mercredi 29 septembre 2021

Immunité Diplomatique de Ted Post (1975) 🚬 🚬

 


 

Après une absence longue de.... six mois (ah ouais, tout de même!), il était temps de reprendre l'écriture de ce blog entièrement consacré à notre lieutenant de police préféré avec A Case of Immunity plus connu dans nos contrées sous le titre Immunité diplomatique dans lequel Columbo va se frotter à un assassin un peu particulier en la personne de Hassan Salah que va interpréter l'acteur et réalisateur américain Héctor Elizondo qui comme l'indique son patronyme ne vient pas d'un quelconque pays du Moyen Orient. Il est d'ailleurs intéressant de noter que l'ambassade dans laquelle se situe l'action de ce second épisode de la cinquième saison de Columbo fait référence à un pays imaginaire, sans doute pour ne pas s'attirer les foudres d'un quelconque état du Moyen Orient. Mais passons... Dans Immunité diplomatique, le système fort ingénieux mis en place par le représentant diplomatique Hassan Salah pour tuer le chef de la sécurité de l'ambassade du Suari n'est pas très éloigné de ceux que l'on rencontre dans d'autres épisodes de la série qui font également appel non pas à un tueur unique mais à deux, le second demeurant généralement au second plan. Comme cela sera communément le cas, on devine que le complice ne fera pas de vieux os (Sal Mineo, dans le rôle de Rahmane Habib). Et là encore, le scénario de Lou Shaw d'après une histoire de James Menzies fait preuve d'assez peu d'imagination puisque le moyen employé par l'assassin pour faire croire à un accident ressemblera notamment à celui utilisé par le tueur Jarvis Goodland (Ray Miland) dans le deuxième épisode de la seconde saison de Columbo, The Greenhouse Jungle (Dites-le avec des fleurs)...


Réalisé par Ted Post, l'homme derrière lequel se cache notamment Le secret de la planète des singes en 1970 ou Magnum Force (avec Clint Eastwood) en 1973, Immunité diplomatique n'est donc très clairement pas l'un des meilleurs épisodes de la série. Peut-être cela est-il dû à l'antipathie que l'on peut ressentir dès les premiers instants pour le meurtrier ou pour cette ambiance beaucoup moins joyeuse que lors d'autres rencontres qu'effectua jusque là le lieutenant Columbo. Ted Post réalisera d'ailleurs le quatrième épisode de cette cinquième saison (Question d'honneur) et y imprimera cette même atmosphère. Cet épisode joue sur un élément essentiel qui fait de Hassan Salah un assassin très particulier. Bénéficiant de l'immunité diplomatique, son arrogance n'en est que plus évidente (il faut le voir se montrer méprisant envers Colombo), l’œil torve et allant jusqu'à avouer le meurtre en toute impunité puisqu'il se sait intouchable. Mais c'est mal connaître le lieutenant qui, ne sachant comment s'y prendre de manière habituelle va faire appel au plus haut représentant de l'état du Suari, le roi lui-même (l'acteur Barry Robins). Quelques rares séquences font référence à la ''gaucherie'' dont Columbo est parfois sujet. Dans le cas présent, on le voit notamment poser involontairement le pied sur le vêtement traditionnel porté par le représentant diplomatique. Immunité diplomatique n'est pas chez nous le plus connu des épisodes de la série. Peut-être est-de dû au fait que sa diffusion ait été également moins sollicitée par les chaînes de télévision françaises ?


L'épisode permet une nouvelle fois de confronter Columbo à un individu d'un milieu social auquel il n'aurait sans doute pas eu accès en temps normal. Qu'il s'agisse ici d'un représentant diplomatique ou ailleurs d'un acteur, d'un chanteur ou d'un militaire dont le grade est nettement supérieur à celui du lieutenant, Columbo s'adapte à la situation. Nous noterons également l'intimidation dont il fait l'objet de la part de Hassan Salah qui le menace de protester devant le gouvernement américain si le lieutenant ne cesse pas de le harceler. Une constante dans la série dès lors qu'un meurtrier se sent acculé. Notons que l'acteur Sal Mineo dont le représentant diplomatique tue le personnage de Rahmane Habib sera tué quatre mois pile après la première diffusion de l'épisode sur le territoire américain. En effet, il sera poignardé au hasard par un vagabond toxicomane qui voulait le détrousser. Près de quarante ans après, l'acteur et réalisateur James Franco réalisera le biopic Sal entièrement consacré aux derniers jours de l'acteur disparu à seulement trente-sept ans. Quant aux plus fins observateurs, ils noteront dans Immunité diplomatique, la très courte présence de l'immense Jeff Goldblum dont la carrière avait débuté un an en arrière avec Un justicier dans la ville où il interprétait le rôle d'un voyou. Dans cet épisode de Columbo, il jour celui d'un manifestant...

