lundi 30 décembre 2024

Columbo - personnages récurrents - Le sergent-détective George Kramer

 


 

Parmi les nombreux personnages qui sont apparus durant les soixante-neuf épisodes que compte la série Columbo, il en est qui ont participé à l'aventure à plusieurs reprises. Sans compter certains acteurs tels que Patrick McGoohan, Jack Cassidy ou Robert Culp qui interprétèrent eux-mêmes des assassins dans plusieurs épisodes, d'autres personnages récurrents firent régulièrement leur apparition. À commencer par le Sergent Détective George Kramer. Qui entre les saisons 4 et 9 apparu dans cinq épisodes. Le personnage est alors incarné par l'acteur Bruce Kirby qui avant d'endosser ce rôle interpréta tout d'abord celui de l'assistant de laboratoire Doug dans Adorable mais dangereuse en 1973. Puis survient pour la première fois à l'écran le Sergent Détective George Kramer dans Entre le crépuscule et l'aube, le troisième épisode de la quatrième saison. Laquelle l'accueille une nouvelle fois lors du sixième intitulé État d'esprit. La saison suivante le voit réapparaître à deux reprises. Tout d'abord dans l'épisode Jeu d'identité, puis dans La montre témoin. Enfin, sans être crédité au générique, le Sergent Détective George Kramer retrouve le chemin de la série pour une ultime apparition dans le téléfilm Columbo : Votez pour moi. Notons également que son interprète offrira ses traits dans le troisième épisode de la septième saison intitulé Meurtre parfait dans lequel il incarnera cette fois-ci le rôle d'un réparateur de télévisions ! Très apprécié par l'acteur Patrick McGoohan, Bruce Kirby côtoiera ce dernier à quatre reprises. En effet, la vedette de la série Le prisonnier aura interprété plusieurs des assassins de la série ou directement dirigé certains épisodes mettant en scène Bruce Kirby. 


Né Bruno Giovanni Quidaciolu le 28 avril 1925, il débute sa carrière sur le petit écran dans les années cinquante avec la série Studio One dans laquelle il interprète le rôle de MR. Merkle. Ses quinze premières années d'acteur, Bruce Kirby les passe donc à la télévision avant de se voir offrir son premier rôle au cinéma dans Catch-22 de Mike Nichols, en 1970. Acteur de second rôle, il est quasiment impossible d'avoir échappé à ce visage bien connu des téléspectateurs. Surtout dans le courant des années quatre-vingt qui le voit donc apparaître dans Columbo, mais également dans d'autres séries policières telles que Kojak, l'étonnante Holmes et Yoyo et bien sur La loi de Los Angeles dans laquelle il n'apparaît pas en tant que principal interprète mais en tant que personnage récurrent. Il y incarne effectivement le rôle du procureur Bruce Rogoff dans treize des cent-soixante dix épisodes que compte la série. Les spectateurs ne s'en souviennent peut-être pas mais Bruce Kirby apparaîtra notamment sur grand écran dans le chef-d’œuvre de Rob Reiner adapté d'une longue nouvelle de Stephen King, Stand by me en 1986. S'agissant de la série Columbo, son personnage apparaît donc plus ou moins régulièrement. Il n'y est ni le supérieur ni le subalterne de Columbo puisque les deux hommes partagent le même grade. Présent sur diverses scènes de crimes, il précède généralement ce dernier, offrant à notre fameux lieutenant les premières informations concernant la victime et les conditions dans lesquelles celle-ci a trouvé la mort. Bref, un personnage essentiel qui malgré son peu de présence à l'image apporte une véritable cohésion dans l'entourage du Lieutenant Columbo...

