L'humiliation... ce
sentiment qui pousse à la vengeance après une période plus ou
moins longue durant laquelle notre état d'esprit est proche du
néant, déchiré par la honte puis la rancœur. Elle est l'un des
ciments du troisième épisode de la septième saison de Columbo.
Réalisé par James Frawley qui rien que pour cette dernière sera
l'auteur de trois épisodes, Meurtre parfait
(Make Me a Perfect Murder)
est en partie basé sur le concept d'offense, comme le sera
partiellement mais sans doute encore davantage l'épisode intitulé
Fantasmes
de la huitième saison où la meurtrière devait subir les railleries
de son amant découvert au lit avec une autre femme. Ou bien plus
tard encore, lors du premier des deux seuls épisodes de la treizième
saison Le meurtre aux deux visages
dans lequel une femme découvrait là aussi que son amant couchait
avec une autre. Qui de plus, se révélait être sa propre fille !
Double humiliation avec, pour résultat, toujours la même méthode
consistant à se débarrasser du mécréant en l'assassinant !
Mais pour revenir à Meurtre parfait,
celui-ci s'intéresse à Kay Freestone, la maîtresse du directeur de
la chaîne de télévision CNC.
Lequel obtient une promotion lui permettant en outre d'aller
s'installer à New York. Kay, son assistante de post-production,
pense voir s'ouvrir devant elle l'opportunité de prendre la place de
son amant Mark McAndrews. Mais contre toute attente, celui-ci refuse,
arguant qu'elle est la meilleure dans sa catégorie et que le poste
de directrice de la chaîne n'est donc pas envisageable. Un affront
que l'homme paiera de sa vie lors de la projection d'un téléfilm
servant d'alibi à Kay Freestone. En effet, alors que le
projectionniste quitte la salle de projection, laissant la jeune
femme se charger du changement à venir de bobine, celle-ci quitte
aussi discrètement que précipitamment la salle à son tour afin de
se rendre dans le bureau de Mark pour le tuer. Le meurtre accompli,
Kay remonte à l'étage et reprend sa place dans la salle de
projection avant que le projectionniste ne réapparaisse. Si comme le
titre l'indique, le meurtre semble en effet parfait, il suffira d'un
gant pour que le lieutenant Columbo suspecte Kay Freestone. Ce même
gant qui trahit quelques années en arrière l’assassin de
l'excellent épisode Eaux troubles.
Un tueur incarné par le génial Robert Vaughn qui déjà , employait
une méthode similaire en se faisant passer pour malade et ainsi
accueillir à l'infirmerie d'un luxueux bateau de croisière. Allongé
dans l'un des lits, il se débrouilla pour disparaître de la chambre
le temps de descendre jusqu'Ã la loge de celle qui le faisait
chanter afin de l'assassiner avant de reprendre sa place dans le lit
de l'infirmerie !
Mais
alors que Hayden Danzinger cherchait surtout à cacher sa liaison
avec celle qui allait devenir sa victime (l'homme ne pouvant pas se
passer de la fortune de son épouse Sylvia incarnée par l'actrice
Jane Greer), les raisons qu'invoque Meurtre
parfait
sont déjà nettement plus troubles. Voire même discutables si tant
est que certains meurtres se justifient plus que d'autres. L'on
retrouve parmi les seconds rôle, l'acteur récurrent Bruce Kirby qui
incarna à six reprises le sergent George Kramer mais qui dans le cas
présent interprète le personnage du réparateur de télévisions.
Outre la présence de l'inusable Peter Falk, cet épisode est surtout
porté par l'excellente Trish Van Devere qui comme son nom ne
l'indique pas forcément est une actrice américaine née le 9 mars
1941 à Englewood Cliffs, dans le New Jersey. Elle fut l'épouse
durant de longues années de l'acteur George C. Scott avec lequel
elle partagera la vedette de l'un des plus terrifiants longs-métrages
sur le thème des maisons hantées, L'enfant du
Diable (ou
The Changeling)
de Peter Medak en 1979, lequel renvoyait la plupart des films
traitant de ce sujet au rang de contes pour enfants. Dans cet épisode
débutant par un accident de voiture mettant en scène le lieutenant
qui du coup sera contraint de porter une minerve durant une partie de
l'intrigue, le personnage de Kay Freestone est assez particulier
puisque parmi les soixante-neuf épisodes et quatre-vingt douze
meurtres qui en découlèrent, celui-ci demeure l'un des plus
difficiles à concevoir moralement dans le sens où rien ou presque
ne le justifie sinon l'humiliation évoquée au début de cet
article. L'un des attraits principaux de Meurtre
parfait
réside également dans le suspens quasi insoutenable que James
Frawley (qui est également l'auteur du scénario aux côtés de
Robert Blees) maintient lors de la commission du meurtre. Entre les
secondes qui s'égrènent au rythme d'un compteur diffusé par les
écouteurs directement enfoncées dans les oreilles de la meurtrière
et la présence inopinée d'un gardien lors du retour dans la salle
de projection, la séquences est millimétrée afin de tenir le
spectateur en haleine. Tout comme le sera celle de la récupération
de l'arme dans le plafond de la cage d'ascenseur et que l'on devine
très rapidement être un piège tendu par notre lieutenant de police
préféré. James Frawlay réalisait là , l'un des meilleurs épisodes
de cette septième saison...