vendredi 27 mars 2020

Une ville fatale de Peter Falk (1972) 🚬🚬🚬



Dernier épisode de la première saison de Columbo, Une ville fatale (Blueprint for Murder) possède un atout de taille par rapport aux précédents et à tous deux qui suivront jusqu'au dernier : il s'agit du premier et surtout de l'unique que réalisa lui-même Peter Falk. Une aventure qui ne se fit pas sans encombres pour l'acteur qui rencontra quelques soucis avec certains dirigeants de la Universal qui tentèrent de revenir sur un accord lui autorisant de réaliser un épisode de Columbo. Ce n'est qu'après avoir bataillé, résisté, et même menacé de quitter la série que Peter Falk eut gain de cause. Mais les ennuis n'allaient pas s'arrêter là. Car à l'image du titanesque chantier que représente dans cet épisode la construction d'un projet urbaniste, il a fallut pour l'acteur/réalisateur avoir les reins solides devant l'ampleur de la tâche. En insistant pour réaliser Une ville fatale sur la base d'un scénario écrit par Steven Bochco à partir un sujet de William Kelley et Ted Leighton, Peter Falk s'est comme infligé à lui seul, un châtiment... qu'il parviendra cependant à relever haut la main...

L'une des particularités de cet épisode, outre le fait que Peter Falk l'ait réalisé, demeure dans l'absence de cadavre. L'ambitieux architecte Elliot Markham à l'origine du projet pharaonique WilliamsonVille ayant besoin de s'assurer de la continuité du financement (bien que Bo Williamson ait décidé de lui couper les vivres) est contraint de se débarrasser du riche homme d'affaire. Mais parce qu'il ne peut se permettre que l'on découvre son cadavre, Elliot Markham le cache dans une écurie, lui permettant ainsi de continuer les travaux avec l'aide de la nouvelle épouse de la victime, Jennifer. Inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son ancien mari, Goldie Williamson évoque son désarroi auprès des autorités qui délèguent sur place le lieutenant Columbo. Bien que rien ne vient étayer l'hypothèse de Goldie selon laquelle Bo serait mort, certains détails laissent Columbo songeur. Il découvre notamment que la victime n'écoutait que de la country. Mais lorsqu'à bord de son véhicule retrouvé à l'aéroport, le lieutenant remarque que l'auto-radio est placé sur une station qui ne diffuse que de la musique classique, celui-ci s'en étonne.

Très rapidement, il se met à soupçonner l'architecte, d'autant plus qu'il découvre qu'il est lui-même un grand amateur de musique classique et qu'il apprend que la veille, Bo Williamson a débarqué dans son bureau, furieux, avant de détruire la maquette du projet de construction de WilliamsonVille. La mise en scène de Peter Falk n'a pas à rougir face à celles de Steven Spielberg, Jack Smight, Hy Averback ou Bernard L. Kowalski. Une ville fatale confronte l'acteur/réalisateur à Patrick O'Neal que l'on verra notamment dans le film de guerre Un Château en Enfer de Sydney Pollack en 1969, le western El Condor de John Guillermin en 1970 ou bien plus tard, Die Hard 2 : 58 Minutes pour vivre de Renny Harlin en 1990. La victime quant à elle est interprété par Forrest Tucker, Goldie Williamson par l'actrice Janis Page et Jennifer par Pamela Austin. Dans une séquence qui rappelle sensiblement celle de l'épisode Faux Témoin de Bernard L. Kowalski dans laquelle Columbo se retrouvait déjà face à une administration fastidieuse, on le découvre lors d'une scène proprement hilarante le contraignant à faire la queue durant des heures afin d'obtenir la permission de détruire un pilier (William Kelley et Ted Leighton auraient-ils inspiré René Goscinny et Albert Uderzo pour l'excellent dessin animé Les Douze Travaux d'Astérix ?).

Une fois de plus, la ténacité du lieutenant est mise à contribution et le machiavélisme avec lequel il s'avère parfois capable de composer donne lieu à un final absolument réjouissant. En effet, comment ne pas penser que la destruction du pilier sous lequel il prétend croire pouvoir découvrir le corps de la victime n'est pas un subterfuge lui permettant de manipuler le meurtrier afin de le faire agir à sa guise ? L'adage ''La foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit'' prenant ici tout son sens. Peter Falk réalise ici un excellent épisode permettant à son personnage, après l'univers de la littérature, celui d'une agence de détective ou encore celui de la peinture, de se frotter au monde des architectes...

lundi 23 mars 2020

Accident de Edward M. Abroms (1972) 🚬🚬



Sixième épisode de la première saison, Accident (Short Fuse) de Edward M. Abroms possède son comptant de vedettes du cinéma et du petit écran. La première d'entre elles n'est autre que l'acteur britannique Roddy McDowall qui n'est réellement devenu une star mondiale qu'après avoir incarné le singe Cornelius dans quatre épisodes des cinq de la mythique saga de science-fiction post-apocalyptique La Planète des Singes (rôle qu'il fut contraint d'abandonner le temps de l'épisode Le Secret de la Planète des Singes au profit de l'acteur David Watson). Il incarne dans Accident le rôle de Roger Stanford, un jeune chimiste immature et excentrique que son oncle David Buckner oblige à quitter l'entreprise familiale créée par son père. Victime de chantage, Roger place des explosifs dans l'une des boites de cigares dont est friand David afin de s'en débarrasser. C'est lors d'un voyage à l'arrière d'une voiture conduite par son chauffeur Quincey (l'acteur Lauwrence Cook), et alors qu'il tente de joindre au téléphone son épouse Doris, que l'oncle de Roger ouvre la boite provoquant ainsi une terrible explosion qui lui coûte la vie ainsi qu'à son chauffeur.

