mercredi 5 juillet 2023

Meurtre Parfait (Make Me a Perfect Murder) de James Frawley (1978) 🚬 🚬 🚬 🚬

 


 

L'humiliation... ce sentiment qui pousse à la vengeance après une période plus ou moins longue durant laquelle notre état d'esprit est proche du néant, déchiré par la honte puis la rancœur. Elle est l'un des ciments du troisième épisode de la septième saison de Columbo. Réalisé par James Frawley qui rien que pour cette dernière sera l'auteur de trois épisodes, Meurtre parfait (Make Me a Perfect Murder) est en partie basé sur le concept d'offense, comme le sera partiellement mais sans doute encore davantage l'épisode intitulé Fantasmes de la huitième saison où la meurtrière devait subir les railleries de son amant découvert au lit avec une autre femme. Ou bien plus tard encore, lors du premier des deux seuls épisodes de la treizième saison Le meurtre aux deux visages dans lequel une femme découvrait là aussi que son amant couchait avec une autre. Qui de plus, se révélait être sa propre fille ! Double humiliation avec, pour résultat, toujours la même méthode consistant à se débarrasser du mécréant en l'assassinant ! Mais pour revenir à Meurtre parfait, celui-ci s'intéresse à Kay Freestone, la maîtresse du directeur de la chaîne de télévision CNC. Lequel obtient une promotion lui permettant en outre d'aller s'installer à New York. Kay, son assistante de post-production, pense voir s'ouvrir devant elle l'opportunité de prendre la place de son amant Mark McAndrews. Mais contre toute attente, celui-ci refuse, arguant qu'elle est la meilleure dans sa catégorie et que le poste de directrice de la chaîne n'est donc pas envisageable. Un affront que l'homme paiera de sa vie lors de la projection d'un téléfilm servant d'alibi à Kay Freestone. En effet, alors que le projectionniste quitte la salle de projection, laissant la jeune femme se charger du changement à venir de bobine, celle-ci quitte aussi discrètement que précipitamment la salle à son tour afin de se rendre dans le bureau de Mark pour le tuer. Le meurtre accompli, Kay remonte à l'étage et reprend sa place dans la salle de projection avant que le projectionniste ne réapparaisse. Si comme le titre l'indique, le meurtre semble en effet parfait, il suffira d'un gant pour que le lieutenant Columbo suspecte Kay Freestone. Ce même gant qui trahit quelques années en arrière l’assassin de l'excellent épisode Eaux troubles. Un tueur incarné par le génial Robert Vaughn qui déjà, employait une méthode similaire en se faisant passer pour malade et ainsi accueillir à l'infirmerie d'un luxueux bateau de croisière. Allongé dans l'un des lits, il se débrouilla pour disparaître de la chambre le temps de descendre jusqu'à la loge de celle qui le faisait chanter afin de l'assassiner avant de reprendre sa place dans le lit de l'infirmerie !


Mais alors que Hayden Danzinger cherchait surtout à cacher sa liaison avec celle qui allait devenir sa victime (l'homme ne pouvant pas se passer de la fortune de son épouse Sylvia incarnée par l'actrice Jane Greer), les raisons qu'invoque Meurtre parfait sont déjà nettement plus troubles. Voire même discutables si tant est que certains meurtres se justifient plus que d'autres. L'on retrouve parmi les seconds rôle, l'acteur récurrent Bruce Kirby qui incarna à six reprises le sergent George Kramer mais qui dans le cas présent interprète le personnage du réparateur de télévisions. Outre la présence de l'inusable Peter Falk, cet épisode est surtout porté par l'excellente Trish Van Devere qui comme son nom ne l'indique pas forcément est une actrice américaine née le 9 mars 1941 à Englewood Cliffs, dans le New Jersey. Elle fut l'épouse durant de longues années de l'acteur George C. Scott avec lequel elle partagera la vedette de l'un des plus terrifiants longs-métrages sur le thème des maisons hantées, L'enfant du Diable (ou The Changeling) de Peter Medak en 1979, lequel renvoyait la plupart des films traitant de ce sujet au rang de contes pour enfants. Dans cet épisode débutant par un accident de voiture mettant en scène le lieutenant qui du coup sera contraint de porter une minerve durant une partie de l'intrigue, le personnage de Kay Freestone est assez particulier puisque parmi les soixante-neuf épisodes et quatre-vingt douze meurtres qui en découlèrent, celui-ci demeure l'un des plus difficiles à concevoir moralement dans le sens où rien ou presque ne le justifie sinon l'humiliation évoquée au début de cet article. L'un des attraits principaux de Meurtre parfait réside également dans le suspens quasi insoutenable que James Frawley (qui est également l'auteur du scénario aux côtés de Robert Blees) maintient lors de la commission du meurtre. Entre les secondes qui s'égrènent au rythme d'un compteur diffusé par les écouteurs directement enfoncées dans les oreilles de la meurtrière et la présence inopinée d'un gardien lors du retour dans la salle de projection, la séquences est millimétrée afin de tenir le spectateur en haleine. Tout comme le sera celle de la récupération de l'arme dans le plafond de la cage d'ascenseur et que l'on devine très rapidement être un piège tendu par notre lieutenant de police préféré. James Frawlay réalisait là, l'un des meilleurs épisodes de cette septième saison...

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