 

samedi 13 mars 2021

La Femme Oubliée de Harvey Hart (1975) 🚬 🚬 🚬

 


 

Premier épisode de la cinquième saison, La Femme oubliée (Forgotten Lady) de Harvey Hart, lequel avait déjà lui-même clôt la précédente avec l'excellent État d'esprit (A Deadly State of Mind), est un peu à l'image d'une grande partie des épisodes qui la constitueront : Morose ! Et dans le cas présent, nostalgique. En effet, on y assiste au meurtre d'un vieil homme (l'acteur Sam Jaffe) par son épouse Grace Wheeler Willis, une ancienne actrice qui rêve de retourner sous les projecteurs. Mais son mari, médecin à la retraite, refuse de financer son nouveau projet. Grace prend alors la décision de l'éliminer en lui faisant avaler un somnifère et en l'assassinant d'une balle alors qu'il s'est endormi dans leur chambre en compagnie d'un livre. Afin de se constituer un alibi, Grace fait croire qu'elle était en train de regarder l'un des films dans lesquels elle joua des années auparavant, les deux domestiques de la maison pouvant en témoigner. Une fois son mari mort et la police arrivée sur place, le médecin chargé d'examiner le cadavre estime qu'il s'agit sans doute d'un suicide. Ce que refuse de croire le lieutenant Columbo, une fois de plus chargé de l'enquête. Et cela, parce que le célèbre détective découvre en outre des indices préoccupants. Comme les chaussons parfaitement propres du vieil homme dont on croyait jusqu'à maintenant qu'il s'était rendu jusqu'à sa voiture afin de récupérer l'arme responsable de sa mort. Un élément que réfute Columbo puisque dehors, le sol humide aurait dû selon lui, laisser des traces bien spécifiques sur les chaussons...


La Femme oubliée est notamment un cas PRESQUE à part dans la série Columbo puisque pour la première des deux seules fois parmi les soixante-neuf épisodes, la coupable ne sera pas arrêtée comme cela sera le cas dix-huit ans plus tard dans l'épisode Le meurtre aux deux visages (It's all in the Game) que réalisera Vincent McEveety, le scénario étant quant à lui l’œuvre de Peter Falk. Le premier de la treizième saison dans lequel un meurtre est commis par deux femmes (une mère et sa fille), le lieutenant acceptant de laisser libre la plus jeune si la mère accepte d'avouer avoir commis l'assassinat de son amant. Mais pour l'instant nous sommes en 1975, et si Grace Wheeler Willis rêve en effet d'un retour au cinéma, les choses vont s'avérer plus compliquées qu'elles n'en ont l'air. Épaulée par son ami de longue date Ned Diamon (l'acteur John Payne), la malheureuse est en effet atteinte d'une grave maladie cérébrale dégénérative. Grace est donc condamnée. Fasciné par les stars de cinéma qu'il est amené à rencontrer durant sa carrière, le lieutenant Columbo se montrera plus que jamais tendre et chaleureux face à l'actrice vieillissante...


Bien que La Femme oubliée développe une intrigue relativement touchante, cet épisode est peut-être cependant parmi les moins intéressants de toute la première époque. Il y est diffusée une ambiance parfois si pesante qu'elle écrase l'aspect amusant qui habituellement émaille la plupart des épisodes. Véritable hommage au septième art mais sans doute plus encore à sa principale interprète, le rôle de Grace Wheeler Willis est confié à l'actrice Janet Leigh, épouse de Tony Curtis avec lequel elle donnera naissance à l'actrice Jamie Lee Curtis, rendue célèbre grâce à son rôle de Laurie Strode dans le slasher Halloween que réalisa John Carpenter en 1978. Quant à Janet Leigh, malgré une imposante filmographie cinématographique et télévisuelle, elle est surtout connue chez nous pour avoir interprété le rôle de Marion Crane dans le chef-d’œuvre d'Alfred Hitchcock, Psychose en 1960. Anecdote amusante, le film qu'est censée regarder Grace dans La Femme oubliée tandis qu'elle tue en réalité son mari s'intitule Walking My Baby Back Home (traduit chez nous sous le titre Les Yeux de ma Mie). Film qui existe réellement, puisque sorti sur les écrans américains en 1953 et principalement interprété par Donald O'Connor et..... Janet Leigh. À noter également une erreur de montage que l'on raccordera directement avec l'épisode Play Back de Bernard L. Kowalski dans lequel le lieutenant Columbo dénouait l'intrigue grâce à un objet présent sur une vidéo alors qu'il n'aurait pas dû s'y trouver. Dans le cas de La Femme oubliée, il ne s'agit pas d'une pirouette scénaristique mais bien d'une erreur involontaire. En effet, lors d'une séquence, on peut apercevoir un verre de lait posé sur la table de nuit de la victime alors que dans le plan suivant, on voit l'un des domestiques lui apporter.... Un épisode en demi-teinte...