En témoigne alors le message vocal laissé par la victime sur une bande magnétique. David Buckner est incarné par l'acteur américain James Gregory, lequel tourna pour le cinéma et la télévision. On le vit notamment dans les séries The Twilight Zone, Les Mystères de l'Ouest ou encore Papa Schultz. Il apparut également dans l'épisode Le Secret de la Planète des Singes de la saga, justement celui où n'apparaît pas son ''assassin'', Roddy McDowall dans Accident). James Gregory réapparaîtra une seconde fois auprès de Peter Falk dans la série puisqu'il interprétera le rôle du coach d'une équipe de football américain dans le troisième épisode de la seconde saison, Le Grain de sable (The Most Crucial Game) de Jeremy Kagan.

Le rôle de Doris Buckner est quant à lui confié à l'actrice Ida Lupino. Outre sa seconde participation à la série en 1974 (Le Chant du cygne (Swan Song) de Nicholas Colasanto, septième épisode de la troisième saison), elle tourna dès les années trente et fit une brillante carrière qui lui permis de côtoyer d'immenses cinéastes tels que Raoul Walsh (Artistes et Modèles en 1937, Une Femme Dangereuse en 1940 ou The Man I Love en 1947), Michael Curtiz (Le Vaisseau fantôme en 1941) ou l'allemand Fritz Lang (La Cinquième Victime en 1956), ce qui ne l'empêcha pas de tourner parfois dans des budgets dérisoires (Soudain... les Monstres de Bert I. Gordon en 1976). E Enfin, les amateurs de science-fiction remarqueront la présence de l'actrice américaine Anne Francis qui entre autres rôles au cinéma et à la télévision aura surtout fait une apparition remarquée dans le classique de la science-fiction de Fred McLeod Wilcox, Planète Interdite en 1956 dans le rôle de Altaira Morbius.

Accident fait partie de ces quelques épisodes qui ne laisseront pas de souvenirs impérissables. La mise en scène est classique, le piège tendu par Columbo est amusant mais l'issue est loin d'atteindre des sommets en comparaison de certains autres épisodes. En contrepartie, le score est toujours aussi savoureux. On appréciera encore une fois les compositions de Henry Mancini (que l'on retrouvera au générique de vingt-trois épisodes, tout de même!) et peut-être même encore davantage celle écrite par le compositeur Gil Mellé qui ouvre le bal, et que l'on croirait sous l'influence du génial Lalo Schifrin. À sa décharge, cet épisode réalisé par Edward M. Abroms (qui réalisera également l'épisode Match dangereux (The Most Dangerous Match ainsi que le troisième de la première saison de Madame Columbo) offre un Roddy McDowall en roue libre en total décalage avec les faits qui lui sont reprochés. Accident est également l'occasion de découvrir l'une des tares du célèbre lieutenant de la police criminelle de Los Angeles. En effets, Columbo a le vertige. Fumeur de cigares invétéré, il s'apprête même à prendre possession d'une pièce à conviction avant que ne le remette dans le droit chemin l'un des personnages secondaires (l'acteur William Windom dans le rôle de Everett Logan)...

vendredi 20 mars 2020

Attente de Norman Lloyd (1971) 🚬🚬🚬



Erratum : dans l'article précédent consacré à l'épisode Plein Cadre de Hy Averback , j'évoquais la présence en fond sonore du score du compositeur américain Billy Goldberg et notamment l'emploi du thérémine dont j'allais affirmer que l'emploi demeurerait '' unique dans l'histoire de la série''. Erreur ! Grossière erreur de ma part puisque dès l'épisode suivant, dont la bande-son est une nouvelle fois confiée à Billy Goldberg, on entend très clairement des sonorités produites à l'aide de ce très vieil instrument de musique électronique. On peut par contre affirmer que le compositeur a cette fois-ci employé l'instrument à bon escient, accompagnant une première partie visuellement assez troublante. Contrairement à la majorité des épisodes de la série, Attente (Lady in Waiting) de Norman Lloyd procure en effet dès la septième minute et durant les cinq ou six suivantes, un sentiment très étrange. L’héroïne de cet épisode interprétée par l'actrice Susan Clark revit avant que l'acte meurtrier ne soit réellement accompli, toute la scène telle qu'elle l'a conçue et imaginée. En résulte une succession de plans relativement sinistres et délétères, image altérée à l'appui. Autre particularité de cet épisode, le plan conçu par Beth Chadwick ne se déroule pas tout à fait comme la meurtrière l'avait prévu. Projetant d'éliminer son frère, lequel semble l'avoir soumise durant toute son existence, Beth organise un faux cambriolage en empêchant ce dernier d'accéder normalement à leur demeure. En supposant qu'il passera par la baie vitrée de sa chambre, ce qui devrait offrir à la jeune femme l'occasion de l'abattre et ainsi faire croire à un cambriolage...

Cependant, Beth n'avait pas prévu que Bryce (l'acteur Richard Anderson notamment connu pour avoir interprété le rôle d'Oscar Goldman dans les séries L'Homme qui valait trois milliards et Super Jaimie) ait en sa possession un double des clés lui permettant d'entrer normalement dans leur propriété. Alors que la série part généralement du principe que le tueur est connu dès le départ (et c'est d'ailleurs toujours le cas dans cet épisode) et que le spectateur découvre habituellement en même tant que le lieutenant les éléments qui lui permettront de confondre ce dernier, les plus attentifs d'entre tous pourront, une toute petite poignée de secondes avant le triple coup de feu, découvrir LE détail qui perdra la meurtrière. La résolution de l'enquête s'inscrit effectivement ici dans la chronologie des faits. Un détail indiscutable, une preuve apportée par le petit ami de Beth lui-même. Bien involontairement d'ailleurs puisque c'est lors d'une rencontre entre le lieutenant et Peter Hamilton (interprété par le célèbre héros de la série de longs-métrages Y a-t-il un flic...? Leslie Nielsen que l'on reverra plus tard dans Columbo à l'occasion du troisième épisode de la cinquième saison Jeu d’identité (Identity Crisis) de Patrick McGoohan) que ce dernier révèle l'indice qui fera échouer l'entreprise de Beth. Le personnage qu'interprète Susan Clark veut voler de ses propres ailes et on la comprend. On la surprotégeant, son frère finit par en subir les conséquences. Changement radical de personnalité pour Beth dont la personnalité mue à tel point que la jeune femme fragile finit par s'épanouir tout en se révélant in-su-ppor-ta-ble !!!

