samedi 20 avril 2024

Fantasmes (Sex and the Married Detective) de James Frawley (1989) 🚬 🚬 🚬

 


 

Les meurtres commis par des femmes dans la série sont relativement rares si nous les comparons aux assassinats perpétrés par les criminels de sexe masculin. Sans compter celles qui ne firent que participer indirectement aux meurtres, à peine plus d'une douzaine de femmes se rendirent donc coupables d'homicides. Et parmi elles, le docteur Joan Allenby (l'actrice Lindsay Crouse), une célèbre sexothérapeute, amante de David Kincaid (Stephen Macht), qui un soir retourne à son cabinet après que le vol en avion qu'elle avait prévu de prendre pour Chicago ait été supprimé pour y découvrir l'homme qu'elle aime dans les bras de sa propre secrétaire. Cachée derrière une paroi en bois, elle assiste à travers les interstices à la relation sexuelle entre David et la jeune femme. Mais ce que supportera sans doute moins encore Joan seront les propos humiliants que tiendra son amant dans les bras de la secrétaire. Joan repart anéantie mais avec dans l'idée de se venger... Et oui, la raison invoquée dans cet épisode intitulé Fantasmes (Sex and the Married Detective) est toute bête. Fallacieuse, voire même injustifiable pourrions-nous considérer alors même qu'il lui aurait suffit de rendre la pareille à cet individu manquant très franchement de délicatesse et de subtilité. Afin de commettre son crime, la sexothérapeute organise une sortie en compagnie de David lors de laquelle elle va se grimer en noir et se faire appeler Lisa afin de devenir méconnaissable. Un jeu qui lui permettra de se cacher sous les traits d'une autre et lui servira à détourner l'attention des enquêteurs vers une femme qui en réalité n'existe pas. Une fois de plus, nous retrouvons à la mise en scène de cet épisode le réalisateur James Frawley qui revient tout juste après Ombres et Lumières dont il avait lui-même été l'auteur quelques mois auparavant. Si les femmes sont effectivement des meurtrières qui se font rares dans cette série constituée de soixante-neuf épisodes, les raisons invoquant les homicides sont par contre chez elles communes à celle qui implique le meurtre de l'amant du docteur Joan Allenby.


Ici, pas d'avarice. Juste une sensation de jalousie et un désir de vengeance qui vont prendre d'énormes proportions puisque la femme trahie ira jusqu'à tuer celui qu'elle aime. Des cas comme celui de Fantasmes il y en eu d'autres durant les dizaines d'épisodes qui constituèrent la série Columbo. L'un des plus remarquables demeurant sans doute Le meurtre aux deux visages et le cas de Lauren Stanton (incarnée par la sublime Faye Dunaway) qui lors de la treizième saison organisera le meurtre de son amant avec l'aide d'une jeune femme dont le lien avec la meurtrière nous sera dévoilé en cours de récit. Écrit par Jerrold L. Ludwig, le troisième et avant-dernier épisode de la huitième saison est accompagné par une partition musicale relativement sensuelle composée par le compositeur Patrick Williams. Une bande musicale qui participe au jeu de la séduction entre la meurtrière et le lieutenant Columbo. Fantasmes invoque en outre la thématique de la schizophrénie lorsque Joan commence à prendre l'habitude de s'habiller en noir et à se faire appeler Lisa. Un personnage beaucoup plus démonstratif en matière de sexualité et auquel l'héroïne offre un temps d'existence de plus en plus important. Le docteur Joan Allenby fait partie de ces personnages dont on aimerait presque pardonner leur acte même si au fond, tuer pour raison d'adultère peut paraître quelque peu excessif ! L'univers dans lequel est ici ''enrôlé'' notre lieutenant préféré change des cadres habituels et il va lui falloir garder toute sa concentration afin de dénouer le nœud de cette affaire très particulière dans les annales de la série. Fantasmes dénote une nouvelle fois la force de résistance mentale de Columbo pour lequel les tentations sont toujours aussi présentes. Mais en grand professionnel, il mènera son enquête jusqu'à son terme. Notons la fin assez touchante de cet épisode pourtant mi-figue, mi-raisin entre le policier et la meurtrière. Une conclusion que l'on pourrait de loin comparer à celles de Meurtre à l'ancienne de Robert Douglas ou celle de Quand le vin est tiré de Leo Penn...