 

samedi 1 juin 2024

Portrait d'un assassin (Murder, a Self Portrait) de James Frawley (1989) 🚬 🚬 🚬

 


 

La neuvième saison de la série Columbo débute avec un épisode assez particulier intitulé Portrait d'un assassin (Murder, a Self Portrait) et réalisé par James Frawley. Le sixième et dernier pour ce cinéaste qui passa la majeure partie de sa carrière à tourner des œuvres pour le petit écran et donc pour la célèbre série policière puisqu'il réalisa lui-même trois épisodes lors de la première époque et trois autres durant la seconde. Portrait d'un assassin vient donc clore sa participation à travers l'un de ces épisodes qui ponctuellement sont sortis du schéma coutumier pour nous proposer des enquêtes inhabituelles. Ce premier des six épisodes de cette neuvième saison est d'ailleurs très significatif de l'orientation prise par la plupart d'entre eux. Dans le second intitulé Tout finit par se savoir et réalisé par Daryl Duke, le meurtre n'interviendra qu'à la toute fin de l'épisode. Dans L’enterrement de Madame Columbo de Vincent McEveety, le récit sera entrecoupé de nombreux flashbacks et tournera autour d'une femme qui aurait prétendument assassiné l'épouse de Columbo. Quant à Meurtre en deux temps de Walter Grauman, comme l'indique le titre français, le tueur incarné par Andrew Stevens manigancera l'assassinat de sa future épouse en deux étapes afin de se prémunir d'une quelconque responsabilité dans sa mort. Une saison qui donc dénote par rapport aux précédentes, ce qui n'est d'ailleurs pas forcément une bonne nouvelle. Et notamment concernant parfois le premier épisode Portrait d'un assassin dans lequel le lieutenant va se frotter à un célèbre peintre du nom de Max Barsini. Incarné par l'acteur belge Patrick Bauchau, celui-ci assassine son ancienne épouse, laquelle détient inconsciemment des informations liées à une tragédie passée ressurgissant lors de cauchemars dont elle témoigne du traumatisme auprès de son psychiatre et amant, le docteur Sidney Hammer (l'acteur George Coe) avec lequel elle a l'intention de refaire sa vie. Vivant jusqu'à maintenant auprès de Barsini, de la nouvelle épouse de celui-ci, Vanessa et de son modèle Julie, Louise est donc assassinée par le peintre, lequel craint que son ex-épouse ne fasse des révélations sur son douteux passé. Afin de se forger un alibi, Max Barsini propose à Vito, le propriétaire d'un bar où il a ses habitudes, de peindre le jour même à l'étage de l'établissement, une toile qu'il lui offrira ensuite. Comme cela arrive régulièrement dans la série, le tueur tentera d'amadouer le lieutenant Columbo.


Ne pouvant bien évidemment pas jouer de ses charmes auprès du détective le plus célèbre de Los Angeles, Max Barsini va lui proposer de poser pour lui. Dans cet épisode, l'enquête de Columbo repose en partie sur une technique qui demeure jusque là inédite. Récupérant les enregistrements effectués par le psychiatre lors des entretiens avec sa patiente et fiancée (interprétée par Fionnula Flanagan), le lieutenant découvre rapidement qu'ils sont liés à un événement passé qu'il va presque immédiatement raccorder à la mort de l'ancienne épouse de celui qu'il soupçonne. Comme dans tout bon épisode de la série, plusieurs éléments viendront étayer ses soupçons. Comme la présence au bord des lèvres de la victime de traces de peinture ou sur le chiffon qui servit à l'endormir du propre rouge à lèvres de Louise. Chiffon qui au demeurant appartient au peintre et ex-mari de la victime. Parmi les éléments de preuve, l'un d'eux demeurera d'ailleurs comme l'un des plus mémorables de toute l'histoire de la série. Du moins, l'un des plus remarquablement indémontables qu'ait mis à jour ce sacré lieutenant. Son approche assez particulière fait de Portrait d'un assassin un épisode qui détone avec l'ensemble des soixante-neuf qui constituent l'intégralité de la série. Étonnant quoique parfois relativement déstabilisant dans sa construction, James Frawley parvient malgré tout à maintenir un certain niveau d'intérêt pour cet épisode qui ressemble finalement assez peu à ce que l'on attend d'une enquête menée par le lieutenant Columbo. Notons la présence de l'acteur Vito Scotti qui entre 1973 et 1989 apparu dans six épisodes. Nous le découvrirons effectivement dans le rôle d'un maître d'hôtel dans le génialissime Quand le vin est tiré, dans celui d'un tailleur dans Candidat au crime, en employé des pompes funèbres dans Le chant du cygne, en sans domicile fixe dans Réaction négative, dans la peau de Salvatore Defonte dans Jeu d'identité et ainsi donc dans Portrait d'un assassin dans le rôle de Vito, le propriétaire du bar. Notons également la présence dans le rôle de l'épouse de l'assassin, Vanessa, de Shera Danese, qui outre sa présence elle aussi dans six épisodes de la série ne fut autre que la seconde épouse de Peter Falk avec lequel elle partagea sa vie jusqu'à la mort de ce dernier survenue le 23 juin 2011...