Si de bonnes idées submergent de cet épisode, il s'avère par contre au final relativement anodin. Réalisation classique pour l'acteur, producteur et réalisateur américain Norman Lloyd qui durant sa carrière réalisera bon nombre d'épisodes de séries télévisées parmi lesquelles Alfred Hitchcock présente entre 1958 et 1962 ou bien Bizarre, bizarre en 1983 et 1984. Parmi les seconds rôles, outre Leslie Nielsen et Richard Anderson, on retrouve l'actrice Jessie Royce Landis qui interprète le rôle de la mère de Beth. Au cinéma, on la verra notamment chez Alfred Hitchcock (La Main au Collet en 1955, puis La Mort aux Trousses en 1959 ou chez Raoul Walsh avec Les Déchaînés la même année. Plus amusant, et là encore, il faudra être très attentif ou du moins physionomiste, l'acteur Richard Bull fait une apparition dans le rôle d'un détective. Ôtez-lui sa moustache et dessous se cache... ? L'interprète de Nels Olson de l'inoubliable série La Petite Maison dans la Prairie créée au milieu des années soixante-dix par l'acteur, producteur, scénariste et réalisateur Michael Landon...

mercredi 18 mars 2020

Plein Cadre de Hy Averback (1971) 🚬🚬🚬



Un détail que j'ai peut-être oublié de souligner jusqu'à maintenant mais dont les fans de la série ne me tiendront pas rigueur puisqu'ils s'en étaient déjà rendu compte depuis des lustres, Columbo a accueilli non seulement quelques futurs grands réalisateurs (Steven Spielberg, déjà, puis d'autres par la suite) mais également d'illustres interprètes. Au titre desquels on compte dans ce quatrième épisode de la première saison, l'acteur Ross Martin. Et s'il n'évoque rien de particulier pour les plus jeunes d'entre nous, les anciens, eux, s'en souviennent car il fut aux côtés de Robert Conrad, l'un des deux principaux interprètes de la série télévisée Les Mystères de l'Ouest (The Wild Wild West) créée au milieu des années soixante par Michael Garrison. L'acteur qui jouissait jusque là d'un capital sympathie incarne par contre dans l'épisode Plein Cadre (Suitable for Framing) de Hy Averback, le rôle de l'assassin. Mais pas n'importe lequel. De ceux qui ponctuellement se rendirent coupables dans la série non pas d'un seul homicide, mais de deux.

En effet, Dale Kingston, un critique d'art, tue dès les premières minutes son oncle Rudy Mathews (l'acteur Robert Shayne), propriétaire d'une immense collection de tableaux de maîtres, à l'aide de Tracy O'Connor (Rosanna Huffman). Une jeune artiste peintre sans talent à laquelle il fait miroiter une belle carrière dans le domaine de la peinture et avec laquelle il entretient une relation ''intéressée''. La jeune femme n'ayant bien évidemment rien prévu de ce qui va bientôt lui arriver, Tracy accepte d'être la complice de Dale, lui fournissant ainsi un alibi inattaquable. Sans une once de remords ou de scrupules et afin de parfaire son odieuse machination, le meurtrier ira même jusqu'à faire porter le chapeau à Edna Mathews (l'actrice Kim Hunter), l'ex épouse de la victime. Une affaire apparemment complexe que va devoir démêler notre célèbre lieutenant qui à cette occasion va se frotter au monde des arts.

La montre semble être l'un des gadgets favoris des scénaristes qui l'emploieront à plusieurs reprises comme ici. Même si la chose n'est pas clairement établie, on peut supposer que l’insistance du tueur à demander l'heure autour de lui afin de démontrer qu'il était loin de la scène de crime au moment des faits est en partie ''responsable'' des doutes de Columbo quant à la culpabilité du critique d'art. À part ce détail qu'auront relevé les criminologues en herbe, il faut reconnaître que le lieutenant n'a à l'origine, pas grand chose à se mettre sous la dent. Pourtant, un autre détail intelligemment amené va lui permettre de confondre définitivement le coupable. Ce qui donne lieu à un final savoureux entre un Ross Martin désespéré et un Peter Falk égal à lui-même.

Détail ''amusant'', le score composé par le compositeur américain Billy Goldberg, lequel est un habitué de la série puisque jusque là, il était l'auteur des partitions des épisodes Rançon pour un Homme Mort et Le Livre Témoin. Pour Plein Cadre, il livre un score très particulier puisque s'éloignant très clairement des compositions habituelles. Utilisant principalement dans la première partie de l'épisode le thérémine (l'un des plus vieux ancêtres des instruments électroniques actuels créé en 1920 par l'ingénieur Russe Lev Sergueïevitch Termen), Billy Goldberg signe en effets une partition angoissante en total décalage avec le propos. Digne d'une bande-son de film d'épouvante, celle-ci restera unique dans l'histoire de la série. L'enquête de Columbo donne lieu à quelques séquences formidablement amusantes. Le scénario évoque un univers où l'excentricité est reine (irrésistibles couple formé par Joan Shawlee et Vic Tayback). Amusante aussi la séquence où il cherche à mettre la main sur une photo qu'il suppose être celle du tueur mais que la propriétaire tarde à lui faire découvrir, préférant évoquer plusieurs de ses photos personnelles. Notre lieutenant se montre alors terriblement impatient. Nouvelle facette de sa personnalité : la pudeur. Une pudeur sans doute teintée de timidité lorsqu'il détourne le regard face à Chris, le modèle du peintre Sam Franklin. Un épisode très drôle, ce qui ne l'empêche pas d'être un modèle de construction...