vendredi 19 avril 2024

Ombres et lumières (Murder, Smoke and Shadows) de James Frawley (1989) 🚬 🚬 🚬 🚬

 


 

Comme nous l'évoquions dans le précédent épisode, Ombre et lumière (Murder, Smoke and Shadows) plonge le lieutenant Columbo dans l'univers du cinéma. Ça n'est certes pas la première fois, loin de là, mais dans ce nouveau chapitre des enquête de l'un des plus célèbres flics de Los Angeles qui se place en seconde position dans la huitième saison, ça n'est plus à d'anciennes gloires ou à des acteurs de télévision à la mode qu'il est confronté mais à l'un de ces réalisateurs, jeunes, beaux mais aussi arrogants et ambitieux qu'il va avoir à faire. Lorsque l'acteur Fisher Stevens débarque sur le tournage pour y incarner le tueur Alex Brady, il a tout juste vingt-cinq ans mais incarne un personnage qui déjà possède une réputation qui lui permet d'imposer son style et sa personnalité. Une attitude légère qui dénote une ambiguïté entre sa jeunesse et les responsabilités qui lui incombent. Par chance, son nouveau long-métrage est produit par un homme sacrément compréhensif... Du moins jusqu'à un certain point. Mais là n'est pas le problème. Plus embarrassante sera la confrontation entre Alex Brady et son ancien ami Leonard Fisher que la réalisation de son nouveau projet. Un film qui, en toile de fond permettra surtout au réalisateur James Frawley de mettre le pied du lieutenant Columbo à l'étrier d'un univers qui ressemblera d'abord à un parc d'attraction que l'on visite à bord d'un car avant d'explorer ses recoins les plus sombres. L'on apprend en effet qu'Alex s'est rendu responsable de la mort de la sœur de Leonard lors d'un tournage. Un accident de moto lors duquel le jeune réalisateur avait pris la fuite. C'est un ancien ami des deux hommes qui avant sa mort a confié à Leonard une vidéo montrant ce qu'il s'était réellement passé ce jour là. Et pour ce frère toujours anéanti par la mort de sa sœur, le jour de la vengeance est arrivé. En effet, il est temps pour lui de médiatiser l'affaire afin de ruiner la carrière et la réputation d'Alex. Et pourtant, la victime, ce sera lui. Assassiné par le jeune réalisateur qui le soir même lui tendra un piège. Débarque alors Columbo dans le luxueux... laboratoire de recherche d'Alex et qui d'emblée analyse la scène et découvre que le réalisateur (et spécialiste des effets-spéciaux, j'oubliais de le préciser) a récemment reçu une visite. À l'occasion de cet épisode, les spectateurs auront l'occasion de noter la somme d'erreurs commises par Alex.


Des ''étourderies'' en cascades qui entrent malgré tout dans une certaine logique puisque le tueur fait partie de ces assassins qui dans la série commettent leur crime de manière spontanée et presque irréfléchie. Car si Alex aura tout de même eu l'après-midi tout entier pour planifier le meurtre de Leonard (qui naïvement attendait dans l'appartement du réalisateur que celui-ci lui démontre que la vidéo était truquée), il ne semble par contre pas avoir pris en compte tous ces petits détails qui pourraient éveiller les soupçons sur lui. Autant dire que pour Columbo, cette enquête, c'est du pain béni ! À tel point, même, qu'il prendra le temps de cabotiner dans des proportions un brin disproportionnées (voir la dernière partie). Sur un script de Richard Alan Simmons (pour qui, Ombre et lumière sera l'avant-dernier scénario avant toutes cessassions d'activité), James Frawley s'attaque là au quatrième des six épisode qu'il réalisera pour la série. Prolifique et talentueux, il ne signe certes pas là le meilleur d'entre tous ni même de tout ceux dont il eut la charge mais l'univers cinématographique offert par Ombre et lumière tranche radicalement avec tout ce que l'on a pu voir jusque là. En fouillant bien dans les archives de la série, seul Deux en un de Bernard L. Kowalski et avec William Shatner avait su parfaitement retranscrire l'univers télévisuel, ce second épisode de la huitième saison étant une proposition similaire beaucoup plus ambitieuse dans sa forme. Bien que la traduction du titre original qui, s'il avait été scrupuleusement respecté aurait donné sur notre territoire un étonnant ''Meurtre, fumée et ombres'', n'est pas vraiment fidèle, Ombre et lumière respecte malgré tout une certaine idée du cinéma. Une projection en deux ou trois temps entre obscurité et clarté, signifiée à au moins deux reprises. Lors du meurtre et lors de cette séquence improbable où James Frawley utilise le décor à bon escient. Sous ses airs de jeune premier, Fisher Stevens campe l'un de ces assassins au rire jaune et au fond, très immoraux que l'on se délecte par avance de voir tomber dans les mailles de ses propres filets. Ce trop-plein d'assurance qui en général finit de faire tomber le méchant de l'histoire. Il est amusant de noter un détail qui, après le précédent épisode Il y a toujours un truc pourtant réalisé et écrit par d'autres que James Frawley et Richard Alan Simmons, refait surface : la trahison ! Ni le Docteur Paula Hull dans un cas, ni Ruth Jernigan (Molly Hagan) dans le second n'auront participé à l'élaboration des meurtres, mais trop proches des assassins, l'une et l'autre finiront par trahir le tueur en collaborant avec le lieutenant...

