Comme nous l'évoquions
dans le précédent épisode, Ombre et lumière
(Murder, Smoke and Shadows)
plonge le lieutenant Columbo dans l'univers du cinéma. Ça n'est
certes pas la première fois, loin de là , mais dans ce nouveau
chapitre des enquête de l'un des plus célèbres flics de Los
Angeles qui se place en seconde position dans la huitième saison, ça
n'est plus à d'anciennes gloires ou à des acteurs de télévision
à la mode qu'il est confronté mais à l'un de ces
réalisateurs, jeunes, beaux mais aussi arrogants et ambitieux qu'il
va avoir à faire. Lorsque l'acteur Fisher Stevens débarque sur le
tournage pour y incarner le tueur Alex Brady, il a tout juste
vingt-cinq ans mais incarne un personnage qui déjà possède une
réputation qui lui permet d'imposer son style et sa personnalité.
Une attitude légère qui dénote une ambiguïté entre sa jeunesse
et les responsabilités qui lui incombent. Par chance, son nouveau
long-métrage est produit par un homme sacrément compréhensif... Du
moins jusqu'à un certain point. Mais là n'est pas le problème.
Plus embarrassante sera la confrontation entre Alex Brady et son
ancien ami Leonard Fisher que la réalisation de son nouveau projet.
Un film qui, en toile de fond permettra surtout au réalisateur James
Frawley de mettre le pied du lieutenant Columbo à l'étrier d'un
univers qui ressemblera d'abord à un parc d'attraction que l'on
visite à bord d'un car avant d'explorer ses recoins les plus
sombres. L'on apprend en effet qu'Alex s'est rendu responsable de la
mort de la sœur de Leonard lors d'un tournage. Un accident de moto
lors duquel le jeune réalisateur avait pris la fuite. C'est un
ancien ami des deux hommes qui avant sa mort a confié à Leonard une
vidéo montrant ce qu'il s'était réellement passé ce jour là . Et
pour ce frère toujours anéanti par la mort de sa sœur, le jour de
la vengeance est arrivé. En effet, il est temps pour lui de
médiatiser l'affaire afin de ruiner la carrière et la réputation
d'Alex. Et pourtant, la victime, ce sera lui. Assassiné par le jeune
réalisateur qui le soir même lui tendra un piège. Débarque alors
Columbo dans le luxueux... laboratoire de recherche d'Alex et qui
d'emblée analyse la scène et découvre que le réalisateur (et
spécialiste des effets-spéciaux, j'oubliais de le préciser) a
récemment reçu une visite. À l'occasion de cet épisode, les
spectateurs auront l'occasion de noter la somme d'erreurs commises
par Alex.
Des
''étourderies'' en cascades qui entrent malgré tout dans une
certaine logique puisque le tueur fait partie de ces assassins qui
dans la série commettent leur crime de manière spontanée et
presque irréfléchie. Car si Alex aura tout de même eu l'après-midi
tout entier pour planifier le meurtre de Leonard (qui naïvement
attendait dans l'appartement du réalisateur que celui-ci lui
démontre que la vidéo était truquée), il ne semble par contre pas
avoir pris en compte tous ces petits détails qui pourraient éveiller
les soupçons sur lui. Autant dire que pour Columbo, cette enquête,
c'est du pain béni ! À tel point, même, qu'il prendra le
temps de cabotiner dans des proportions un brin disproportionnées
(voir la dernière partie). Sur un script de Richard Alan Simmons
(pour qui, Ombre et lumière
sera l'avant-dernier scénario avant toutes cessassions d'activité),
James Frawley s'attaque là au quatrième des six épisode qu'il
réalisera pour la série. Prolifique et talentueux, il ne signe
certes pas là le meilleur d'entre tous ni même de tout ceux dont il
eut la charge mais l'univers cinématographique offert par Ombre
et lumière
tranche radicalement avec tout ce que l'on a pu voir jusque là . En
fouillant bien dans les archives de la série, seul Deux
en un de
Bernard L. Kowalski et avec William Shatner avait su parfaitement
retranscrire l'univers télévisuel, ce second épisode de la
huitième saison étant une proposition similaire beaucoup plus
ambitieuse dans sa forme. Bien que la traduction du titre original
qui, s'il avait été scrupuleusement respecté aurait donné sur
notre territoire un étonnant ''Meurtre,
fumée et ombres'',
n'est pas vraiment fidèle, Ombre et lumière
respecte malgré tout une certaine idée du cinéma. Une projection
en deux ou trois temps entre obscurité et clarté, signifiée à au
moins deux reprises. Lors du meurtre et lors de cette séquence
improbable où James Frawley utilise le décor à bon escient. Sous
ses airs de jeune premier, Fisher Stevens campe l'un de ces assassins
au rire jaune et au fond, très immoraux que l'on se délecte par
avance de voir tomber dans les mailles de ses propres filets. Ce
trop-plein d'assurance qui en général finit de faire tomber le
méchant de l'histoire. Il est amusant de noter un détail qui, après
le précédent épisode Il y a toujours un truc
pourtant
réalisé et écrit par d'autres que James Frawley et Richard Alan
Simmons, refait surface : la trahison ! Ni le Docteur Paula
Hull dans un cas, ni Ruth Jernigan (Molly Hagan) dans le second
n'auront participé à l'élaboration des meurtres, mais trop
proches des assassins, l'une et l'autre finiront par trahir le tueur
en collaborant avec le lieutenant...
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