 

jeudi 11 mars 2021

Etat d'Esprit de Harvey Hart (1975) 🚬 🚬 🚬 🚬

 


 

Dernier épisode de la quatrième saison de Columbo, État d'esprit (A Deadly State of Mind) de Harvey Hart est aussi le second qu'il réalisera après Entre le Crépuscule et l'Aube en 1974 et avant La Femme Oubliée en 1975 et Tout n'est qu'Illusion l'année suivante. Une jolie régularité et un épisode, ici, qui vient clore de belle manière une formidable saison qui accueilli en son sein, autant de vedettes du petit écran que de stars de cinéma. N'oublions pas en effet que l'on pu y découvrir notamment Robert Conrad, Patrick McGoohan ou encore Robert Vaughn, chacun interprétant un tueur aux méthodes bien différentes. Des assassins et non plus de simples meurtriers puisque chaque crime y était volontairement accompli. Pour ce dernier épisode de cette quatrième saison, le réalisateur Harvey Hart adapte une histoire qu'il a d'abord écrite avant de confier l'écriture du scénario à Peter S. Fischer. La particularité de cet épisode, et c'est d'ailleurs le seul de cette saison, est d'avoir abordé le meurtre sous l'angle de l'accident. En effet, le meurtre de Karl Donner (interprété par l'acteur Stephen Elliot qui l'année précédente interprétait un commissaire de police dans Un Justicier dans la Ville de Michael Winner, 1974) est dû dans le cas présent à un accident. En effet, constatant que son épouse est l'amante de son psychanalyste, son sang ne fait qu'un tour lorsque confronté aux deux fauteurs, il se rue sur son épouse Nadia. Le docteur Marcus Collier s'empare alors d'un tisonnier et frappe à mort le pauvre homme qui s'écroule sur le tapis du salon, mort !


C'est là qu'intervient le lieutenant Columbo. Le scénario de Peter S. Fischer dissémine ça et là tout un tas d'indices qui permettront au célèbre détective de conclure que l'attaque supposée par des voleurs n'est en fait qu'un leurre pour détourner l'attention des enquêteurs. Une surenchère qui de fait, se justifie puisque contrairement à la majorité des épisodes dans lesquels les meurtres sont calculés à l'avance, la précipitation avec laquelle le psychanalyste tente de trouver une solution pour n'avoir pas à assumer la mort de Karl Donner détermine la fiabilité de son alibi ainsi que celui de sa maîtresse. Cette dernière, comme on le verra, sera une pièce relativement faible de l'échiquier dont devra se débarrasser plus tard l'homicide. Concept novateur, l'hypnose est au centre d'une intrigue à rebondissements. Le lieutenant Columbo qui généralement est ouvert à tous types de propositions, même les plus improbables (l'homme croit en la chiromancie comme l'entérinait l'épisode Faux Témoin de Bernard L. Kowalski quatre ans auparavant, alors pourquoi pas à l'hypnose?), va donc accepter le principe et les différents éléments qu'il a récolté jusque là pour confondre le tueur...


Concernant les indices, et bien qu'ils paraissent logiques vu l'urgence avec laquelle le docteur Collier doit se constituer un alibi, on pourra leur reprocher de manquer de raffinement (une pierre à briquet et des traces de pneus comme preuve de la présence du psychanalyste sur les lieux du crime, cela fait tout de même beaucoup). Comme je l'évoquais un peu plus haut, la présence d'authentiques vedettes de la télévision ou du cinéma font une fois de plus partie du champ d'action de ce septième épisode. Et pour celui-ci, qui mieux que George Hamilton et Lesley Ann Warren pour clore cette saison ? L'assurance, l'ambition et l'arrogance de l'un. La fragilité psychologique de l'autre. Une émulation parfaite pour une interprétation sans faille. Si Lesley Ann Warren n'apparaîtra plus dans la série, George Hamilton aura quant à lui l'occasion de se frotter une nouvelle fois au lieutenant Columbo seize ans plus tard dans l'épisode Attention : Le meurtre peut nuire à la Santé de Daryl Duke. Notons également la présence de l'acteur Bruce Kirby qui durant sa longue carrière au cinéma et à la télévision, aura eu le temps de jouer dans neuf épisodes de la série en incarnant tour à tour les sergents Kramer et Phil Brindle, un réparateur de téléviseurs ainsi qu'un préposé de laboratoire. Le final, et donc la résolution de l'intrigue, est l'un de ces grands moments de la série dans lequel le lieutenant Columbo (toujours aussi formidablement interprété par Peter Falk) joue un jeu de dupe comme il en a parfois le secret lorsqu'il n'a pas toujours d'autres moyens de confondre le meurtrier...

