroirs. Et même si le spectateur connaît dès le début l'identité du tueur, l'incertitude demeure quant à l'erreur de victime commise par Nora Chandler. Les années ont passé et pourtant, la présence à l'écran d'Anne Baxter irradie littéralement cet épisode scénarisé par Jackson Gillis sur la base d'une histoire écrite par le réalisateur lui-même.

Requiem pour une Star ne se contente pas que d'évoquer ce qui s'apparente d'abord à une terrible méprise mais complexifie au contraire l'intrigue en faisant appel au passé de l'héroïne dont l'issue, forcément fatale s'avère pour le spectateur, tétanisante. Car en jouant de sa grâce et de sa beauté, face à un Columbo toujours aussi collant mais fasciné par le statut de celle qu'il soupçonne, Anne Baxter rend son personnage si attachant qu'on lui pardonnerait presque le meurtre qu'elle a commis. Si la chose est relativement peu courante (Quand le Vin est Tiré de Leo Penn avec Donald Pleasance demeurant sans doute à jamais comme le plus brillant exercice de style en la matière), l'ironie de Columbo, toujours aussi admirablement interprété par Peter Falk, s'efface devant la présence irradiante d'Anne Baxter. L'atmosphère y est bien moins distrayante qu'à l'habitude. Et c'est en ce sens que l'on reconnaît la mise en scène de Richard Quine, lui qui avec S.O.S. Scotland Yard avait signé un épisode par trop monotone. Aux côtés du formidable duo Peter Falk/Anne Baxter, on retrouve notamment dans le rôle de Jerry Parks, le célèbre acteur Mel Ferrer, capable de tourner auprès de King Vidor, Julien Duvivier, Anthony Mann, comme des italiens Alberto de Martino (L'Antéchrist), Umberto Lenzi (La Secte des Cannibales), ou le Tobe Hooper du Crocodile de la Mort... Requiem pour une Star demeure quant à lui l'un des tous meilleurs épisodes des soixante-neuf que constitue la série Columbo... à voir et revoir... éternellement...

jeudi 21 mai 2020

SOS Scotland Yard de Richard Quine (1972) 🚬🚬



Si la majeure partie des épisodes de la série se déroulent sur les terres mêmes du lieutenant Columbo qui, je le précise pour les retardataires, se situent à Los Angeles en Californie du Sud, il lui est arrivé dans de rarissimes (à trois occasions seulement!) circonstances d'être confronté à des meurtriers ayant commis leur meurtre en dehors des frontières où est donc autorisé à enquêter officiellement le plus célèbre des détectives de la police criminelle américaine. C'est donc en tant que consultant ou agissant de manière non officielle qu'il enquêtera au Mexique dans le quatrième épisode de la cinquième saison Question d'Honneur (A Matter of Honor) de Ted Post. Épisode dans lequel le chef de la police mexicaine avoue connaître Columbo après avoir lu un article concernant l'une des enquêtes qu'il mena dans la quatrième saison. En l'occurrence, l'excellent Eaux Troubles (Troubled Waters) de Ben Gazzara qui lui aussi se déroule en dehors des frontières californiennes puisque situé sur un bateau de croisière. Mais le premier à avoir éloigné le lieutenant Columbo de sa zone de confort est le réalisateur américain Richard Quine qui transporte l'action dans la capitale du Royaume-Unis, Londres...

Londres et ses images de cartes postales que le Richard Quine s'amuse à évoquer avec ironie, le lieutenant Columbo se montrant toujours aussi affable devant les ''monuments'' que sont la célèbre garde royale, Big Ben, ou encore les mythiques locaux de Scotland Yard. Contrairement aux deux autres épisodes évoqués ci-dessus, Columbo n'est pas en vacances. C'est par un échange de bons procédés qu'il a voyagé jusqu'en Europe pour étudier les méthodes d'investigation britanniques. Dans SOS Scotland Yard il n'est pas tant question d'un assassinat que d'un meurtre puisque la mort du producteur Sir Roger Haversham (l'acteur John Williams) y est en effet accidentelle. Séduit par la comédienne Lillian Stanhope (Honor Blackman) qui aidée de son époux Nicholas Frame (Richard Basehart) tentent de le manipuler afin de pouvoir monter la pièce de théâtre de William Shakespeare, MacBeth. Mais lorsque le vieil homme se rend compte du jeu que mène Lillian, il sort de ses gonds et se montre insultant. Bousculé alors que Nicholas et sa femme tentent de le convaincre qu'il fait fausse route, le producteur tombe au sol... et meurt. Le couple emporte le corps de Sir Roger Haversham jusque chez lui et le laissent au bas des escaliers afin de faire croire qu'il est mort après les avoir dégringolé. Mais c'était sans compter sur la visite de Columbo à Londres...

On aurait pu croire au vu de cet épisode se déroulant entièrement à Londres, que le choix des interprètes se serait exclusivement porté sur des acteurs originaires du Royaume-Unis. Et pourtant, si John Williams, John Fraser (qui incarne le sergent O'Keefe), Arthur malet, Honor Blackman, Bernard Fox (vu également dans l'épisode Eaux troubles trois ans plus tard) et Wilfrid Hyde-White (très à l'aise dans le rôle du majordome et que l'on retrouvera quatre ans plus tard dans un autre épisode de la série, La Montre Témoin (Last Salute to the Commodore) de l'acteur/réalisateur Patrick McGoohan) sont bien tous britanniques, Le rôle de Nicholas Frame, l'un des plus importants de cet épisode en dehors de celui tenu par Peter Falk est incarné par l'américain originaire de Zanesville dans l'Ohio, Richard Basehart. Et pourtant, l'acteur fait véritablement illusion. Quant à Columbo, bien que l'épisode se déroule à Londres, le lieutenant n'en a pas pour autant changé ses méthodes. Cependant, basé sur un scénario de Jackson Gillis, SOS Scotland Yard s'avère être un épisode plutôt monotone faisant partie des plus faible de la première époque. Original mais au fond, peu distrayant...