 

mercredi 17 avril 2024

Il y a toujours un truc (Columbo Goes to the Guillotine) de Leo Penn (1989) 🚬 🚬 🚬 🚬



 

Après près de douze ans d'absence à la télévision, la série Columbo a repris du service le 6 février 1989 aux États-Unis et seulement cinq ans plus tard en France. Pour le retour du célèbre lieutenant sur le petit écran, le réalisateur Leo Penn (qui avait clôturé la première époque avec le dernier épisode de la saison précédente, Des sourires et des armes) confronte Columbo au télépathe Eliot Blake (l'acteur britannique Anthony Andrews) qui au départ de l'intrigue mène une expérience devant des agents du département d'état afin de démontrer ses facultés télépathiques. L'un de ses représentants lui oppose le magicien Max Dyson (Anthony Zarbi) afin de démontrer si oui ou non ses capacités son réelles. Si les résultats semblent démontrer qu'Eliot Blake est effectivement capable de lire dans les pensées, nous découvrons très rapidement que le télépathe et le magicien se connaissent depuis de nombreuses années et que l'expérience menée par ce dernier ne fut qu'une vaste mystification. Les deux hommes se retrouvent plus tard chez Max Dyson et alors que celui-ci est en train de travailler sur un tour de magie (la célèbre Guillotine au doigt en grandeur nature), Eliot Blake provoque sa mort par décapitation. Des nombreux assassinats qui auront lieu tout au long de la série, celui-ci demeurera comme l'un des plus violents même si le meurtre est évidemment filmé hors-champ... Il y a toujours un truc (Columbo Goes to the Guillotine) n'est pas le premier épisode a avoir confronté le lieutenant Columbo au monde de la magie puisque l'on se souvient très bien de la relation qu'il entretint quatorze ans auparavant avec l'illusionniste Santini (l'acteur Jack Cassidy) dans l'excellent épisode intitulé Tout n'est qu'illusion dans lequel ce dernier assassinait le patron du cabaret où il officiait (Nehemiah Persoff dans le rôle de Jesse T. Jerome). Le premier épisode de la huitième saison et l'avant-dernier de la cinquième n'entretinrent pas que ces seuls rapports puisque l'un et l'autre évoquent également le passé des tueurs respectifs. Des éléments qui viendront d'ailleurs étayer les soupçons de Columbo. Si Santini tuait le patron du cabaret puisque celui-ci le faisait chanter à cause de son passé de nazi, dans Il y a toujours un truc, la période lointaine lors de laquelle Eliot Blake et Max Dyser partagèrent la même cellule de prison en Afrique est une raison suffisante pour que le premier assassine le second.