 

lundi 13 mai 2024

Grandes manœuvres et petits soldats (Grand Deceptions) de Sam Wanamaker (1989) 🚬 🚬 🚬

 


 

Quinze ans après l'excellent épisode Entre le crépuscule et l'aube réalisé par Harvey Hart et dans lequel notre bon vieux lieutenant Columbo était confronté au tyrannique Colonel Lyle C. Rumford (excellent Patrick McGoohan), un officiel de l'armée américaine dirigeant d'une main de fer une école militaire, l'on retrouve notre détective de Los Angeles à l'imperméable froissé et au cigare malodorant dans un univers similaire. En effet, dans le quatrième et dernier épisode de la huitième saison intitulé Grandes manœuvres et petits soldat (Grand Deceptions), Columbo est dépêché dans un camp militaire pour y constater la mort du sergent-major Lester Keegan (l'acteur Andy Romano) apparemment tué par accident lors d'une séance d'entraînement nocturne à laquelle participaient les nouvelles recrues. Tué par l'explosion d'une grenade, l'homme est retrouvé étendu sur le ventre alors qu'il vérifiait le bon fonctionnement des installations électriques. Très rapidement, le lieutenant soupçonne un meurtre. Quelques détails iront selon lui dans ce sens. Comme la présence de feuilles mortes sous le col de l'uniforme porté par la victime (le corps à effectivement été retrouvé dans la forêt où eut lieu l'opération de nuit). Le lieutenant soupçonne très rapidement le colonel Frank Brailie (l'acteur Robert Foxworth qui au cinéma fut notamment la voix de Ratchet dans la série de longs-métrages Transformers). Pourtant, l'homme semble avoir un alibi indéboulonnable. En effet, au moment où Lester Keegan mourrait, le colonel Frank Brailie était prétendument dans le salon de son supérieur, le général Padget (Stephen Elliot), pour l'anniversaire duquel il était supposé installer des centaines de figurines sur une maquette reproduisant un grand événement historique. Un aménagement qui devait lui prendre deux heures de son temps et ainsi rendre impossible sa présence à deux endroits différents. Mais connaissant notre lieutenant de police préféré, l'alibi du colonel Frank Brailie ne tiendra pas très longtemps...


