Cette quatrième saison
de Columbo
démarre en grandes ''pompes'' puisque Exercice
Fatal
(An Exercise in Fatality)
de Bernard L. Kowalski (qui réalise ici l'un des quatre épisodes
dont il aura la charge entre 1971 et 1976) est tout simplement l'un
des meilleurs épisodes de la première des deux époques que couvre
la série. Dans celui-ci, Peter Falk croise la route de Robert
Conrad, acteur de cinéma mais aussi et surtout connu chez nous pour
avoir interprété les rôles de James T. West dans la série Les
Mystères de l'Ouest
entre 1965 et 1969 et du major ''Pappy'' Boyington dans Les
Têtes Brûlées
entre 1976 et 1978. Exercice Fatal
est l'occasion de le découvrir cette fois-ci dans le rôle de Milo
Janus, propriétaire d'une salle de musculation et surtout
collaborateur d'un certain Gene Stafford (l'acteur Philip Bruns) qui
découvre que son associé détourne de fortes sommes d'argent pour
son propre compte. Lorsque Milo Janus apprend que Gene Stafford a
l'intention de divulguer les informations qu'il a récoltées à
leurs actionnaires, l'escroc tente de raisonner son collaborateur
mais le tue alors même que celui-ci tente de lui échapper. Afin de
se constituer un alibi, Milo Janus déshabille Stafford et le vêt
d'un survêtement avant d'emporter le corps jusque dans une salle de
musculation où là, il l'allonge sur un banc et dépose sur sa
gorge, une lourde haltère. Le meurtre ayant été prémédité, Milo
Janus s'est au préalable saisi de bandes magnétiques enregistrées
par sa secrétaire et sur lesquelles on peut entendre la voix de Gene
Stafford. Par un ingénieux montage et en demandant à Jessica Conroy
(la secrétaire en question) de bien vouloir se rendre chez lui et de
recevoir les quelques amis qu'il a invité le soir-même, à son
retour chez lui Milo Janus se débrouille pour que la jeune femme lui
serve d'alibi lorsque résonne dans la salle principale, l'un des
deux téléphones de la demeure raccordés entre eux. La voix de
Stafford résonne alors de l'autre côté du combiné. Il s'agit
cependant d'un enregistrement visant à faire croire que lorsque la
mort du vieil homme est survenue, Milo Janus était présent, chez
lui, accompagné de sa secrétaire ainsi que de quelques amis...
Milo
Janus/Robert Conrad fait partie de ces quelques meurtriers de la
série dont le capital sympathie s'avère relativement bas. Si l'on
sait le lieutenant capable d'un acharnement forcené dont le
''pouvoir de persuasion'' peut avoir des conséquences parfois
inattendues sur celui qu'il soupçonne d'avoir commis un meurtre,
Milo Janus se comporte sensiblement comme le Docteur Barry Mayfield
de l'excellent Le Spécialiste (A
Stitch in Crime)
réalisé par Hy Averback l'année précédente sans pour autant se
révéler aussi épouvantablement désagréable que le personnage
incarné alors par Leonard Nimoy. Très sûr de lui et de son alibi,
Milo Janus ne sait pas qu'il a en face de lui un lieutenant capable
de défaire pièce après pièce, tous les éléments qui constituent
à priori le crime parfait. Comme cela arrive parfois dans la série,
c'est en partie grâce à un événement se produisant de manière
tout à fait hasardeuse (ici, une femme fait les lacets de chaussures
de son fils dans un hôpital) que le lieutenant va pouvoir
''intégrer'' dans sa totalité, la logique meurtrière de l'assassin
et ainsi le confondre en lui démontrant lors d'un final dont la
démonstration demeure l'une des plus exceptionnelles de toute la
série, que le meurtre qu'il croyait parfait, ou plutôt L'ALIBI
qu'il pensait indémontable, est l'un des éléments qui mèneront à
sa perte...
Notons
que dans cet épisode, tout comme dans la plupart des soixante-neuf
où le lieutenant Columbo a pour habitude de brosser les criminels
dans le sens du poil, celui-ci félicite le tueur en lui faisant
remarquer sa grande forme physique malgré son âge. Et pourtant,
Robert Conrad n'a pas encore atteint les quarante ans lorsqu'il
interprète le rôle de Milo Janus. Une anecdote particulièrement
troublante et connue des criminologues en herbe lie cet épisode à
un fait divers survenu... en France. En effet, Jean-Bernard
Wiktorska, imprimeur à Sarcelles est retrouvé mort sur son banc de
musculation, une haltère lui barrant la gorge, le 14 juillet 1995.
Mais alors que l'autopsie conclue à une mort accidentelle, l'appel
téléphonique d'une femme va tout remettre en question. Lors d'une
seconde autopsie, le médecin légiste va en effet remarquer des
blessures à la trachée incompatibles avec un écrasement provoqué
par une haltère. C'est grâce à une enquêtrice du DRPJ de
Versailles, fan de la série Columbo,
que la lumière sera faite sur cet étrange fait divers. Comme quoi.
Qu’il s'agisse de fiction ou de la réalité, le meurtre parfait
s'avère toujours aussi complexe, voire impossible à réaliser...
Un succulent épisode avec le face à face Peter Falk et Robert Conrad.
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