 

samedi 6 mars 2021

PlayBack de Bernard L. Kowalski (1975) 🚬 🚬 🚬 🚬

 


 

Cinquième des six épisodes constituant la quatrième saison de la série, PlayBack de Bernard L. Kowalski (dont il s'agit du troisième après les excellents Faux Témoins et Exercice Fatal) fait une nouvelle fois appel à l'utilisation d'un procédé d'enregistrement comme moyen pour le coupable de se forger un alibi ou de commettre un meurtre. Après Robert Culp qui dans Subconscient et dans le rôle du Docteur Bart Keppel trafiquait un film publicitaire en y intégrant des images subliminales, mais aussi bien avant que Trish Van Devere dans le rôle de l'assistante de production Kay Freestone profite de la projection d'un long-métrage dans l'épisode Meurtre Parfait pour commettre un meurtre, le tueur de PlayBack use de tous les outils technologiques qui sont à sa portée pour se constituer un alibi indéboulonnable. L'acteur Oskar Werner interprète cet ingénieux assassin qui pour conserver sa place au milieu de l'entreprise de domotique dirigée par sa belle-mère et pour demeurer auprès de son épouse Elizabeth qui elle est clouée dans un fauteuil roulant, tue Margaret Midas après qu'elle ait découvert que son beau-fils trompait sa fille avec de jeunes femmes. La grande demeure familiale étant un vaste champ d'expérimentations dans le domaine de la domotique, elle est farcie de caméras de surveillances que Harold Van Wyck va mettre à contribution pour commettre son meurtre. Alors qu'à l'extérieur de la demeure un gardien veille à la sécurité des Van Wyck et de leur propriété, Harold s'apprête à enregistrer à l'aide d'une caméra de surveillance le meurtre qu'il va commettre avant de le diffuser en différé tandis qu'il se sera rendu à une invitation à l'extérieur...


Certains assassins semblent avoir la fâcheuse habitude de trop vouloir en faire lorsqu'il s'agit de prouver qu'ils ne pouvaient être sur le lieu du meurtre. Bien que l'on puisse comprendre que Dale Kingston (interprété par l'acteur Ross Martin) s'acharne à vouloir prouver son absence sur les lieux du meurtre en évoquant à différentes occasions l'heure qui s'affiche à sa montre dans l'épisode Plein Cadre, le fait que Harold Van Wyck fasse de même ne trouve pas vraiment de justification puisque le gardien (interprété par l'acteur Herbert Jefferson Jr.) est là pour témoigner de l'absence de l'assassin au moment même où il assiste au meurtre de son employeuse. Dans cet épisode, nous retrouvons aux côtés de Peter Falk, l'actrice Gena Rowlands avec laquelle il partagea la vedette du formidable A Woman Under the Influence que réalisa John Cassavetes six mois auparavant, époux de l'actrice et meilleur ami de Peter Falk. Elle y interprète l'épouse de l'assassin, clouée sur un fauteuil roulant, amoureuse d'un époux adultère, froid et ambitieux...


Détail amusant, on découvre pour la première fois le lieutenant porter la main à une arme afin de s'en servir. Connu pour avoir peu d’empathie pour ce type d'objets pourtant très efficaces dans certaines situations, on le voyait déjà volontairement perdre son badge pour n'avoir pas à passer un test de tir dans l'épisode La femme Oubliée ou confier à Robert Vaughn (dans le rôle de Hayden Dansigger) l'utilisation d'un revolver afin de tirer dans un matelas dans l'épisode Eaux Troubles. Plus que jamais semblable à n'importe lequel d'entre nous, le lieutenant arrive sur la scène de crime dans un état de santé relativement précaire. Rien de grave, juste un petit rhume qui gâche ce début d'enquête mais qui heureusement ne l'empêchera pas de faire toute la lumière sur cette affaire apparemment compliquée à résoudre. À noter que la résolution de l'intrigue est particulièrement savoureuse, Columbo n'étant pas forcément à l'aise lorsqu'il s'agit de ''nouvelles'' technologies. C'est pourtant bien grâce à ces dernières, celles-là même dont profita le tueur pour commettre un meurtre et se forger un alibi, et grâce à un ''petit détail'', que le lieutenant parviendra à ses fins...