Il demeure d'ailleurs deux raisons pour lesquelles le ''télépathe'' décide de se débarrasser de son ancien compagnon et ami. Ce dernier l'avait à l'époque trahit afin d'être libéré de prison et le faire disparaître permet ensuite à Elliot Blake d'éliminer l'unique témoin de la supercherie. Pour son retour à l'image, le plus célèbre détective de Los Angeles s’apprête de ses atours habituels. À commencer par son fameux pardessus froissé. Son retour est de plus marqué par une séquence qui le montre dans l'obscurité avant que n'apparaisse son visage à la lumière du cigare qu'il vient tout juste d'allumer à bord de son véhicule et à proximité du lieu où a eu lieu le meurtre. Notons que la séquence est filmée avec une très grande élégance, de manière très cinématographique et qui laisse presque augurer de l'ambiance qui caractérisera l'épisode suivant réalisé par James Frawley (l'homme derrière la caméra des épisodes Le mystère de la chambre forte, de Meurtre parfait, de Jeu de mots et de trois des vingt-quatre de la seconde époque dont Ombres et lumières dont l'intrigue se déroulera donc dans l'univers du cinéma). Dans Il y a toujours un truc, Columbo se frotte au monde de la magie tout en essayant de soutirer des informations sur les techniques employées sans pour autant en avoir la possibilité. Bien que n'ayant rien perdu de ses capacités d'enquêteurs... voire de fouineur, il fera malgré tout appel à un tout jeune magicien prénommé Tommy et incarné à l'écran par le tout jeune Michael Bacall qui à l'époque n'était âgé que d'un quinzaine d'années et qui plus tard ajoutera à sa casquette d'acteur, celle de scénariste. Bien que Peter Falk ait pris de la bouteille en l'espace d'une dizaine d'années, le retrouver dans son célèbre imperméable est un véritable bonheur. Un retour en grandes pompes si j'ose l'exprimer ainsi puisque le scénariste William Reed Woolfield envisage l'intrigue à travers de multiples accroches. Car outre l'identité du tueur à découvrir pour Columbo, ce dernier aura fort à faire en dénouant le nœud de certains problèmes. Comme d'identifier la manière selon laquelle l'assassin a enfermé la victime chez elle ou mieux, de quelle manière le tueur sera parvenu à identifier les divers monuments photographiés et mémorisés par des agents du gouvernement lors de l'expérience menée durant la première partie du récit, sachant qu'il n'est pas le télépathe qu'il prétend être...

Des sourires et des armes (The Conspirators) de Leo Penn (1978) 🚬 🚬

 


 

Le tout dernier épisode de la septième saison de Columbo a ceci de remarquable qu'il demeure également l'ultime à avoir été diffusé à l'origine sur le groupe audiovisuel américain National Broadcasting Company plus connu sous l'acronyme NBC. Avant qu'une interruption de plus de dix années n'intervienne au sein de la série, le réalisateur Leo Penn (Star Trek, L'homme de fer, La petite maison dans la prairie) qui avait signé en 1973 l'un des meilleurs épisodes de la série avec Quand le vin est tiré réalise par contre à l'occasion de cette fin de septième saison l'un des plus faibles, toutes époques confondues. Le sujet de Des sourires et des armes (The Conspirators) est pourtant l'un des plus délicats auxquels aura à faire face notre lieutenant préféré. Dans cet épisode qui oppose Peter Falk à l'acteur néo-zélandais Clive Revill, ce dernier incarne le personnage de Joe Devlin, poète, chanteur, musicien et écrivain qui en secret mène une vie parallèle au sein d'un groupe de soutien au bénéfice des victimes du conflit nord-irlandais. L'homme et plusieurs de ses collaborateurs réunissent ainsi des fonds afin de se fournir en armes de guerre. Comme je l'écrivais donc un peu plus haut, Des sourires et des armes reste un épisode assez anecdotique sur fond de trafic d'armes peu passionnant. L'une des raisons principales réside sans doute dans le fait que l'enquête soit souvent mise en retrait face aux agissements de l'antagoniste. Le spectateur pénètre alors un univers relativement complexe à saisir dans sa globalité. Leo Penn tente bien d'injecter à cet épisode l'habituelle note d'humour propre à la série mais là encore, les quelques situations pittoresques mettant principalement en scène le lieutenant Columbo tombent généralement à l'eau. Clive Revill incarne cependant un assassin originaire d'Irlande plutôt convainquant malgré ses origines néo-zélandaises.