Beaucoup moins connu chez nous que sur le territoire américain, l'acteur Robert Foxworth campe un colonel Frank Brailie plutôt efficace, adultère (il couche avec l'épouse du Général Padget, Jenny, qu'interprète de son côté l'actrice Janet Eilber) et ayant détourné de fortes sommes d'argent à l'origine réservées à des Fonds de projets spéciaux. On s'en doute, l'objectif du sergent-major Lester Keegan était donc de faire chanter le colonel. La victime était également au courant de la relation qu'entretenait celui-ci avec l'épouse du général Padget. Deux bonnes raisons, donc, pour se débarrasser de ce témoin particulièrement gênant... Décédé en 1993, soit seulement quatre ans après la réalisation de cet épisode, l'acteur et réalisateur Sam Wanamaker avait déjà mis en scène le troisième épisode de la sixième saison intitulé Les surdoués. Confiant cette fois-ci l'écriture au scénariste Sy Salkowitz, Grandes manœuvres et petits soldat est un sympathique épisode même s'il ne rejoint absolument pas le classement des meilleurs d'entre tous. L'épisode permet surtout d'assister à la touchante relation entre Columbo et ce vieux général cloué dans un fauteuil roulant qui ne soupçonne absolument pas la traîtrise de son subalterne ou l'adultère dont s'est rendue responsable son épouse. Si le scénario est plutôt intelligent, l'usage de subterfuges semblant être parfois un peu légers comme le nettoyage d'une trace de terre par le Colonel Frank Brailie dans la chambre de sa victime permet une fois de plus de montrer les performances et la grande intuition du lieutenant Columbo, très actif et minutieux dans sa recherche du détail qui fera toute la différence. Cette huitième saison se termine donc de manière plutôt élégante. Six mois sépareront Grandes manœuvres et petits soldat du premier épisode de la neuvième saison intitulé Portrait d'un assassin. Un épisode assez particulier comme nous le verrons dans un prochain article, réalisé par l'un des cinéastes les plus prolifiques que la série puisque James Frawley aura tourné lui-même six épisodes entre 1977 et 1989...

 

samedi 20 avril 2024

Fantasmes (Sex and the Married Detective) de James Frawley (1989) 🚬 🚬 🚬

 


 

Les meurtres commis par des femmes dans la série sont relativement rares si nous les comparons aux assassinats perpétrés par les criminels de sexe masculin. Sans compter celles qui ne firent que participer indirectement aux meurtres, à peine plus d'une douzaine de femmes se rendirent donc coupables d'homicides. Et parmi elles, le docteur Joan Allenby (l'actrice Lindsay Crouse), une célèbre sexothérapeute, amante de David Kincaid (Stephen Macht), qui un soir retourne à son cabinet après que le vol en avion qu'elle avait prévu de prendre pour Chicago ait été supprimé pour y découvrir l'homme qu'elle aime dans les bras de sa propre secrétaire. Cachée derrière une paroi en bois, elle assiste à travers les interstices à la relation sexuelle entre David et la jeune femme. Mais ce que supportera sans doute moins encore Joan seront les propos humiliants que tiendra son amant dans les bras de la secrétaire. Joan repart anéantie mais avec dans l'idée de se venger... Et oui, la raison invoquée dans cet épisode intitulé Fantasmes (Sex and the Married Detective) est toute bête. Fallacieuse, voire même injustifiable pourrions-nous considérer alors même qu'il lui aurait suffit de rendre la pareille à cet individu manquant très franchement de délicatesse et de subtilité. Afin de commettre son crime, la sexothérapeute organise une sortie en compagnie de David lors de laquelle elle va se grimer en noir et se faire appeler Lisa afin de devenir méconnaissable. Un jeu qui lui permettra de se cacher sous les traits d'une autre et lui servira à détourner l'attention des enquêteurs vers une femme qui en réalité n'existe pas. Une fois de plus, nous retrouvons à la mise en scène de cet épisode le réalisateur James Frawley qui revient tout juste après Ombres et Lumières dont il avait lui-même été l'auteur quelques mois auparavant. Si les femmes sont effectivement des meurtrières qui se font rares dans cette série constituée de soixante-neuf épisodes, les raisons invoquant les homicides sont par contre chez elles communes à celle qui implique le meurtre de l'amant du docteur Joan Allenby.


Ici, pas d'avarice. Juste une sensation de jalousie et un désir de vengeance qui vont prendre d'énormes proportions puisque la femme trahie ira jusqu'à tuer celui qu'elle aime. Des cas comme celui de Fantasmes il y en eu d'autres durant les dizaines d'épisodes qui constituèrent la série Columbo. L'un des plus remarquables demeurant sans doute Le meurtre aux deux visages et le cas de Lauren Stanton (incarnée par la sublime Faye Dunaway) qui lors de la treizième saison organisera le meurtre de son amant avec l'aide d'une jeune femme dont le lien avec la meurtrière nous sera dévoilé en cours de récit. Écrit par Jerrold L. Ludwig, le troisième et avant-dernier épisode de la huitième saison est accompagné par une partition musicale relativement sensuelle composée par le compositeur Patrick Williams. Une bande musicale qui participe au jeu de la séduction entre la meurtrière et le lieutenant Columbo. Fantasmes invoque en outre la thématique de la schizophrénie lorsque Joan commence à prendre l'habitude de s'habiller en noir et à se faire appeler Lisa. Un personnage beaucoup plus démonstratif en matière de sexualité et auquel l'héroïne offre un temps d'existence de plus en plus important. Le docteur Joan Allenby fait partie de ces personnages dont on aimerait presque pardonner leur acte même si au fond, tuer pour raison d'adultère peut paraître quelque peu excessif ! L'univers dans lequel est ici ''enrôlé'' notre lieutenant préféré change des cadres habituels et il va lui falloir garder toute sa concentration afin de dénouer le nœud de cette affaire très particulière dans les annales de la série. Fantasmes dénote une nouvelle fois la force de résistance mentale de Columbo pour lequel les tentations sont toujours aussi présentes. Mais en grand professionnel, il mènera son enquête jusqu'à son terme. Notons la fin assez touchante de cet épisode pourtant mi-figue, mi-raisin entre le policier et la meurtrière. Une conclusion que l'on pourrait de loin comparer à celles de Meurtre à l'ancienne de Robert Douglas ou celle de Quand le vin est tiré de Leo Penn...

vendredi 19 avril 2024

Ombres et lumières (Murder, Smoke and Shadows) de James Frawley (1989) 🚬 🚬 🚬 🚬

 


 

Comme nous l'évoquions dans le précédent épisode, Ombre et lumière (Murder, Smoke and Shadows) plonge le lieutenant Columbo dans l'univers du cinéma. Ça n'est certes pas la première fois, loin de là, mais dans ce nouveau chapitre des enquête de l'un des plus célèbres flics de Los Angeles qui se place en seconde position dans la huitième saison, ça n'est plus à d'anciennes gloires ou à des acteurs de télévision à la mode qu'il est confronté mais à l'un de ces réalisateurs, jeunes, beaux mais aussi arrogants et ambitieux qu'il va avoir à faire. Lorsque l'acteur Fisher Stevens débarque sur le tournage pour y incarner le tueur Alex Brady, il a tout juste vingt-cinq ans mais incarne un personnage qui déjà possède une réputation qui lui permet d'imposer son style et sa personnalité. Une attitude légère qui dénote une ambiguïté entre sa jeunesse et les responsabilités qui lui incombent. Par chance, son nouveau long-métrage est produit par un homme sacrément compréhensif... Du moins jusqu'à un certain point. Mais là n'est pas le problème. Plus embarrassante sera la confrontation entre Alex Brady et son ancien ami Leonard Fisher que la réalisation de son nouveau projet. Un film qui, en toile de fond permettra surtout au réalisateur James Frawley de mettre le pied du lieutenant Columbo à l'étrier d'un univers qui ressemblera d'abord à un parc d'attraction que l'on visite à bord d'un car avant d'explorer ses recoins les plus sombres. L'on apprend en effet qu'Alex s'est rendu responsable de la mort de la sœur de Leonard lors d'un tournage. Un accident de moto lors duquel le jeune réalisateur avait pris la fuite. C'est un ancien ami des deux hommes qui avant sa mort a confié à Leonard une vidéo montrant ce qu'il s'était réellement passé ce jour là. Et pour ce frère toujours anéanti par la mort de sa sœur, le jour de la vengeance est arrivé. En effet, il est temps pour lui de médiatiser l'affaire afin de ruiner la carrière et la réputation d'Alex. Et pourtant, la victime, ce sera lui. Assassiné par le jeune réalisateur qui le soir même lui tendra un piège. Débarque alors Columbo dans le luxueux... laboratoire de recherche d'Alex et qui d'emblée analyse la scène et découvre que le réalisateur (et spécialiste des effets-spéciaux, j'oubliais de le préciser) a récemment reçu une visite. À l'occasion de cet épisode, les spectateurs auront l'occasion de noter la somme d'erreurs commises par Alex.


Des ''étourderies'' en cascades qui entrent malgré tout dans une certaine logique puisque le tueur fait partie de ces assassins qui dans la série commettent leur crime de manière spontanée et presque irréfléchie. Car si Alex aura tout de même eu l'après-midi tout entier pour planifier le meurtre de Leonard (qui naïvement attendait dans l'appartement du réalisateur que celui-ci lui démontre que la vidéo était truquée), il ne semble par contre pas avoir pris en compte tous ces petits détails qui pourraient éveiller les soupçons sur lui. Autant dire que pour Columbo, cette enquête, c'est du pain béni ! À tel point, même, qu'il prendra le temps de cabotiner dans des proportions un brin disproportionnées (voir la dernière partie). Sur un script de Richard Alan Simmons (pour qui, Ombre et lumière sera l'avant-dernier scénario avant toutes cessassions d'activité), James Frawley s'attaque là au quatrième des six épisode qu'il réalisera pour la série. Prolifique et talentueux, il ne signe certes pas là le meilleur d'entre tous ni même de tout ceux dont il eut la charge mais l'univers cinématographique offert par Ombre et lumière tranche radicalement avec tout ce que l'on a pu voir jusque là. En fouillant bien dans les archives de la série, seul Deux en un de Bernard L. Kowalski et avec William Shatner avait su parfaitement retranscrire l'univers télévisuel, ce second épisode de la huitième saison étant une proposition similaire beaucoup plus ambitieuse dans sa forme. Bien que la traduction du titre original qui, s'il avait été scrupuleusement respecté aurait donné sur notre territoire un étonnant ''Meurtre, fumée et ombres'', n'est pas vraiment fidèle, Ombre et lumière respecte malgré tout une certaine idée du cinéma. Une projection en deux ou trois temps entre obscurité et clarté, signifiée à au moins deux reprises. Lors du meurtre et lors de cette séquence improbable où James Frawley utilise le décor à bon escient. Sous ses airs de jeune premier, Fisher Stevens campe l'un de ces assassins au rire jaune et au fond, très immoraux que l'on se délecte par avance de voir tomber dans les mailles de ses propres filets. Ce trop-plein d'assurance qui en général finit de faire tomber le méchant de l'histoire. Il est amusant de noter un détail qui, après le précédent épisode Il y a toujours un truc pourtant réalisé et écrit par d'autres que James Frawley et Richard Alan Simmons, refait surface : la trahison ! Ni le Docteur Paula Hull dans un cas, ni Ruth Jernigan (Molly Hagan) dans le second n'auront participé à l'élaboration des meurtres, mais trop proches des assassins, l'une et l'autre finiront par trahir le tueur en collaborant avec le lieutenant...

 

mercredi 17 avril 2024

Il y a toujours un truc (Columbo Goes to the Guillotine) de Leo Penn (1989) 🚬 🚬 🚬 🚬



 

