samedi 10 juin 2023

Deux en un (Fade in to Murder) de Bernard L. Kowalski (1976) 🚬 🚬 🚬 🚬

 


 

Alors qu'à l'origine le dernier épisode de la saison cinq de la série Columbo avait été prévu comme le tout dernier puisque Peter Falk avait prévu de rendre son tabli... imperméable, cinq mois après la diffusion de La montre témoin sur le réseau NBC aux États-Unis, voilà qu'un nouvel épisode allait être diffusé le 10 octobre 1976 sous le titre Fade in to Murder (chez nous, l’épisode sera visible deux mois plus tard le 08 décembre sous celui de Deux en un). Pour ce retour finalement précipité de Peter Falk dans le rôle du plus célèbre flic de la police criminelle de Los Angeles, Columbo enquête sur le meurtre de l'agent artistique Claire Daley (l'actrice Lola Albright), laquelle fait chanter l'acteur et star d'une série policière Ward Fowler (William Shatner). Afin de se débarrasser de cette gênante maître-chanteuse, l'homme se cache sous une épaisse doudoune et sous un passe-montagne et la tue alors qu'elle se rend dans une épicerie, faisant passer le meurtre pour un fait consécutif à un braquage visant la recette journalière du propriétaire du commerce. Afin de parfaire son crime, Ward Fowler a de fait, et bien avant de commettre son meurtre, convié son ami Mark Davis (l'acteur Bert Remsen) à assister à un match de base-ball chez lui et durant lequel il lui a servi un verre d'alcool auquel il a ajouté un somnifère. Méthode permettant au futur assassin de se construire un alibi en modifiant l'heure affichée sur la montre de Mark. Le meurtre accompli, Columbo débarqué, dépêché sur les lieux du crime remarque rapidement qu'un détail ne colle pas avec la version officielle. Ce petit détail qui comme cela est l'habitude dans la série, va permettre au lieutenant de découvrir qu'il s'agit là encore d'un subterfuge pour mener les enquêteurs sur une fausse piste. Incarné par l'un des mythiques acteurs de la série originale Star Trek qui entre 1966 et 1969 interpréta le rôle du célèbre James ''T'' Kirk au commandes du vaisseau Enterprise, William Shatner campe un double-rôle. Tout d'abord celui de l'acteur/assassin, mais également de son antinomique personnage de fiction, le lieutenant Lucerne. Un flic de série policière télévisée auquel le lieutenant va régulièrement se reporter, demandant ainsi à son interprète de bien vouloir lui donner des conseils et ainsi l'aider à résoudre le meurtre de Claire Daley. Comme cela fut régulièrement le cas, notre lieutenant de police va une fois encore côtoyer le monde de l'art. Après ceux du cinéma, de la peinture ou de la littérature, voilà qu'il s'attaque à l'univers de la télévision. Willian Shatner qui bien des années plus tard réapparaîtra dans la série dans la peau de l'assez peu sympathique Fielding Chase dans l'épisode Face à face (Butterfly in Shades of Grey) incarne ici un acteur enjoué, égocentrique (un comportement régulier chez nos acteurs!) mais dont la détermination failli au travers d'erreurs grossières que n'auraient peut-être pas commises certains des assassins que son personnage de fiction avait jusque là l'habitude d'interroger...


Après avoir été confronté à l'interprète de l'une des pires incarnations de l'univers de Star Trek l'année précédente dans l'épisode Question d'honneur (le tueur était en effet interprété par l'acteur Ricardo Montalban qui avait interprété en 1967 à la télévision dans l'épisode Space Seed et quinze ans plus tard sur grand écran dans Star Trek 2 : La colère de Kahn l'antagoniste Khan Noonien Singh), voici que Columbo se frotte à un tueur qui théoriquement connait toutes les ficelles lui permettant de commettre le meurtre parfait. Mais comme toute série est le fruit d'un esprit imaginatif et son histoire celui d'une fiction, l'illusion ne dure qu'un instant dès lors que Columbo met la main sur des faits indiscutables renvoyant à la culpabilité de Ward Fowler. Ça n'est certes pas la première fois mais il est saisissant dans le cas de Deux en un de voir combien le lieutenant Columbo est capable de sympathiser, voire de s'attacher à l'homme (ou en d'autres occasions, la femme) autour duquel il est en train d'insidieusement refermer ses griffes tout en étant capable de le tromper à travers sa fausse gaucherie. À ce titre, cet épisode est exemplaire. S'y confondent la fiction et la réalité pour mieux happer et éclairer cette frontière qui sépare le vrai du faux. Alors que le dernier épisode de la précédente saison était marqué par une conclusion plus que discutable, les éléments qui confondent le meurtriers ne le sont désormais plus du tout. Le duo Peter Falk/William Shatner fonctionne à merveille et s'avère fort réjouissant. Comme le sont également ces quelques trouvailles permettant d'atayer l'alibi (prochainement deconstruit) de l'assassin. S'il est de coutume que le tueur soit découvert à travers quelques imperfections qu'il a dénié vérifier avant de les corriger, dans cet épisode, au fond, terriblement ironique, leur accumulation tente à prouver que l'on peut être l'excellent interprète d'un flic de fiction tout en étant un pitoyable assassin...

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire