Alors que le premier
épisode de cette sixième saison se révélait être un authentique
divertissement mêlant la fiction d'un personnage de série policière
à l'enquête menée par notre célèbre lieutenant Columbo, le
second, Meurtre à l'ancienne (Old Fashioned
Murder) devait quant à lui prendre une tournure bien
différente. D'une certaine manière, cet épisode réalisé par
Robert Douglas dont il s'agira du seul qu'il réalisera parmi les
soixante-neuf que compte la série peut être considéré comme la
juxtaposition de deux autres épisodes, eux-mêmes antérieurs de
quelques années. En effet, dans cette histoire où la famille est
l'un des éléments centraux et fondamentaux du récit, l'on retrouve
un peu de cet intolérable ascendant que possédait en son temps
Bryce Chadwick sur sa sœur Beth et qui poussa cette dernière à se
débarrasser de son frère dans Attente,
le cinquième épisode de la première saison. Tout comme l'on
découvrait à travers le portrait d'Enrico Carsini, dans Quand
le vin est tiré (second
épisode de la troisième saison), le frère d'un futur criminel qui
comme l'Edwards Lytton de Meurtre à l'ancienne
pensait prendre des dispositions quant à l'avenir de l'entreprise
familiale. C'est donc avec une certaine émotion que l'on découvre
le personnage de Ruth Lytton qu'interprète avec une très grande
justesse de ton l'actrice américaine Joyce Van Patten. Une ''vieille
fille'' froide, voire rigide, mais qui pourtant dégage un fort
potentiel d'empathie accentué par la relation que le lieutenant et
elle vont entretenir durant les soixante-treize minutes que dure cet
épisode diffusé pour la première fois sur le réseau NBC
le 28 novembre 1976 et en France trois ans plus tard, le 17 novembre
1979 sur TF1.
Ruth et son frère sont les propriétaires d'un musée dont les
visites ne rapportent plus suffisamment d'argent. Du moins pas assez
pour subvenir à leurs besoins. C'est ainsi qu'Edward décide de
mettre un terme à leurs activités contre l'assentiment de sa sœur.
La seule solution envisagée par Ruth est alors de se débarrasser de
son frère et par la même occasion du gardien Milton Shaeffer
(l'acteur Peter S. Feibleman) dont elle avait de toute manière
décidé de se séparer...
C'est
donc à travers un intelligent stratagème qu'elle met en place un
faux cambriolage lors duquel les deux hommes apparaîtront comme
s'être entre-tués, assurant ainsi à Ruth les pleins pouvoirs
concernant la gérance du musée familial. Peter Falk débarque à
l'image bien avant que les corps ne soient tout d'abord découverts
par la nièce de Ruth, la jeune Janie Brandt (l'actrice Jeannie
Berlin) qui n'est autre que la fille de Phyllis (Celeste Holm), la
sœur psychologiquement fragile de la meurtrière. Tourné
principalement au sein de la demeure familiale où rode une ambiance
particulièrement froide, Meurtre à l'ancienne
fait sans doute partie des meilleurs épisodes de la série. Du moins
l'un de ceux qui marquent profondément les esprits à travers la
psychologie du tueur, les rapports qu'il entretient avec Columbo,
mais aussi et surtout ici, le déploiement d'un récit tournant
autour de la famille Lytton et des tragédies qui l'ont émaillées.
Sur un scénario de Peter S. Feibleman basé sur un récit de
Lauwrence Vail, le réalisateur Robert Douglas et ses interprètes
déploient tout un panel de sentiments. Rarement l'on aura vu un
criminel faire preuve d'aussi peu de connivence vis à vis du double
meurtre qu'il a commis. Sans rien cacher de ses émotions... ou de
son absence d'émotions, justement, Ruth est l'un des rares cas de
tueurs à conserver par essence sa véritable nature. Difficile donc
de montrer le Columbo que l'on aime parfois, manipulant à sa guide
l'assassin en question. Il reporte donc cette manière d'envisager
son enquête vers la nièce Janie, lors d'une visite dans une prison
où elle est enfermée, soupçonnée d'avoir commis le double
meurtre. Séquence lors de laquelle Columbo lui tend un objet qui
devrait logiquement démontrer son innocence. Notons que malgré
l'ambiance généralement sombre de cet épisode, quelques passages
contrebalancent avec cette atmosphère. Comme la visite dans le salon
de coiffure ou lorsque Columbo manque de s'étouffer en buvant une
tasse de camomille. Notons également le superbe thème musical
ouvrant et clôturant ce formidable épisode et que l'on doit au
compositeur Dino De Benedictis...
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