dimanche 11 juin 2023

Meurtre à l'ancienne (Old Fashioned Murder) de Robert Douglas (1976) 🚬 🚬 🚬 🚬 🚬

 


 

Alors que le premier épisode de cette sixième saison se révélait être un authentique divertissement mêlant la fiction d'un personnage de série policière à l'enquête menée par notre célèbre lieutenant Columbo, le second, Meurtre à l'ancienne (Old Fashioned Murder) devait quant à lui prendre une tournure bien différente. D'une certaine manière, cet épisode réalisé par Robert Douglas dont il s'agira du seul qu'il réalisera parmi les soixante-neuf que compte la série peut être considéré comme la juxtaposition de deux autres épisodes, eux-mêmes antérieurs de quelques années. En effet, dans cette histoire où la famille est l'un des éléments centraux et fondamentaux du récit, l'on retrouve un peu de cet intolérable ascendant que possédait en son temps Bryce Chadwick sur sa sœur Beth et qui poussa cette dernière à se débarrasser de son frère dans Attente, le cinquième épisode de la première saison. Tout comme l'on découvrait à travers le portrait d'Enrico Carsini, dans Quand le vin est tiré (second épisode de la troisième saison), le frère d'un futur criminel qui comme l'Edwards Lytton de Meurtre à l'ancienne pensait prendre des dispositions quant à l'avenir de l'entreprise familiale. C'est donc avec une certaine émotion que l'on découvre le personnage de Ruth Lytton qu'interprète avec une très grande justesse de ton l'actrice américaine Joyce Van Patten. Une ''vieille fille'' froide, voire rigide, mais qui pourtant dégage un fort potentiel d'empathie accentué par la relation que le lieutenant et elle vont entretenir durant les soixante-treize minutes que dure cet épisode diffusé pour la première fois sur le réseau NBC le 28 novembre 1976 et en France trois ans plus tard, le 17 novembre 1979 sur TF1. Ruth et son frère sont les propriétaires d'un musée dont les visites ne rapportent plus suffisamment d'argent. Du moins pas assez pour subvenir à leurs besoins. C'est ainsi qu'Edward décide de mettre un terme à leurs activités contre l'assentiment de sa sœur. La seule solution envisagée par Ruth est alors de se débarrasser de son frère et par la même occasion du gardien Milton Shaeffer (l'acteur Peter S. Feibleman) dont elle avait de toute manière décidé de se séparer...


C'est donc à travers un intelligent stratagème qu'elle met en place un faux cambriolage lors duquel les deux hommes apparaîtront comme s'être entre-tués, assurant ainsi à Ruth les pleins pouvoirs concernant la gérance du musée familial. Peter Falk débarque à l'image bien avant que les corps ne soient tout d'abord découverts par la nièce de Ruth, la jeune Janie Brandt (l'actrice Jeannie Berlin) qui n'est autre que la fille de Phyllis (Celeste Holm), la sœur psychologiquement fragile de la meurtrière. Tourné principalement au sein de la demeure familiale où rode une ambiance particulièrement froide, Meurtre à l'ancienne fait sans doute partie des meilleurs épisodes de la série. Du moins l'un de ceux qui marquent profondément les esprits à travers la psychologie du tueur, les rapports qu'il entretient avec Columbo, mais aussi et surtout ici, le déploiement d'un récit tournant autour de la famille Lytton et des tragédies qui l'ont émaillées. Sur un scénario de Peter S. Feibleman basé sur un récit de Lauwrence Vail, le réalisateur Robert Douglas et ses interprètes déploient tout un panel de sentiments. Rarement l'on aura vu un criminel faire preuve d'aussi peu de connivence vis à vis du double meurtre qu'il a commis. Sans rien cacher de ses émotions... ou de son absence d'émotions, justement, Ruth est l'un des rares cas de tueurs à conserver par essence sa véritable nature. Difficile donc de montrer le Columbo que l'on aime parfois, manipulant à sa guide l'assassin en question. Il reporte donc cette manière d'envisager son enquête vers la nièce Janie, lors d'une visite dans une prison où elle est enfermée, soupçonnée d'avoir commis le double meurtre. Séquence lors de laquelle Columbo lui tend un objet qui devrait logiquement démontrer son innocence. Notons que malgré l'ambiance généralement sombre de cet épisode, quelques passages contrebalancent avec cette atmosphère. Comme la visite dans le salon de coiffure ou lorsque Columbo manque de s'étouffer en buvant une tasse de camomille. Notons également le superbe thème musical ouvrant et clôturant ce formidable épisode et que l'on doit au compositeur Dino De Benedictis...

 

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