Son personnage fait partie de ces antagonistes qui tentent de séduire Columbo sans se douter que derrière la profonde naïveté qu'incarne celui-ci se cache des aptitudes d'enquêteur toujours aussi exceptionnelles. Malheureusement, tout ce qui faisait le charme d'un épisode aussi brillant que Quand le vin est tiré est ici absent. La relation entre le tueur et le lieutenant demeure dramatiquement impersonnelle quand celle qui opposait ce dernier à l’œnologue Adrian Carsini (interprété par l'excellent Donald Pleasence) amenait des séquences véritablement touchantes. Autre soucis avec cet épisode : les éléments permettant à Columbo de cheminer vers la résolution de l'enquête. Ces petits détails qui en la matière sont en général assez jouissifs demeurent dans le cas présent tellement prévisibles que lors de la conclusion de l'épisode, le sentiment de frustration est en totale adéquation avec celui qui s'était déjà emparé du spectateur tout au long du récit. Bref, un épisode mineur comme purent notamment l'être en leur temps Immunité diplomatique et Question d'honneur, deux des pires épisodes réalisés l'un et l'autre par le pourtant très efficace Ted Post pour la cinquième saison de la série. Voici donc que s'achève la première époque de la série. L'épisode sera diffusé pour la toute première fois sur le territoire américain le 21 novembre 1977. Le public outre-atlantique devra alors patienter environ douze ans jusqu'au 6 février 1989, date de diffusion du premier épisode de la huitième saison et premier de la seconde époque. Les nouveaux épisodes allant de la quarante-sixième à la soixante-neuvième et ultime enquête du lieutenant seront désormais diffusée par le groupe audiovisuel américain American Broadcasting Company plus connu sous l'acronyme ABC...

 

mardi 16 avril 2024

Jeu de mots (How to Dial a Murder) de James Frawley (1978) 🚬 🚬 🚬 🚬

 


 

Voilà plus de neuf mois qu'aucun article n'était apparu sur ce blog entièrement consacré au plus célèbre lieutenant détective de Los Angeles. En cette année 2024, j'espère y apporter régulièrement de la matière. Sur ce, nous allons donc débuter avec le quatrième épisode de la septième saison très justement intitulé Jeu de Mots. Une traduction en français relativement irrespectueuse de l'original How to Dial a Murder qui peut se traduire ainsi : Comment composer un meurtre... Le stratagème employé par le tueur incarné à l'écran par l'acteur Nicol Williamson qui contrairement à ce que laisse supposer son prénom est bien de sexe masculin reste un cas pratiquement unique dans la série. Alors que d'autres que lui employèrent par le passé et par la suite des méthodes aussi peu conventionnelles (à titre d'exemple, la meurtrière du premier épisode de cette même saison, Le Mystère de la chambre forte, enfermera sa victime dans un coffre, condamnant ainsi celui-ci à mourir par manque d'oxygène), Jeu de Mots aborde le meurtre sous deux angles. Celui du dressage animal qui au son d'un appareil téléphonique et à celui de la voix de leur propre maître vont agir sur la victime de l'assassin, permettant ainsi à ce dernier de se forger un alibi apparemment irréfutable. Mais comme le savent pertinemment les fans du lieutenant Columbo, la dite irréfutabilité sera scrupuleusement déconstruite par son imparable maîtrise de l'enquête dont il aura la charge. D'origine britannique, l'acteur Nicol Williamson sera longtemps considéré comme un immense interprète et surtout auprès de l'auteur dramatique d'origine londonienne John Osborne qui l'estimera carrément être le digne descendant de Marlon Brando.  Acteur de théâtre et de cinéma, Nicol Williamson traîne derrière lui une assez mauvaise réputation qui ne lui permettra sans doute pas d'effectuer la carrière dont il rêvait. Dans cet épisode considéré par beaucoup comme l'un des meilleurs d'entre tous, il incarne l'un de ces quelques individus parfaitement detestables qu'aura l'occasion de croiser le lieutenant Columbo. Sans doute pas aussi méprisable et méprisant que l'immoral et l'amoral Docteur spécialiste de la chirurgie cardiaque du nom de Barry Mayfield qu'interprétera l'acteur américain Leonard Nimoy dans le sixième épisode de la seconde saison intitulé Le spécialiste, mais tout de même... Un peu trop sûr de lui, cet autre Docteur (en psychologie) du nom d'Eric Mason (doublé en français par Claude D'Yd) organise le meurtre de son ami, le Docteur Charles Hunter qu'il rend responsable de la mort de son épouse dans un grave accident de la route. 



