vendredi 27 mars 2020

Une ville fatale de Peter Falk (1972) 🚬🚬🚬



Dernier épisode de la première saison de Columbo, Une ville fatale (Blueprint for Murder) possède un atout de taille par rapport aux précédents et à tous deux qui suivront jusqu'au dernier : il s'agit du premier et surtout de l'unique que réalisa lui-même Peter Falk. Une aventure qui ne se fit pas sans encombres pour l'acteur qui rencontra quelques soucis avec certains dirigeants de la Universal qui tentèrent de revenir sur un accord lui autorisant de réaliser un épisode de Columbo. Ce n'est qu'après avoir bataillé, résisté, et même menacé de quitter la série que Peter Falk eut gain de cause. Mais les ennuis n'allaient pas s'arrêter là. Car à l'image du titanesque chantier que représente dans cet épisode la construction d'un projet urbaniste, il a fallut pour l'acteur/réalisateur avoir les reins solides devant l'ampleur de la tâche. En insistant pour réaliser Une ville fatale sur la base d'un scénario écrit par Steven Bochco à partir un sujet de William Kelley et Ted Leighton, Peter Falk s'est comme infligé à lui seul, un châtiment... qu'il parviendra cependant à relever haut la main...

L'une des particularités de cet épisode, outre le fait que Peter Falk l'ait réalisé, demeure dans l'absence de cadavre. L'ambitieux architecte Elliot Markham à l'origine du projet pharaonique WilliamsonVille ayant besoin de s'assurer de la continuité du financement (bien que Bo Williamson ait décidé de lui couper les vivres) est contraint de se débarrasser du riche homme d'affaire. Mais parce qu'il ne peut se permettre que l'on découvre son cadavre, Elliot Markham le cache dans une écurie, lui permettant ainsi de continuer les travaux avec l'aide de la nouvelle épouse de la victime, Jennifer. Inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son ancien mari, Goldie Williamson évoque son désarroi auprès des autorités qui délèguent sur place le lieutenant Columbo. Bien que rien ne vient étayer l'hypothèse de Goldie selon laquelle Bo serait mort, certains détails laissent Columbo songeur. Il découvre notamment que la victime n'écoutait que de la country. Mais lorsqu'à bord de son véhicule retrouvé à l'aéroport, le lieutenant remarque que l'auto-radio est placé sur une station qui ne diffuse que de la musique classique, celui-ci s'en étonne.

Très rapidement, il se met à soupçonner l'architecte, d'autant plus qu'il découvre qu'il est lui-même un grand amateur de musique classique et qu'il apprend que la veille, Bo Williamson a débarqué dans son bureau, furieux, avant de détruire la maquette du projet de construction de WilliamsonVille. La mise en scène de Peter Falk n'a pas à rougir face à celles de Steven Spielberg, Jack Smight, Hy Averback ou Bernard L. Kowalski. Une ville fatale confronte l'acteur/réalisateur à Patrick O'Neal que l'on verra notamment dans le film de guerre Un Château en Enfer de Sydney Pollack en 1969, le western El Condor de John Guillermin en 1970 ou bien plus tard, Die Hard 2 : 58 Minutes pour vivre de Renny Harlin en 1990. La victime quant à elle est interprété par Forrest Tucker, Goldie Williamson par l'actrice Janis Page et Jennifer par Pamela Austin. Dans une séquence qui rappelle sensiblement celle de l'épisode Faux Témoin de Bernard L. Kowalski dans laquelle Columbo se retrouvait déjà face à une administration fastidieuse, on le découvre lors d'une scène proprement hilarante le contraignant à faire la queue durant des heures afin d'obtenir la permission de détruire un pilier (William Kelley et Ted Leighton auraient-ils inspiré René Goscinny et Albert Uderzo pour l'excellent dessin animé Les Douze Travaux d'Astérix ?).

Une fois de plus, la ténacité du lieutenant est mise à contribution et le machiavélisme avec lequel il s'avère parfois capable de composer donne lieu à un final absolument réjouissant. En effet, comment ne pas penser que la destruction du pilier sous lequel il prétend croire pouvoir découvrir le corps de la victime n'est pas un subterfuge lui permettant de manipuler le meurtrier afin de le faire agir à sa guise ? L'adage ''La foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit'' prenant ici tout son sens. Peter Falk réalise ici un excellent épisode permettant à son personnage, après l'univers de la littérature, celui d'une agence de détective ou encore celui de la peinture, de se frotter au monde des architectes...

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