dimanche 15 mars 2020

Poids Mort de Jack Smight (1971) 🚬🚬



Troisième épisode de la première saison de Columbo, Poids mort (Dead Weight) de Jack Smight est également le plus faible en terme d'intérêt. Le scénario demeure sans doute l'un des plus décevant et la réalisation, l'une des moins prenante parmi les soixante-neuf épisodes. Celui qui pourtant réalisera plus tard l'excellent téléfilm Frankenstein: The True Story ou les longs-métrages Airport 1975 et Damnation Alley semble peu à l'aise avec le personnage de Columbo qui s'avère en fait plutôt timide face à celui du tueur qu'incarne l'acteur Eddie Albert. Acteur à la carrière cinématographique et télévisuelle importante (il interpréta notamment le rôle du Colonel Thompson dans Le Jour le plus Long), Eddie Albert interprète dans cet épisode le rôle du général Martin Hollister, valeureux héros de la guerre qui pourtant s'est adonné à certains trafics aux côtés du colonel Roger Dutton (l'acteur John Kerr). Ayant peur que sous la pression ce dernier ne révèle tout de leurs affaires, Hollister le tue et cache le corps derrière le mur secret de sa demeure. Malheureusement pour lui, une jeune femme passant par là à bord d'un bateau assiste à la scène et prévient les autorités. Columbo est très rapidement chargé de l'affaire. Mais alors qu'après avoir pris contact avec le témoin et avoir rendu visite au général Hollister, le lieutenant doute de sa culpabilité, d'autant plus qu'aucun cadavre n'a été retrouvé et que la jeune femme semble quelque peu fragile intellectuellement, le comportement du général commence à laisser des doutes dans l'esprit de Columbo. En effet, alors qu'il cherche en vain à connaître l'identité du témoin auprès du lieutenant qui refuse de lui révéler, Hollister fini par avoir l'information et entre en contact avec la jeune femme...

Pour les curieux qui se demanderaient quel est le prénom de leur lieutenant de police préféré, Poids mort est l'occasion rêvée de le découvrir. Et pourtant, ce détail n'est révélé que de manière très brève et surtout non officielle puisqu'il faudra pour cela que le spectateur face un arrêt sur image pour découvrir douze minutes après le début de l'épisode alors qu'il présente sa carte de police au tueur, le prénom Frank inscrit dessus. À part ce détail étonnant que ne cherchaient sans doute pas à révéler les créateurs de la série Richard Levinson et William Link, Poids mort est un épisode relativement anodin qui confronte cependant le lieutenant de la police criminelle à un haut gradé de l'armée ayant fait ses preuves lors de divers conflits (ce ne sera d'ailleurs pas la seule fois). Une enquête très étrange, elle-même parcourue par des personnages très particuliers. C'est ainsi que l'on y retrouve les actrices Suzanne Pleshette dans le rôle de Helen Stewart, le témoin du meurtre, et Kate Reid dans celui de sa mère. On retrouve pour la seconde fois après Rançon pou un Homme Mort l'acteur Timothy Carey qui dans le rôle du chef cuisinier Bert sert également de confident au lieutenant Columbo. On verra notamment l'acteur à la télévision dans les séries Gunsmoke ou Baretta tandis que sur grand écran, il jouera notamment pour Elia Kazan (A l'est d’Éden, 1955), Stanley Kubrick (L'Ultime Razzia en 1956 et Les Sentiers de la Gloire en 1957) ou encore dans Meurtre d'un Bookmaker Chinois de John Cassavetes en 1976.

La résolution du meurtre est quant à elle, sensiblement la même que lors du téléfilm Inculpé de Meurtre. C'est sur la faiblesse du personnage féminin que compte jouer le lieutenant Columbo et sur l'apparent intérêt que lui porte le meurtrier. Une résolution là encore, en demi-teinte, bien loin de celles qui jusqu'ici faisait preuve d'imagination. Peut-être est-ce dû au fait que Steven Bochco, Richard Levinson et William Link aient cette fois-ci laissé la place au réalisateur de cet épisode lui-même ainsi qu'à John T. Dugan. Pourtant auteur de nombreux scripts dès le début des années soixante pour les séries Bonanza, Laredo ou encore la célébrissime série Mission Impossible, le scénariste est ici victime d'un manque flagrant d'imagination. Un comble pour une série dont l'un des intérêts majeurs porte justement sur le scénario. Poids Mort sera l'unique épisode réalisé par Jack Smight...

vendredi 13 mars 2020

Faux Témoin de Bernard L. Kowalski (1971) 🚬🚬🚬🚬







Désormais, la série est sur les rails. Après un premier épisode réalisé par celui qui deviendra bientôt une valeur sûre du cinéma de divertissement, Steven Spielberg, le second épisode de la première saison est diffusé moins d'un mois après Le Livre Témoin, le 6 octobre 1971. La France, toujours en retard, devra patienter presque un an et demi avant de pouvoir profiter des nouvelles aventures du célèbre lieutenant de la police criminelle de Los Angeles. Réalisé par l'américain Bernard L. Kowalski (auquel seront confiés trois autres épisodes trois années de suite et lequel a notamment réalisé le film d'horreur SSSSnake en 1973), Faux Témoin met en scène l'acteur américain Robert Culp, popularisé par la série Les Espions dont il partagea la vedette entre 1965 et 1968. Un visage bien connu des fans de Columbo puisque outre le rôle du PDG d'une agence de détectives privés Eye Brimmer, les spectateurs auront l'occasion de retrouver Robert Culp dans trois autres épisodes dont l'excellent Criminologie appliquée (Columbo Goes to College) que réalisera E.W. Swackhamer en 1990 et dans lequel l'acteur ne fera qu’apparaître de manière succincte. Seul épisode d'ailleurs dans lequel il n'incarnera pas lui-même le meurtrier mais le père de l'un deux. L'une des particularités de Faux Témoin est que le meurtre est ici involontaire. C'est en effet par accident que l'épouse adultère d'un riche homme d'affaire est tué par Eye Brimmer qui, au courant de la relation que la jeune femme a anciennement entretenu avec un homme, avait choisi de la faire chanter...