Individu qui en outre était l'amant de la jeune femme. Ce qui laisse traîner un doute durant tout le récit quant aux causes réelles et authentiques qui pousseront le Docteur Eric Mason a assassiner celui qu'il considérait jusque là comme son ami. Après avoir entraîné ses deux dobermans à l'attaque en employant une technique de conditionnement plus connue sous le nom de Réflexe de Pavlov du nom d'Ivan Petrovitch Pavlov, Eric Mason provoque à distance celle de Charles Hunter en passant un appel téléphonique dans sa propre demeure, sachant que sa future victime y est présente. L'assassin profite d'une visite chez son cardiologue pour se constituer un parfait alibi. Mais comme pu l'évoquer à la toute fin de l'épisode Exercice fatal de la quatrième saison le lieutenant Columbo face au tueur Milo Janus incarné alors par l'excellent Robert Conrad, le récit de Jeu de mots aurait pu aisément réintroduire la mythique semonce finale ''Vous avez voulu créer le parfait alibi, et c’est votre parfait alibi qui vous a trahi ''. Ici, le fait est par contre à prendre avec quelques pincettes puisque l'évidence n'est pas aussi flagrante que dans l'épisode cité ci-dessus. Tout du moins aidera-t-il Columbo a se forger une opinion sur celui qu'il va inlassablement traquer. A vrai dire l'on est plus proche de l'un des éléments prouvant la culpabilité de Hayden Danzinger, le tueur de l'excellent épisode réalisé par Ben Gazzara lors de cette même quatrième saison, Eaux troubles. Le réalisateur James Frawley (qui avait précédemment réalisé l'épisode Meurtre Parfait et le scénariste  Tom Lazarus semblent en fait s'être nourris d'épisodes anciens comme le démontre une nouvelle fois l'utilisation d'animaux comme arme indirecte. Car tel était déjà le cas dans le très moyen Question d'Honneur de la cinquième saison et dont le tueur faisait cette fois-ci appel à un taureau ! Jeu de mots fait en outre la part belle au cinéma puisqu'à de nombreuses reprises sont évoquées des sources provenant notamment du Citizen Kane d'Orson Welles. Le film Rosebud d'Otto Preminger réalisé en 1975 y fait d'ailleurs vaguement référence à travers son titre tandis que l'une de ses interprètes, l'actrice Kim Cattrall, incarne ici la frêle Joanne Nichols. Face à la défroque du lieutenant Columbo et de son célèbre pardessus froissé, le Docteur Eric Mason apparaît comme un individu rigide et antipathique dont la seule émotion se situe lors du meurtre de son ami pour lequel il exprime une réelle satisfaction.  L'épisode, en dehors de l'enquête, met au centre du débat le dressage canin de manière parfois glaçante (le meurtre) mais aussi humoristique (Columbo tentant de se convaincre que son chien pourrait être une véritable arme de guerre ou de défense)... Un excellent épisode...

mercredi 5 juillet 2023

Meurtre Parfait (Make Me a Perfect Murder) de James Frawley (1978) 🚬 🚬 🚬 🚬

 


 

