vendredi 19 avril 2024

Ombres et lumières (Murder, Smoke and Shadows) de James Frawley (1989) 🚬 🚬 🚬 🚬

 


 

Comme nous l'évoquions dans le précédent épisode, Ombre et lumière (Murder, Smoke and Shadows) plonge le lieutenant Columbo dans l'univers du cinéma. Ça n'est certes pas la première fois, loin de là, mais dans ce nouveau chapitre des enquête de l'un des plus célèbres flics de Los Angeles qui se place en seconde position dans la huitième saison, ça n'est plus à d'anciennes gloires ou à des acteurs de télévision à la mode qu'il est confronté mais à l'un de ces réalisateurs, jeunes, beaux mais aussi arrogants et ambitieux qu'il va avoir à faire. Lorsque l'acteur Fisher Stevens débarque sur le tournage pour y incarner le tueur Alex Brady, il a tout juste vingt-cinq ans mais incarne un personnage qui déjà possède une réputation qui lui permet d'imposer son style et sa personnalité. Une attitude légère qui dénote une ambiguïté entre sa jeunesse et les responsabilités qui lui incombent. Par chance, son nouveau long-métrage est produit par un homme sacrément compréhensif... Du moins jusqu'à un certain point. Mais là n'est pas le problème. Plus embarrassante sera la confrontation entre Alex Brady et son ancien ami Leonard Fisher que la réalisation de son nouveau projet. Un film qui, en toile de fond permettra surtout au réalisateur James Frawley de mettre le pied du lieutenant Columbo à l'étrier d'un univers qui ressemblera d'abord à un parc d'attraction que l'on visite à bord d'un car avant d'explorer ses recoins les plus sombres. L'on apprend en effet qu'Alex s'est rendu responsable de la mort de la sœur de Leonard lors d'un tournage. Un accident de moto lors duquel le jeune réalisateur avait pris la fuite. C'est un ancien ami des deux hommes qui avant sa mort a confié à Leonard une vidéo montrant ce qu'il s'était réellement passé ce jour là. Et pour ce frère toujours anéanti par la mort de sa sœur, le jour de la vengeance est arrivé. En effet, il est temps pour lui de médiatiser l'affaire afin de ruiner la carrière et la réputation d'Alex. Et pourtant, la victime, ce sera lui. Assassiné par le jeune réalisateur qui le soir même lui tendra un piège. Débarque alors Columbo dans le luxueux... laboratoire de recherche d'Alex et qui d'emblée analyse la scène et découvre que le réalisateur (et spécialiste des effets-spéciaux, j'oubliais de le préciser) a récemment reçu une visite. À l'occasion de cet épisode, les spectateurs auront l'occasion de noter la somme d'erreurs commises par Alex.


Des ''étourderies'' en cascades qui entrent malgré tout dans une certaine logique puisque le tueur fait partie de ces assassins qui dans la série commettent leur crime de manière spontanée et presque irréfléchie. Car si Alex aura tout de même eu l'après-midi tout entier pour planifier le meurtre de Leonard (qui naïvement attendait dans l'appartement du réalisateur que celui-ci lui démontre que la vidéo était truquée), il ne semble par contre pas avoir pris en compte tous ces petits détails qui pourraient éveiller les soupçons sur lui. Autant dire que pour Columbo, cette enquête, c'est du pain béni ! À tel point, même, qu'il prendra le temps de cabotiner dans des proportions un brin disproportionnées (voir la dernière partie). Sur un script de Richard Alan Simmons (pour qui, Ombre et lumière sera l'avant-dernier scénario avant toutes cessassions d'activité), James Frawley s'attaque là au quatrième des six épisode qu'il réalisera pour la série. Prolifique et talentueux, il ne signe certes pas là le meilleur d'entre tous ni même de tout ceux dont il eut la charge mais l'univers cinématographique offert par Ombre et lumière tranche radicalement avec tout ce que l'on a pu voir jusque là. En fouillant bien dans les archives de la série, seul Deux en un de Bernard L. Kowalski et avec William Shatner avait su parfaitement retranscrire l'univers télévisuel, ce second épisode de la huitième saison étant une proposition similaire beaucoup plus ambitieuse dans sa forme. Bien que la traduction du titre original qui, s'il avait été scrupuleusement respecté aurait donné sur notre territoire un étonnant ''Meurtre, fumée et ombres'', n'est pas vraiment fidèle, Ombre et lumière respecte malgré tout une certaine idée du cinéma. Une projection en deux ou trois temps entre obscurité et clarté, signifiée à au moins deux reprises. Lors du meurtre et lors de cette séquence improbable où James Frawley utilise le décor à bon escient. Sous ses airs de jeune premier, Fisher Stevens campe l'un de ces assassins au rire jaune et au fond, très immoraux que l'on se délecte par avance de voir tomber dans les mailles de ses propres filets. Ce trop-plein d'assurance qui en général finit de faire tomber le méchant de l'histoire. Il est amusant de noter un détail qui, après le précédent épisode Il y a toujours un truc pourtant réalisé et écrit par d'autres que James Frawley et Richard Alan Simmons, refait surface : la trahison ! Ni le Docteur Paula Hull dans un cas, ni Ruth Jernigan (Molly Hagan) dans le second n'auront participé à l'élaboration des meurtres, mais trop proches des assassins, l'une et l'autre finiront par trahir le tueur en collaborant avec le lieutenant...

 

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