L'époux, Arthur Kennicut, a engagé Eye Brimmer afin d'enquêter sur l'éventuelle liaison de sa femme Leonore (Pat Crowley) avec son entraîneur de golf Ken Archer (Brett Halsey). Rassuré d'apprendre que celle-ci lui est demeurée fidèle, c'est presque honteux d'avoir douté d'elle que le mari quitte le cabinet de Eye Brimmer rassuré. Pourtant, ce dernier lui a menti et veut profiter de l'occasion pour soutirer de la part de Leonore des informations concernant son époux. Après avoir mûrement réfléchi, celle-ci se rend chez le détective et lui annonce son refus et son intention de révéler à son époux les méthodes peu scrupuleuses de Brimmer. Ce dernier ne pouvant l'accepter, il gifle Leonore, provoquant involontairement sa mort. Le corps de Leonore découvert plus tard dans un terrain vague, Columbo arrive sur les lieux pour débuter son enquête. Il découvre que la victime porte une marque sur la joue gauche ce qui le laisse rapidement supposer que son meurtrier doit être gaucher. Columbo va presque immédiatement suspecter Eye Brimmer qui en signant, utilise sa main gauche...

Faux Témoin est l'un des tout meilleurs épisodes de cette première saison. Le scénario de Richard Levinson et William Link, basé sur un scénario écrit par le réalisateur Bernard L. Kowalski, est un modèle du genre. Il confronte deux univers qui généralement ne font pas bon ménage. D'un côté l'autorité représentée par le lieutenant Columbo, de l'autre une agence de détectives iundépendants qui démontre dans le cas présent une efficacité accrue s'expliquant par des moyens techniques et opérationnels dont ne bénéficie malheureusement pas la police criminelle. Robert Culp incarne le cas typique du tueur tentant de séduire Columbo afin de l'éloigner de son objectif qui est de confondre le meurtrier. C'est ainsi qu'il lui offre l'opportunité de l'engager avec, à la clé, un salaire beaucoup plus important que celui d'un lieutenant de police. Lui qui aura pour habitude d'essayer de faire des économies sur des achats divers (pour une paire de chaussures, un poste de radio, un bracelet de montre, etc...) il n'est préoccupé dans le cas présent que par la résolution du crime, refusant ainsi l' offre un peu trop juteuse de Brimmer. 

La résolution du meurtre est ici exemplaire dans sa conception. Basée non pas sur des preuves mais sur la suspicion, Columbo se souviendra des jeux stupides auxquels il jouait étant enfant (fait rare dans la série mais pas unique puisqu'il y reviendra notamment dans l'épisode Candidat au crime (Candidate for Crime) de Boris Sagal en 1973) et sur un détail anatomique pour monter un piège de toutes pièces et faire tomber dedans le criminel. Si Peter Falk et Robert Culp sont exceptionnels et forment un duo savoureux, n'oublions cependant pas la présence à l'écran et dans le rôle d'Arthur Kennicut de l'acteur Ray Milland à la carrière cinématographique et télévisuelle diablement bien remplie. Capable de jouer dans Le Crime était Presque Parfait d'Alfred Hitchcock ou d'incarner un médecin raciste dont la tête a été greffée sur un homme de couleur dans le film culte de Lee Frost The Thing with two Heads, Ray Milland incarne dans Faux témoin un époux meurtri mais remarquablement digne. A noter que l'acteur réapparaîtra un an plus tard dans le second épisode de la deuxième saison, Dites-le avec des fleurs (The Greenhouse Jungle) de Boris Sagal, mais cette fois-ci dans le rôle de l'assassin...

jeudi 12 mars 2020

Le Livre Témoin de Steven Spielberg (1971) 🚬🚬🚬



Ce tout premier épisode de Columbo après le téléfilm Inculpé de Meurtre et le pilote Rançon pour un Homme Mort est remarquable à plus d'un titre. Il s'agit tout d'abord accessoirement du premier épisode dans lequel on aperçoit la fameuse Peugeot 403 du célèbre détective. Pourtant, si Le Livre Témoin a la particularité d'avoir été tourné après l'épisode Faux Témoin qui lui, sera cependant diffusé un mois plus tard le 6 octobre 1971 dans son pays d'origine, la fameuse ''européenne '' de Columbo apparaissait déjà dans celui-ci qui, chronologiquement, lui demeure donc antérieur. Ensuite, l'acteur Jack Cassidy fait partie des quelques rares interprètes ayant eu l'occasion de se frotter au lieutenant de la police criminelle de Los Angeles à plusieurs reprises. S'il ne détient pas le record absolu de présence à l'écran dans la série, Jack Cassidy eu néanmoins le privilège de donner la réplique à Peter Falk à trois occasions. Outre Tout n’est qu’illusion (Now You See Him…) de Harvey Hart en 1976, l'acteur a surtout repris un rôle proche de celui de Ken Franklin pour l'épisode Édition tragique (Publish or Perish) de Robert Butler réalisé en 1974 dans lequel il incarnait cette fois-ci non pas un écrivain mais l'éditeur de romans Riley Greenleaf, assassin de l'un de ses plus brillants romanciers.

