mercredi 12 août 2020

Exercice Fatal de Bernard L. Kowalski (1974) 🚬 🚬 🚬 🚬 🚬



Cette quatrième saison de Columbo démarre en grandes ''pompes'' puisque Exercice Fatal (An Exercise in Fatality) de Bernard L. Kowalski (qui réalise ici l'un des quatre épisodes dont il aura la charge entre 1971 et 1976) est tout simplement l'un des meilleurs épisodes de la première des deux époques que couvre la série. Dans celui-ci, Peter Falk croise la route de Robert Conrad, acteur de cinéma mais aussi et surtout connu chez nous pour avoir interprété les rôles de James T. West dans la série Les Mystères de l'Ouest entre 1965 et 1969 et du major ''Pappy'' Boyington dans Les Têtes Brûlées entre 1976 et 1978. Exercice Fatal est l'occasion de le découvrir cette fois-ci dans le rôle de Milo Janus, propriétaire d'une salle de musculation et surtout collaborateur d'un certain Gene Stafford (l'acteur Philip Bruns) qui découvre que son associé détourne de fortes sommes d'argent pour son propre compte. Lorsque Milo Janus apprend que Gene Stafford a l'intention de divulguer les informations qu'il a récoltées à leurs actionnaires, l'escroc tente de raisonner son collaborateur mais le tue alors même que celui-ci tente de lui échapper. Afin de se constituer un alibi, Milo Janus déshabille Stafford et le vêt d'un survêtement avant d'emporter le corps jusque dans une salle de musculation où là, il l'allonge sur un banc et dépose sur sa gorge, une lourde haltère. Le meurtre ayant été prémédité, Milo Janus s'est au préalable saisi de bandes magnétiques enregistrées par sa secrétaire et sur lesquelles on peut entendre la voix de Gene Stafford. Par un ingénieux montage et en demandant à Jessica Conroy (la secrétaire en question) de bien vouloir se rendre chez lui et de recevoir les quelques amis qu'il a invité le soir-même, à son retour chez lui Milo Janus se débrouille pour que la jeune femme lui serve d'alibi lorsque résonne dans la salle principale, l'un des deux téléphones de la demeure raccordés entre eux. La voix de Stafford résonne alors de l'autre côté du combiné. Il s'agit cependant d'un enregistrement visant à faire croire que lorsque la mort du vieil homme est survenue, Milo Janus était présent, chez lui, accompagné de sa secrétaire ainsi que de quelques amis...

Milo Janus/Robert Conrad fait partie de ces quelques meurtriers de la série dont le capital sympathie s'avère relativement bas. Si l'on sait le lieutenant capable d'un acharnement forcené dont le ''pouvoir de persuasion'' peut avoir des conséquences parfois inattendues sur celui qu'il soupçonne d'avoir commis un meurtre, Milo Janus se comporte sensiblement comme le Docteur Barry Mayfield de l'excellent Le Spécialiste (A Stitch in Crime) réalisé par Hy Averback l'année précédente sans pour autant se révéler aussi épouvantablement désagréable que le personnage incarné alors par Leonard Nimoy. Très sûr de lui et de son alibi, Milo Janus ne sait pas qu'il a en face de lui un lieutenant capable de défaire pièce après pièce, tous les éléments qui constituent à priori le crime parfait. Comme cela arrive parfois dans la série, c'est en partie grâce à un événement se produisant de manière tout à fait hasardeuse (ici, une femme fait les lacets de chaussures de son fils dans un hôpital) que le lieutenant va pouvoir ''intégrer'' dans sa totalité, la logique meurtrière de l'assassin et ainsi le confondre en lui démontrant lors d'un final dont la démonstration demeure l'une des plus exceptionnelles de toute la série, que le meurtre qu'il croyait parfait, ou plutôt L'ALIBI qu'il pensait indémontable, est l'un des éléments qui mèneront à sa perte...

Notons que dans cet épisode, tout comme dans la plupart des soixante-neuf où le lieutenant Columbo a pour habitude de brosser les criminels dans le sens du poil, celui-ci félicite le tueur en lui faisant remarquer sa grande forme physique malgré son âge. Et pourtant, Robert Conrad n'a pas encore atteint les quarante ans lorsqu'il interprète le rôle de Milo Janus. Une anecdote particulièrement troublante et connue des criminologues en herbe lie cet épisode à un fait divers survenu... en France. En effet, Jean-Bernard Wiktorska, imprimeur à Sarcelles est retrouvé mort sur son banc de musculation, une haltère lui barrant la gorge, le 14 juillet 1995. Mais alors que l'autopsie conclue à une mort accidentelle, l'appel téléphonique d'une femme va tout remettre en question. Lors d'une seconde autopsie, le médecin légiste va en effet remarquer des blessures à la trachée incompatibles avec un écrasement provoqué par une haltère. C'est grâce à une enquêtrice du DRPJ de Versailles, fan de la série Columbo, que la lumière sera faite sur cet étrange fait divers. Comme quoi. Qu’il s'agisse de fiction ou de la réalité, le meurtre parfait s'avère toujours aussi complexe, voire impossible à réaliser...

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