Après près de douze ans d'absence à la télévision, la série Columbo a repris du service le 6 février 1989 aux États-Unis et seulement cinq ans plus tard en France. Pour le retour du célèbre lieutenant sur le petit écran, le réalisateur Leo Penn (qui avait clôturé la première époque avec le dernier épisode de la saison précédente, Des sourires et des armes) confronte Columbo au télépathe Eliot Blake (l'acteur britannique Anthony Andrews) qui au départ de l'intrigue mène une expérience devant des agents du département d'état afin de démontrer ses facultés télépathiques. L'un de ses représentants lui oppose le magicien Max Dyson (Anthony Zarbi) afin de démontrer si oui ou non ses capacités son réelles. Si les résultats semblent démontrer qu'Eliot Blake est effectivement capable de lire dans les pensées, nous découvrons très rapidement que le télépathe et le magicien se connaissent depuis de nombreuses années et que l'expérience menée par ce dernier ne fut qu'une vaste mystification. Les deux hommes se retrouvent plus tard chez Max Dyson et alors que celui-ci est en train de travailler sur un tour de magie (la célèbre Guillotine au doigt en grandeur nature), Eliot Blake provoque sa mort par décapitation. Des nombreux assassinats qui auront lieu tout au long de la série, celui-ci demeurera comme l'un des plus violents même si le meurtre est évidemment filmé hors-champ... Il y a toujours un truc (Columbo Goes to the Guillotine) n'est pas le premier épisode a avoir confronté le lieutenant Columbo au monde de la magie puisque l'on se souvient très bien de la relation qu'il entretint quatorze ans auparavant avec l'illusionniste Santini (l'acteur Jack Cassidy) dans l'excellent épisode intitulé Tout n'est qu'illusion dans lequel ce dernier assassinait le patron du cabaret où il officiait (Nehemiah Persoff dans le rôle de Jesse T. Jerome). Le premier épisode de la huitième saison et l'avant-dernier de la cinquième n'entretinrent pas que ces seuls rapports puisque l'un et l'autre évoquent également le passé des tueurs respectifs. Des éléments qui viendront d'ailleurs étayer les soupçons de Columbo. Si Santini tuait le patron du cabaret puisque celui-ci le faisait chanter à cause de son passé de nazi, dans Il y a toujours un truc, la période lointaine lors de laquelle Eliot Blake et Max Dyser partagèrent la même cellule de prison en Afrique est une raison suffisante pour que le premier assassine le second.


Il demeure d'ailleurs deux raisons pour lesquelles le ''télépathe'' décide de se débarrasser de son ancien compagnon et ami. Ce dernier l'avait à l'époque trahit afin d'être libéré de prison et le faire disparaître permet ensuite à Elliot Blake d'éliminer l'unique témoin de la supercherie. Pour son retour à l'image, le plus célèbre détective de Los Angeles s’apprête de ses atours habituels. À commencer par son fameux pardessus froissé. Son retour est de plus marqué par une séquence qui le montre dans l'obscurité avant que n'apparaisse son visage à la lumière du cigare qu'il vient tout juste d'allumer à bord de son véhicule et à proximité du lieu où a eu lieu le meurtre. Notons que la séquence est filmée avec une très grande élégance, de manière très cinématographique et qui laisse presque augurer de l'ambiance qui caractérisera l'épisode suivant réalisé par James Frawley (l'homme derrière la caméra des épisodes Le mystère de la chambre forte, de Meurtre parfait, de Jeu de mots et de trois des vingt-quatre de la seconde époque dont Ombres et lumières dont l'intrigue se déroulera donc dans l'univers du cinéma). Dans Il y a toujours un truc, Columbo se frotte au monde de la magie tout en essayant de soutirer des informations sur les techniques employées sans pour autant en avoir la possibilité. Bien que n'ayant rien perdu de ses capacités d'enquêteurs... voire de fouineur, il fera malgré tout appel à un tout jeune magicien prénommé Tommy et incarné à l'écran par le tout jeune Michael Bacall qui à l'époque n'était âgé que d'un quinzaine d'années et qui plus tard ajoutera à sa casquette d'acteur, celle de scénariste. Bien que Peter Falk ait pris de la bouteille en l'espace d'une dizaine d'années, le retrouver dans son célèbre imperméable est un véritable bonheur. Un retour en grandes pompes si j'ose l'exprimer ainsi puisque le scénariste William Reed Woolfield envisage l'intrigue à travers de multiples accroches. Car outre l'identité du tueur à découvrir pour Columbo, ce dernier aura fort à faire en dénouant le nœud de certains problèmes. Comme d'identifier la manière selon laquelle l'assassin a enfermé la victime chez elle ou mieux, de quelle manière le tueur sera parvenu à identifier les divers monuments photographiés et mémorisés par des agents du gouvernement lors de l'expérience menée durant la première partie du récit, sachant qu'il n'est pas le télépathe qu'il prétend être...