Mais surtout, Le Livre Témoin est l’œuvre de l'un des plus célèbres et populaires cinéastes américains, Steven Spielberg. Un détail qui fera dire à certains que l'épisode qu'il a réalisé est le meilleur des soixante-neuf que totalise la série. Un avis qui n'est rien de plus qu'un point de vue subjectif, surtout si on le compare à d'autres que l'on peut très objectivement considérer comme lui étant infiniment supérieurs. D'une durée avoisinant les soixante-dix minutes, format court que se partageront un certain nombre d'épisodes avant que la durée ne soit revue à la hausse, Le Livre Témoin met en scène l'écrivain Ken Franklin qui ayant appris de la bouche de son co-auteur James Ferris (l'acteur Martin miller) qu'il a l'intention de se lancer dans une carrière en solitaire, décide de tuer son partenaire.

Pour cet épisode officiellement reconnu comme étant le premier de la première saison, il s'agit d'une franche réussite même si on le verra plus tard, le Lieutenant Columbo aura à faire avec des criminels encore plus imaginatifs que celui incarné par Jack Cassidy ou des scénarii beaucoup plus retors que celui écrit à cette occasion par Steven Bochco sur une histoire de Steven Spielberg lui-même. Peter Falk y brille même s'il faut reconnaître que son temps de présence à l'écran a largement été revu à la baisse par rapport au téléfilm et au pilote. Steven Spielberg semble en effet davantage intéressé par l'assassin, lequel va non seulement devoir se méfier de Columbo mais également de sa fan numéro une : Lilly LaSanka, propriétaire d'une épicerie proche de la maison de vacances de Ken Franklin ou a eu lieu le meurtre. Un drôle de rôle pour l'actrice Barbara Colby qui périra à peine trois semaines après son trente-sixième anniversaire dans des circonstances très particulières puisqu'elle et son ami l'acteur James Kiernan seront abattus le 24 juillet 1975 par deux individus qui ne seront jamais retrouvés. Jack Cassidy lui aussi disparaîtra dans des circonstances tragiques puisqu'il mourra quant à lui l'année suivante, le 12 décembre 1976 dans l'incendie de son appartement.

En attendant, et comme à son accoutumée, le lieutenant Columbo fait preuve d'un esprit de déduction qui l'amène très rapidement à suspecter l'écrivain (qui s'avérera en fait n'avoir jamais été l'auteur de la moindre ligne des romans dont il partageait pourtant la couverture aux côtés de la victime). De la déduction mais également une forte tendance à la minauderie, Columbo n'étant jamais avare de remarques semant le trouble dans l'esprit du tueur. Lorsque Ken Franklin évoque notamment la consultation de factures lorsque choqué, il a appris la mort de James Ferris, Columbo use de sarcasme en lui rétorquant :'' Oui, c'est très compréhensible. Des factures, c'est très distrayant''. Il faut bien évidemment avoir assisté à la scène pour en saisir toute la portée. Malgré une mise en scène sans doute ambitieuse pour le tout jeune Steven Spielberg, Le Livre Témoin déroule un scénario un peu trop linéaire et sans réelle surprise. La résolution du crime par le lieutenant Columbo est d'ailleurs révélatrice d'une approche ''plan-plan'' par celui qui signera pourtant la même année l'excellent thriller Duel...

mardi 10 mars 2020

Madame Columbo



Personnage emblématique de la série et pourtant absente du moindre bout de pellicule (dans la série qui nous intéresse ici), la femme de Columbo a cependant sorti son célèbre époux de la police criminelle de Los Angeles d'innombrables impasses. Qu'il s'agisse de l'aider à résoudre certaines affaires ou plus simplement résoudre une devinette posée par un ''génie'' assassin afin d'évaluer son quotient intellectuel (Les Surdoués (The Bye-Bye Sky High I.Q. Murder Case) de Sam Wanamaker en 1977), elle fait partie intégrante de la série. La NBC et le scénariste et producteur américain Richard Alan Simmons eurent même l'idée plus ou moins bonne d'en créer une incarnation télévisuelle à travers la série Madame Columbo (dont le titre original fut remanié à trois reprises, passant ainsi de Mrs. Columbo à Kate Columbo puis Kate Loves a Mystery et enfin Kate the Detective pour un nombre d'épisodes pourtant relativement restreint). Le résultat ne s'est malheureusement pas fait attendre : loin d'avoir le succès de son aînée, la série s'est arrêtée au bout de deux saisons et treize épisodes (dont le premier, Le Mystère de l'Interphone est constitué de deux parties). Et ce, malgré l'empathie que l'on peut éprouver pour ce personnage fort agréable et plutôt convainquant incarné par l'actrice Kate Mulgrew qui fera nettement plus d'étincelles en interprétant le capitaine Kathryn Janeway dans l'excellente série de science-fiction Star Trek : Voyager entre 1995 et 2002. Le principal défaut de la série étant de trop vouloir se rapprocher de l'idéal que représentait la série originale que Peter Falk avait alors à l'époque décidé d'abandonner, Madame Columbo s'avère effectivement bien faible en comparaison.

En 1990, le scénariste et producteur de télévision Peter S. Fischer eut l'ingénieuse idée de jouer sur l’ambiguïté concernant l'existence réelle ou non de l'épouse du célèbre lieutenant détective pour concevoir un scénario autour d'elle. En résultait l'épisode L’Enterrement de Madame Columbo (Rest in Peace, Mrs. Columbo) de Vincent McEveety dont le titre ne laisse durant une grande partie de son déroulement la place à aucune ambiguïté. L'occasion pour Peter S. Fischer de proposer un ravalement de façade du principe ayant rendu célèbre la série en proposant un scénario tout à fait original à l'image de À chacun son heure (No Time to Die) de Alan J. Levi dans lequel aucun meurtre n'est commis mais au centre duquel le lieutenant enquête sur l'enlèvement de l'épouse de son neveu, ou bien Tout finit par se savoir (Columbo Cries Wolf) de Daryl Duke dans lequel le meurtre intervient en fin d'épisode. Si L’Enterrement de Madame Columbo est riche de promesses puisque l'on pense pouvoir enfin découvrir qui se cache derrière l'épouse de Columbo, le fait est qu'il ne s'agit que d'un subterfuge fomenté par celui-ci afin de faire tomber celle qui tua l'un des deux hommes qu'elle juge responsables de la mort de son époux, le second n'étant autre que Columbo lui-même...

