Après un épisode tel
que Quand le Vin est Tiré (Any Old Port in a
Storm) de Leo Penn, le challenge se révélait difficile à
relever pour le réalisateur Boris Sagal, déjà auteur du
sympathique Dites-le avec des Fleurs (The
Greenhouse Jungle) l'année précédente. Et pourtant, avec
le troisième épisode de la troisième saison Candidat au
Crime (Candidate for Crime), il n'aura pas eu à
rougir de la comparaison puisqu'une fois encore, notre lieutenant
préféré évolue dans l'une de ces remarquables intrigues dont les
scénaristes ont le secret. Le contraire aurait d'ailleurs été
étonnant vu que pour cet épisode, pas moins de quatre d'entre eux
se sont attelés à l'écriture de ce Candidat au Crime
dans lequel Columbo va se frotter à un homme politique s'étant
rendu coupable du meurtre de son conseiller Harry Stark. Ne pouvant
simplement s'en séparer puisque celui-ci détient des informations
qui pourraient ruiner sa carrière de futur sénateur, Nelson Hayward
met au point un très ingénieux stratagème visant à faire croire
que le meurtre de Harry Stark est dû à un confusion de personne.
Surtout qu'actuellement en campagne électorale, Hayward reçoit
régulièrement des menaces de mort qu'il communique en général à
la presse et aux autorités (en fait, des lettres anonymes écrites
de sa propre main et visant à ''émouvoir'' ses futurs électeurs)...
Dans cet épisode, le
candidat aux élections sénatoriales Nelson Hayward est sous le joug
d'un conseiller ayant un contrôle total sur sa carrière. Contraint
par Harry Stark de mettre un terme à sa relation avec sa maîtresse
Linda Johnson (l'actrice Tisha Sterling), Hayward met en scène le
meurtre de Stark et se constitue un alibi en brisant la montre de sa
victime en ayant au préalable pris soin d'en changer l'heure. Une
coutume chez les meurtriers qui veulent généralement modifier
l'heure de la mort mais qui dans cet épisode participera des
soupçons du lieutenant Columbo. Car en effet, lors d'une séquence
où il ''identifie '' le costume et les chaussures de Harry Stark,
Columbo remarque que l'homme avait pour habitude de ne porter sur lui
que des vêtements de très bonne qualité. Ce qui en comparaison de
la montre qui s'est apparemment brisée lors de la chute du corps ne
colle pas vraiment avec le personnage. Incarnant un Nelson Hayward
convainquant, l'acteur américain Jackie Cooper va être l'objet dans
cet épisode d'un duel épique face à un lieutenant Columbo capable
de passer de longues minutes à tenter de comprendre dans quelles
circonstances s'est déroulé le meurtre de Harry Stark qu'interprète
quant à lui l'acteur Ken Swofford...
L'une des spécificités
de cet épisode réside d'ailleurs dans des séquences plus longues
que la moyenne. Apparaissant pour la première fois à l'écran alors
qu'il se trouve chez son dentiste, c'est lors d'un flash
d'informations que Columbo apprend ce qui apparaît tout d'abord
comme le meurtre du politicien. Se rendant à la dix-septième minute
sur les lieux du crime, cette séquence à la mise en scène et au
découpage exemplaires dure pas loin de huit minutes. Autant de temps
qu'il en faut pour le lieutenant de s'imprégner des lieux, remarquer
que le capot de la voiture de Harry Stark est froid, qu'il portait
des vêtements résistants, ou que la lumière des lampadaires ne
fonctionne plus. Quelques éléments dont se servira Columbo lors de
la mythique scène opposant notre lieutenant préféré au politicien
Nelson Hayward. Un peu plus de onze minutes lors desquelles Columbo
démonte la ''mise en scène meurtrière'' de l'assassin de Stark.
Bien que certaines hypothèses mises de côté par le scénario
décrédibilisent certains propos du lieutenant (pourquoi, par
exemple, ne pas évoquer la présence de deux hommes à bord du
véhicule ayant servi au guet-apens ?), cette longue séquence
demeure l'une des plus mémorables de toute la série.
Aux côtés de Jackie
Cooper, le spectateur remarquera la présence de l'actrice Joanne
Linville (Les Envahisseurs,
Scorpio
de Michael Winner en 1973) qui dans cet épisode interprète le rôle
de l'épouse du futur sénateur, Victoria Hayward. L'acteur Robert
Karnes incarne quant à lui le rôle du sergent Vernon un an après
avoir interprété celui du sergent... Grover !!! Si Candidat
au Crime
est exceptionnel du point de vue du scenario, de la mise en scène
et de l'interprétation (sans oublier la partition musicale signée
de Dick DeBenedictis), outre les différentes séquences opposant
Columbo à Hayward, ce que retiendra sans doute davantage encore le
spectateur est ce final absolument remarquable. Cette tentative de
meurtre montée de toutes pièces par Hayward et disséquée par le
lieutenant ayant mis à contribution le temps qui lui était imparti
pour visiter la pièce où s'était enfermé le futur sénateur avant
les élections. Ou comment, une fois encore, prendre l'assassin à
son propre piège et ce, de manière tout à fait admirable...
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