L'humiliation... ce sentiment qui pousse à la vengeance après une période plus ou moins longue durant laquelle notre état d'esprit est proche du néant, déchiré par la honte puis la rancœur. Elle est l'un des ciments du troisième épisode de la septième saison de Columbo. Réalisé par James Frawley qui rien que pour cette dernière sera l'auteur de trois épisodes, Meurtre parfait (Make Me a Perfect Murder) est en partie basé sur le concept d'offense, comme le sera partiellement mais sans doute encore davantage l'épisode intitulé Fantasmes de la huitième saison où la meurtrière devait subir les railleries de son amant découvert au lit avec une autre femme. Ou bien plus tard encore, lors du premier des deux seuls épisodes de la treizième saison Le meurtre aux deux visages dans lequel une femme découvrait là aussi que son amant couchait avec une autre. Qui de plus, se révélait être sa propre fille ! Double humiliation avec, pour résultat, toujours la même méthode consistant à se débarrasser du mécréant en l'assassinant ! Mais pour revenir à Meurtre parfait, celui-ci s'intéresse à Kay Freestone, la maîtresse du directeur de la chaîne de télévision CNC. Lequel obtient une promotion lui permettant en outre d'aller s'installer à New York. Kay, son assistante de post-production, pense voir s'ouvrir devant elle l'opportunité de prendre la place de son amant Mark McAndrews. Mais contre toute attente, celui-ci refuse, arguant qu'elle est la meilleure dans sa catégorie et que le poste de directrice de la chaîne n'est donc pas envisageable. Un affront que l'homme paiera de sa vie lors de la projection d'un téléfilm servant d'alibi à Kay Freestone. En effet, alors que le projectionniste quitte la salle de projection, laissant la jeune femme se charger du changement à venir de bobine, celle-ci quitte aussi discrètement que précipitamment la salle à son tour afin de se rendre dans le bureau de Mark pour le tuer. Le meurtre accompli, Kay remonte à l'étage et reprend sa place dans la salle de projection avant que le projectionniste ne réapparaisse. Si comme le titre l'indique, le meurtre semble en effet parfait, il suffira d'un gant pour que le lieutenant Columbo suspecte Kay Freestone. Ce même gant qui trahit quelques années en arrière l’assassin de l'excellent épisode Eaux troubles. Un tueur incarné par le génial Robert Vaughn qui déjà, employait une méthode similaire en se faisant passer pour malade et ainsi accueillir à l'infirmerie d'un luxueux bateau de croisière. Allongé dans l'un des lits, il se débrouilla pour disparaître de la chambre le temps de descendre jusqu'à la loge de celle qui le faisait chanter afin de l'assassiner avant de reprendre sa place dans le lit de l'infirmerie !


Mais alors que Hayden Danzinger cherchait surtout à cacher sa liaison avec celle qui allait devenir sa victime (l'homme ne pouvant pas se passer de la fortune de son épouse Sylvia incarnée par l'actrice Jane Greer), les raisons qu'invoque Meurtre parfait sont déjà nettement plus troubles. Voire même discutables si tant est que certains meurtres se justifient plus que d'autres. L'on retrouve parmi les seconds rôle, l'acteur récurrent Bruce Kirby qui incarna à six reprises le sergent George Kramer mais qui dans le cas présent interprète le personnage du réparateur de télévisions. Outre la présence de l'inusable Peter Falk, cet épisode est surtout porté par l'excellente Trish Van Devere qui comme son nom ne l'indique pas forcément est une actrice américaine née le 9 mars 1941 à Englewood Cliffs, dans le New Jersey. Elle fut l'épouse durant de longues années de l'acteur George C. Scott avec lequel elle partagera la vedette de l'un des plus terrifiants longs-métrages sur le thème des maisons hantées, L'enfant du Diable (ou The Changeling) de Peter Medak en 1979, lequel renvoyait la plupart des films traitant de ce sujet au rang de contes pour enfants. Dans cet épisode débutant par un accident de voiture mettant en scène le lieutenant qui du coup sera contraint de porter une minerve durant une partie de l'intrigue, le personnage de Kay Freestone est assez particulier puisque parmi les soixante-neuf épisodes et quatre-vingt douze meurtres qui en découlèrent, celui-ci demeure l'un des plus difficiles à concevoir moralement dans le sens où rien ou presque ne le justifie sinon l'humiliation évoquée au début de cet article. L'un des attraits principaux de Meurtre parfait réside également dans le suspens quasi insoutenable que James Frawley (qui est également l'auteur du scénario aux côtés de Robert Blees) maintient lors de la commission du meurtre. Entre les secondes qui s'égrènent au rythme d'un compteur diffusé par les écouteurs directement enfoncées dans les oreilles de la meurtrière et la présence inopinée d'un gardien lors du retour dans la salle de projection, la séquences est millimétrée afin de tenir le spectateur en haleine. Tout comme le sera celle de la récupération de l'arme dans le plafond de la cage d'ascenseur et que l'on devine très rapidement être un piège tendu par notre lieutenant de police préféré. James Frawlay réalisait là, l'un des meilleurs épisodes de cette septième saison...