Et puisque l'on évoque l'épouse de Columbo, pourquoi ne pas suggérer celle qui partagea l'existence de Peter Falk durant plus de trente-trois ans du 7 décembre 1977 jusqu'à son décès survenu en 2011 ? Épousée en seconde noce, évoquer l'actrice Shera Danese n'est pas anodin puisqu'elle participa elle-même au tournage de six épisodes de la série. On la vit effectivement en 1976 dans Deux en un, deux ans plus tard dans Meurtre à la carte, en 1989 dans Portrait d'un assassin, Jeu d'Ombre en 1991, Columbo change de peau en 1994 et trois ans plus tard dans La Griffe du crime dans lequel elle endossa elle-même le rôle de la meurtrière...

Rançon pour un Homme Mort (1971) 🚬🚬🚬



Avocate de renom, Leslie William est l'épouse de Paul (l'acteur Harlan Warde), un riche homme d'affaire qu'elle a épousé pour son argent et afin de se faire rapidement un nom dans le métier. Afin de se constituer un alibi inattaquable, elle fait croire à l'enlèvement de Paul en utilisant un enregistrement de sa voix lors d'un appel téléphonique diffusé devant témoins alors même qu'il est déjà mort. Lorsque le FBI se penche sur cette affaire d'enlèvement, le corps n'a pas encore été découvert. Alors que la demeure des William est surveillée et mise sur écoute, le lieutenant Columbo débarque afin d'indiquer aux membres du FBI que la voiture de Paul vient d'être retrouvée. C'est l'occasion pour le célèbre détective de Los Angeles de se mêler non officiellement à l'affaire. Mais lorsque le cadavre est découvert, c'est au tour de la police criminelle d'enquêter. Chargé de l'affaire, Columbo s'intéresse immédiatement à l'épouse de la victime. Certains indices le laissent en effet supposer qu'elle pourrait ne pas être étrangère à la disparition de son époux. De plus, la fille de Paul William, Margarett, débarque et affirme à qui veut l'entendre que sa belle-mère Leslie est coupable du meurtre de son père.

À la suite du succès du téléfilm intitulé Inculpé de Meurtre diffusé quatre ans auparavant en 1967 sur NBC, les créateurs du personnage de Columbo Richard Levinson et William Link décident de lancer un épisode pilote sous le titre de Rançon pour un Homme Mort (Ransom for a Dead Man) réalisé par Richard Irving. Alors que le pourcentage de meurtres commis par le sexe dit faible s'avère moins important que ceux commis par l'homme, dès ce second épisode, les deux hommes imaginent un scénario dans lequel l'assassin est une femme. Parmi les soixante-neuf épisodes que compte la série, elles seront d'ailleurs un certain nombre à perpétrer de tels actes bien qu'en nombre inférieur à ceux commis par la gente masculine. C'est à l'actrice, réalisatrice et scénariste Lee Grant qu'incombera la tâche d'interpréter le rôle de Leslie William. Une carrière bien remplie, entre cinéma et télévision, de ses débuts sur grand écran dans Histoire de détective (Detective Story) de William Wyler en 1951 jusqu'à son rôle dans Killian & The Comeback Kids de Taylor A. Purdee en 2017 en passant par le petit écran et, au hasard, Le Fugitif et Payton Place n 1964 ou Citizen Cohn, le persécuteur de Frank Pierson en 1992. 
En 1974, Peter S. Fischer (scénariste de sept épisodes de Columbo entre 1974 et 1995 mais également de la célèbre série policière interprétée par l'actrice Angela Lansbury, Arabesque (Murder, She Wrote)) se souviendra sans doute par deux fois de cet épisode pilote écrit par les créateurs de Columbo puisque les meurtriers des épisodes Exercice Fatal (An Exercise in Fatality) de Bernard L. Kowalski et Réaction négative (Negative Reaction) de Alf Kjellin emploieront des méthodes similaires afin de se constituer un alibi irréprochable. En effets, le procédé visant à utiliser des bandes magnétiques sur lesquelles est enregistrée la voix de Paul William sera réemployée dans le premier tandis que l'enlèvement et l'utilisation d'une lettre anonyme alors que la victime est déjà morte le seront dans le deuxième.

Rançon pour un Homme Mort tourne autour d'un trio de personnages principaux. En effet, outre la meurtrière et le lieutenant Columbo, la belle-fille de Leslie incarnée par l'actrice Patricia Mattick (notamment remarquée dans l'étouffant The Beguiled de Don Siegel la même année) tiendra un rôle significatif puisque avec l'aide de Margarett, le détective parviendra à piéger une Leslie trop confiante en l'éventuelle immoralité de l'adolescente. Le spectateur découvre en outre pour la première fois le goût immodéré du lieutenant Columbo pour le chili con carne (agrémenté de crackers !), sa passion pour le billard (activité dans laquelle il excelle), mais également sa phobie de l'avion (et des hélicoptères). Peter Falk brille une fois de plus dans le rôle de ce flic atypique n'attanchant désormais plus autant d'importance à sa coiffure que lors du téléfilm Inculpé de Meurtre. Les traits de caractère du lieutenant sont déjà bien ancrés dans la série. Comme sa prédisposition à évoquer des sujets qui n'ont que peu de rapports avec l'affaire en cours ou son apparente désinvolture contrecarrée par un incessant flot de questionnements. On notera que pour cette première affaire l'opposant à un assassin de sexe féminin, Richard Levinson et William Link convoquent un jeu de séduction entre le célèbre policier de Los Angeles et la meurtrière. Ce qui sera une constante chaque fois qu'il aura affaire à une femme...

