Le mystère de la
chambre forte
(épisode n'ayant aucun rapport avec le film éponyme de John Newland
sorti en 1965 et pas davantage avec le roman lui-même éponyme et
écrit par le journaliste et écrivain français Jean-Marie Stoerkel
bien des années plus tard en 2006) pose un certain nombre de
questions quant à la psychologie de la meurtrière et de sa victime.
En effet, en dehors de l'intrigue elle-même et de l'enquête menant
à la confrontation entre le lieutenant Columbo et la meurtrière
Abigail Mitchell, le spectateur est amené à se poser des questions
quant à la responsabilité de la victime prénommée Edmund
(l'acteur Charles Frank) dans la mort de Phyllis, la nièce de la
vieille dame. L'enquête bâclée de la police sur le décès
tragique de la jeune femme lors d'une ballade en voilier a-t-elle
permis à son époux d'échapper à la justice ? Et par
conséquent, fut-il réellement coupable de meurtre ? Ou bien
Abigail s'est-elle débarrassée d'un innocent dont le ménage
prenait l'eau et qu'elle considérait d'un point de vue financier,
des plus opportuniste ? Le doute plane autour de la question de
culpabilité ou d'innocence. D'autant plus que le réalisateur James
Frawley façonne le personnage d'Edmund Galvin de telle manière
qu'il apparaisse inoffensif. Presque gêné face à la proposition
d'Abigail qui lui indique vouloir faire de lui son légataire
universel. Sincère ou manipulateur ? Une double question qui
s'impose également face à cette vieille dame qui du haut de ses un
mètre cinquante agit elle aussi de manière relativement troublante.
Car le mobile est-il réellement synonyme de vengeance ou n'a-t-elle
pas tout simplement que l'intention de récupérer les droits
d'auteur qu'elle avait concédé à sa nièce et qui désormais sont
la propriété de son neveu par alliance ?
Pour revenir à l'affaire qui préoccupe Columbo, quelques indices
laissent d'emblée entrevoir la supercherie. Comment, en effet, et
cela, le lieutenant l'a immédiatement noté, Edmund a-t-il pu
pénétrer dans ce coffre qui s'est transformé à ses dépends en
tombeau sans que l'alarme ne se déclenche ? Un détail dont
l'importance est considérable puisqu'il permettra à Columbo
d’émettre l'hypothèse du meurtre et non plus de l'accident.
Interprétée par Ruth Gordon alors âgée de quatre-vingt un ans,
Abigail étant une écrivaine spécialisée dans le roman policier,
on se dit que l'enquête sera une véritable épreuve pour le
lieutenant. Pourtant, malgré la préparation de la meurtrière afin
de se constituer un alibi, les erreurs vont se succéder. Comme ces
clés enfoncées dans une vasque remplie de sable que la gouvernante
va trouver en faisant le ménage (Columbo y a lui-même écrasé l'un
de ses cigares malodorants) avant de les remettre à la secrétaire
de la vieille dame, Véronica Bryce qu'interprète l'actrice Mariette
Hartley. Laquelle va de ce pas faire chanter la vieille dame afin
d'obtenir ''certaines facilités''. Une fois encore, Columbo semble
être touché par l'histoire personnelle de l'écrivaine dont la
nièce est décédée lors d'un tragique ''accident'' de navigation.
Ruth Gordon incarne une Abigail touchante et d'apparence fragile mais
le lieutenant ne s'en laissera pas compter et mènera l'enquête
jusqu'à l'arrestation de la meurtrière. Malgré une carrière
débutée en 1915 et ayant atteint son crépuscule en 1987, l'actrice
n'aura finalement interprété que quarante-cinq rôles au cinéma et
à la télévision. Les fans de Clint Eastwood l'auront notamment
reconnue pour avoir interprété par deux fois le personnage de Ma
dans le diptyque formé de Doux, dur et dingue de James
Fargo en 1978 et de Ça va cogner de Buddy Van Horn
deux ans plus tard...
Lors d'une conférence, Columbo tombe dans le ''piège'' tendu par
Abigail consistant à monter sur l'estrade afin d'y évoquer son
métier et notamment la relation qu'il entretient avec les suspects.
Lorsque la culpabilité de la vieille dame est avérée, celle-ci
tentera de faire flancher le lieutenant quant à la décision de la
faire arrêter. Lorsque l'on connaît le sérieux de Columbo ou
lorsque l'on remonte le fil des précédentes saisons et notamment la
troisième et son septième épisode Quand le vin est tiré
dans lequel Columbo ne pliait absolument pas face au plus touchant
des meurtriers (Donald Pleasance dans le rôle d'Adrien Carsini), on
sait par avance que les suppliques d'Abigael n'auront aucun effet sur
lui. L'occasion se présentera pourtant bien plus tard mais nous
reviendrons dessus lorsqu'il sera temps d'évoquer l'épisode en
question. Le mystère de la chambre forte se conclu par
une résolution des plus astucieuses où, originalité, c'est la
victime elle-même qui apportera la preuve de la culpabilité
d'Abigail Mitchell...
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