vendredi 6 mars 2020

Inculpé de Meurtre (1967) 🚬🚬🚬



Les personnages :
1967. Peter Falk incarne pour la toute première fois de sa carrière le personnage du lieutenant détective Columbo de la police criminelle de Los Angeles pour lequel il postulait. Dans ce premier épisode écrit par Richard Levinson et William Link et réalisé par Richard Irving (notamment auteur d'un épisode pour la série L'Homme qui valait trois milliards en 1973 , de deux pour Chips en 1982 et 1983 ou encore d'un autre pour Supercopter en 1986), les scénaristes lui opposent Ray Flemming (l'acteur Gene Barry), un psychiatre de renom très apprécié de son entourage (il est notamment ami de longue date du substitut du procureur Burt Gordon, interprété par l'acteur William Windom), époux de Carol (l'actrice Nina Foch) et amant d'une jeune actrice sans réelle envergure, Joan Hudson (interprétée par l'actrice Katherine Justice). L'histoire étant commune à bon nombre d'épisodes de la série, la victime n'est autre que l'épouse du psychiatre, lequel, comme les téléspectateurs le découvriront assez rapidement, n'est attaché à elle qu'à travers la fortune dont elle a hérité de son père. Soupçonnant une liaison adultère entre son époux et une femme, Carol annonce à Ray son attention de demander le divorce. Elle proclame d'ailleurs son intention de faire appel à son avocat dès le lendemain. Ce qui pourrait avoir de fâcheuses conséquences financières pour le psychiatre si son épouse venait à gagner le procès. Ne l'entendant pas de cette oreille là, Ray fomente le meurtre de Carol avec l'aide de Joan...
Le meurtre :
Ray organise un voyage à Acapulco avec Carol. Mais en réalité, le psychiatre étrangle son épouse dans leur appartement et fait croire à un meurtre commis lors d'un cambriolage en brisant l'une des vitres du salon. Afin de se constituer un alibi, il demande à Joan de porter une perruque, des lunettes noires et l'une des robes favorites de son épouse afin de la faire passer pour cette dernière et l'emmener en voyage à la place de Carol. À bord de l'avion qui doit les emmener jusqu'au Mexique, et alors que Carol gît sur le sol de leur appartement, Ray et Joan simulent une dispute à l'issue de laquelle la jeune femme décide d'abandonner le voyage, offrant ainsi un alibi indiscutable au psychiatre qui alors, se retrouve seul pour quelques jours en vacances à Acapulco. À son retour du Mexique, Ray découvre un appartement vide, le corps de Carol ayant été déplacé. C'est là qu'intervient le lieutenant Columbo auquel a été confiée l'affaire...

Ce n'est qu'au bout d'une demi-heure qu'apparaît pour la première fois dans cet épisode un Columbo qui très rapidement s'étonnera de ne pas entendre le psychiatre appeler son épouse à son retour dans l'appartement (Columbo est présent dans une autre lorsqu'il apparaît). Ce détail est sans doute ce qui poussera le détective à soupçonner Ray Flemming malgré un alibi qui apparaît pourtant inattaquable. Malheureusement pour ce dernier, ce qui paraît être un crime parfait possède une faille de taille : sa maîtresse Joan elle-même. Fragile, harcelée par un Columbo qui en outre a beaucoup du mal à trouver les arguments prouvant la culpabilité du psychiatre, c'est par elle que le meurtrier tombera de son piédestal. Et peut-être aussi certainement à cause de l'assurance un peu trop appuyée de ce nanti qui ne verra pas le piège se refermer sur lui... Dès le téléfilm Inculpé de Meurtre, les scénaristes Richard Levinson et William Link mettent en place une méthodologie qui sera la marque de fabrique d'une immense majorité des épisodes (à part dans quelques rares cas comme nous le verrons plus tard). À savoir que l'assassin est connu dès le début, le reste du temps étant consacré à la résolution du meurtre. Si les preuves pleuvront lors d'une grande partie des épisodes, il arrivera cependant comme dans le cas présent que le lieutenant Columbo soit contraint d'utiliser certaines méthodes afin que le criminel trahisse sa culpabilité. Inculpé de Meurtre est un modèle de mise en scène, d'interprétation et d'écriture.

Anecdotes :
Inculpé de Meurtre était à l'origine pensé comme un téléfilm dont les aventures du lieutenant Columbo ne devaient pas connaître de suite. Adaptation de la pièce éponyme créée par Richard Levinson et William Link en 1960, celle-ci sera reprise en France fin 2016 et dans le courant 2017 sous le titre Meurtre sous Prescription, l’imperméable du célèbre inspecteur étant alors endossé par l'acteur Martin Lamotte et le costume du docteur Ray Flemming par Pierre Azéma. Plus rarement évoquée, une autre adaptation de la pièce fut interprétée six ans auparavant pour la Middle Ground Theatre Company par l'acteur américain Dirk Benedict (célèbre pour avoir incarné le personnage de Templeton Peck dit "Futé" dans la série culte L'Agence tous risques entre 1983 et 1987). Une certaine incohérence semble s'être glissée dans ce tout premier épisode de la série. En effet, alors que le docteur Ray Flemming simule un cambriolage ayant mal tourné en brisant l'une des vitres du salon, faisant ainsi croire à l'irruption d'un cambrioleur passé par le balcon, l'appartement est très clairement situé dans les hauteurs d'un immeuble (comme semblent l'évoquer certains aperçus). Alors, à moins que le cambrioleur supposé soit un voltigeur hors pair... Cependant, Columbo ne relèvera jamais ce détail qui n'a pourtant rien d'insignifiant. Enfin, notons que pour cette première apparition du célèbre détective, l'acteur Serge Sauvion offrait déjà son inimitable timbre de voix à Peter Falk dans la version française...